Le Maquis de Vieux-Vy-sur-Couesnon
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Le Maquis de Vieux-Vy-sur-Couesnon
Vieux-Vy-sur-Couesnon
La Roche aux Merles :
Les principaux acteurs
"Les difficultés matérielles et l’humiliation ont conduit, dès 1942, à des actes de résistance tant à Vieux-Vy que dans le département. En Ille-et-Vilaine,
"Louis Pétri, dit " Loulou ", ancien ouvrier carrier de Louvigné-du-Désert, avait combattu dans les Brigades Internationales aux côtés des républicains espagnol. Il a organisé les FTPF sur Fougères et le département et en est devenu le responsable inter-régional.
Quand Eugène Logeais, fut rapatrié d’Allemagne pour des raisons de santé, recruté par Louis Pétri, il mit en place le groupe FTP de Vieux-Vy-sur-Couesnon. Sa petite ferme qu’il exploitait à la Roche-aux-Merles devint le siège du "maquis de Pavée " puis centre relai entre les Résistants de la Côte et le maquis de Lignières-la-Doucelle dans la Mayenne dont Louis Pétri était le responsable. De nombreux résistants s’y cachèrent, des Polonais et des Russes évadés de l’armée allemande y récupérèrent de fausses cartes d’identité avant d’être dirigés vers l’Angleterre. Des jeunes du "camp de jeunesse" de la mine de Brais s’engagèrent, tel Yvonnick Laurent, un Rennais". Santa, officier de l’armée républicaine espagnole habitant à Brais, servait d’agent de liaison
L'organisation du maquis :
Les FTPF ne reçurent ni armes ni argent de Londres avant 1944 et devaient se débrouiller seuls. Ils récupèrent à plusieurs reprises du matériel à la mine de Brais qui avait été remise en activité par les Allemands en 1940. Bien informés par les résistants qui y travaillaient, ils s’emparèrent de 750 kg d’explosifs (poudre, détonateurs, cordeau Bickford). Ce matériel servit aux groupes de Bazouges, Sens, Saint-Rémy et Vieux-Vy et permit de préparer des mines dénommées "tapettes à rat 1" qui étaient posées dans les nids de poules sur le passage des troupes allemandes.
En 1944, les Alliés organisèrent des parachutages d’armes pour équiper les réseaux de résistance qui devaient les épauler lors du débarquement en Normandie. Le S0E (Special Operations Executive), service britannique, envoya son agent " Michel " en Normandie ; mais, devant l’importance des troupes allemandes, il se tourna vers la Mayenne. Il y rencontra Louis Pétri et prépara avec lui les parachutages en Ille-et-Vilaine. L’un d’eux fut prévu à Vieux-Vy-sur-Couesnon sur les landes de Pavée. La ferme d’Eugène Logeais, située tout près servit, à partir du 6 juin 1944, de base aux FTPF venus parfois de loin, de Dinard par exemple, pour ce parachutage. Sa femme Germaine assurait la nourriture du groupe.
Les arrestations à la ferme à la Roche-aux-Merles le 8 juillet 1944
Hélas, le maquis fut dénoncé et la Milice se manifesta. Elle avait déjà sévi en encerclant et en massacrant le maquis de Broualan près de Pleine-Fougères. Un résistant de Saint-Aubin d’Aubigné, ayant entendu une conversation de café "on va incendier le maquis de Vieux-Vy ", vint prévenir du danger imminent. Certains résistants fuirent immédiatement dirigés vers Fougères. D’autres ont préféré attendre (inconscience de la jeunesse ?). E. Logeais, sa femme et sa fille partirent le soir même à Saint-Ouen se cacher dans la famille, puis, devant la persistance du danger, se cachèrent dans les bois, ravitaillés discrètement par F. Aubrée.
Le 8 juillet à 7 h 30 du matin, une soixantaine de miliciens encerclèrent la Roche-aux-Merles, alignant tous les présents contre le mur. Ils incendièrent la ferme d’E. Logeais ; les flammes, qui se voyaient du bourg, provoquèrent un grand émoi.
Yvonnick Laurent fut torturé à mort pour qu’il livre la cache des résistants enfuis. Le lendemain, les habitants de Vieux-Vy vinrent se recueillir à la mairie devant son corps martyrisé. J. Salvet, qui habitait à la Roche-aux-Merles, et R. Élie, un jeune du "camp de jeunesse", furent arrêtés et emprisonnés à Saint-Méen à Rennes. J. Bruezière réussit à s’enfuir.
Les parachutages d'armes du 16 juillet et du 31 juillet 1944
Le parachutage prévu eut lieu néanmoins dans la nuit du 15 au 16 juillet et livra 18 tonnes d’armes et de munitions. Des feux furent allumés aux coins du champ de Baudry. P. Coirre, S. Diaz, A. Bréal, A. Fusel, Louis Lenevette et ses fils, J. Piette, Cogrannel et bien d’autres de Fougères, de Dinard étaient là. Pétri correspondait à l’aide d’un poste récepteur avec les pilotes. Les aviateurs passèrent une première fois au-dessus du terrain, le code était " Il a gagné le million " " et au deuxième passage, ils lâchèrent tout. Le matériel, caché la nuit même dans une baraque de Baudry, fut ensuite distribué aux différents groupes FTPF.
Les résistants de Vieux-Vy participèrent également au parachutage du 31 juillet à la Belinaye en Saint-Christophe-des-Valains,, avec les résistants de la région dont les lieutenants Raoul Ollivry et Adolphe Robillon de St Hilaire-des-Landes, ainsi que le curé Bérel de St Christophe, mais une compagnie d’Allemands dont le PC était le château de la Belinaye fut prévenue. Une partie des armes fut enlevée le 1er août mais le 2 août au matin, les Allemands étaient là et cernaient les Résistants qui les tenaient à distance avec leurs armes. Le lieutenant Raoul Ollivry fut blessé. Blessé.
Les résistants noyautèrent ensuite la région, capturèrent des Allemands et récupérèrent du matériel. Des jeunes rejoignirent alors les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et, avec les Alliés, participèrent à la libération du département, en particulier en combattant la poche de Saint-Malo. Rennes fut libéré le 4 août 1944. C’est une image assez piteuse que l’armée allemande montra alors ; beaucoup se souviennent de soldats à pied ou à bicyclette, fuyant en débandade devant l’arrivée des Alliés. Mais il fallut attendre mai 1945 pour que les poches de St Nazaire et de Lorient soit libérées et que le retour des prisonniers mette un terme à la guerre à Vieux-Vy.
De cette période douloureuse, il reste sur les lieux du drame, le monument d’Yvonnick Laurent et les ruines de la ferme incendiée. Qui a trahi ?
Le coupable ne fut jamais véritablement confondu. Les témoins parlent encore de ces événements avec beaucoup d’émotion. Les générations suivantes ont toujours écouté avec intérêt le récit de ces affrontements, fiers, malgré tout, que leur commune ait compté des hommes courageux et ait participé à l’histoire".
La Bederais en Vieux Vy sur Couesnon (35000)
Le jour où la milice fit sa descente et arrêta Yvonnick Laurent, trois autres maquisards, couchés sur du foin dans une grange, donc pas dans la même pièce, tentèrent de s'enfuir dont un (Bruezière) réussit, en arrosant les miliciens avec sa mitraillettes.
Voici le récit trouvé page 452 dans un livre de 800 pages environ, intitulé HISTOIRE DE LA MILICE et qui regroupe un certain nombre de témoignages de miliciens : " Le 8 juillet, à la "Roche-aux-Merles" des miliciens arrivés en voitures arrêtent et torturent pendant des heures, sous les yeux de plusieurs témoins, un jeune homme, Yvonnick Laurent.
Mis torse nu et couché à terre, Yvonnick Laurent est flagellé au moyen d'une corde à nœuds que les miliciens trempent dans un seau d'eau. Le malheureux pousse des cris déchirants, mais refuse de répondre aux questions que ses tortionnaires lui posent. Les miliciens le font monter dans leur voiture et repartent. Le lendemain soir, le cadavre de Yvonnick Laurent, tué d'une rafale de mitraillette, est découvert dissimulé sous des fagots, dans une ancienne carrière, à quelques kilomètres de là. "
La Roche aux Merles :
Les principaux acteurs
"Les difficultés matérielles et l’humiliation ont conduit, dès 1942, à des actes de résistance tant à Vieux-Vy que dans le département. En Ille-et-Vilaine,
"Louis Pétri, dit " Loulou ", ancien ouvrier carrier de Louvigné-du-Désert, avait combattu dans les Brigades Internationales aux côtés des républicains espagnol. Il a organisé les FTPF sur Fougères et le département et en est devenu le responsable inter-régional.
Quand Eugène Logeais, fut rapatrié d’Allemagne pour des raisons de santé, recruté par Louis Pétri, il mit en place le groupe FTP de Vieux-Vy-sur-Couesnon. Sa petite ferme qu’il exploitait à la Roche-aux-Merles devint le siège du "maquis de Pavée " puis centre relai entre les Résistants de la Côte et le maquis de Lignières-la-Doucelle dans la Mayenne dont Louis Pétri était le responsable. De nombreux résistants s’y cachèrent, des Polonais et des Russes évadés de l’armée allemande y récupérèrent de fausses cartes d’identité avant d’être dirigés vers l’Angleterre. Des jeunes du "camp de jeunesse" de la mine de Brais s’engagèrent, tel Yvonnick Laurent, un Rennais". Santa, officier de l’armée républicaine espagnole habitant à Brais, servait d’agent de liaison
L'organisation du maquis :
Les FTPF ne reçurent ni armes ni argent de Londres avant 1944 et devaient se débrouiller seuls. Ils récupèrent à plusieurs reprises du matériel à la mine de Brais qui avait été remise en activité par les Allemands en 1940. Bien informés par les résistants qui y travaillaient, ils s’emparèrent de 750 kg d’explosifs (poudre, détonateurs, cordeau Bickford). Ce matériel servit aux groupes de Bazouges, Sens, Saint-Rémy et Vieux-Vy et permit de préparer des mines dénommées "tapettes à rat 1" qui étaient posées dans les nids de poules sur le passage des troupes allemandes.
En 1944, les Alliés organisèrent des parachutages d’armes pour équiper les réseaux de résistance qui devaient les épauler lors du débarquement en Normandie. Le S0E (Special Operations Executive), service britannique, envoya son agent " Michel " en Normandie ; mais, devant l’importance des troupes allemandes, il se tourna vers la Mayenne. Il y rencontra Louis Pétri et prépara avec lui les parachutages en Ille-et-Vilaine. L’un d’eux fut prévu à Vieux-Vy-sur-Couesnon sur les landes de Pavée. La ferme d’Eugène Logeais, située tout près servit, à partir du 6 juin 1944, de base aux FTPF venus parfois de loin, de Dinard par exemple, pour ce parachutage. Sa femme Germaine assurait la nourriture du groupe.
Les arrestations à la ferme à la Roche-aux-Merles le 8 juillet 1944
Hélas, le maquis fut dénoncé et la Milice se manifesta. Elle avait déjà sévi en encerclant et en massacrant le maquis de Broualan près de Pleine-Fougères. Un résistant de Saint-Aubin d’Aubigné, ayant entendu une conversation de café "on va incendier le maquis de Vieux-Vy ", vint prévenir du danger imminent. Certains résistants fuirent immédiatement dirigés vers Fougères. D’autres ont préféré attendre (inconscience de la jeunesse ?). E. Logeais, sa femme et sa fille partirent le soir même à Saint-Ouen se cacher dans la famille, puis, devant la persistance du danger, se cachèrent dans les bois, ravitaillés discrètement par F. Aubrée.
Le 8 juillet à 7 h 30 du matin, une soixantaine de miliciens encerclèrent la Roche-aux-Merles, alignant tous les présents contre le mur. Ils incendièrent la ferme d’E. Logeais ; les flammes, qui se voyaient du bourg, provoquèrent un grand émoi.
Yvonnick Laurent fut torturé à mort pour qu’il livre la cache des résistants enfuis. Le lendemain, les habitants de Vieux-Vy vinrent se recueillir à la mairie devant son corps martyrisé. J. Salvet, qui habitait à la Roche-aux-Merles, et R. Élie, un jeune du "camp de jeunesse", furent arrêtés et emprisonnés à Saint-Méen à Rennes. J. Bruezière réussit à s’enfuir.
Les parachutages d'armes du 16 juillet et du 31 juillet 1944
Le parachutage prévu eut lieu néanmoins dans la nuit du 15 au 16 juillet et livra 18 tonnes d’armes et de munitions. Des feux furent allumés aux coins du champ de Baudry. P. Coirre, S. Diaz, A. Bréal, A. Fusel, Louis Lenevette et ses fils, J. Piette, Cogrannel et bien d’autres de Fougères, de Dinard étaient là. Pétri correspondait à l’aide d’un poste récepteur avec les pilotes. Les aviateurs passèrent une première fois au-dessus du terrain, le code était " Il a gagné le million " " et au deuxième passage, ils lâchèrent tout. Le matériel, caché la nuit même dans une baraque de Baudry, fut ensuite distribué aux différents groupes FTPF.
Les résistants de Vieux-Vy participèrent également au parachutage du 31 juillet à la Belinaye en Saint-Christophe-des-Valains,, avec les résistants de la région dont les lieutenants Raoul Ollivry et Adolphe Robillon de St Hilaire-des-Landes, ainsi que le curé Bérel de St Christophe, mais une compagnie d’Allemands dont le PC était le château de la Belinaye fut prévenue. Une partie des armes fut enlevée le 1er août mais le 2 août au matin, les Allemands étaient là et cernaient les Résistants qui les tenaient à distance avec leurs armes. Le lieutenant Raoul Ollivry fut blessé. Blessé.
Les résistants noyautèrent ensuite la région, capturèrent des Allemands et récupérèrent du matériel. Des jeunes rejoignirent alors les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et, avec les Alliés, participèrent à la libération du département, en particulier en combattant la poche de Saint-Malo. Rennes fut libéré le 4 août 1944. C’est une image assez piteuse que l’armée allemande montra alors ; beaucoup se souviennent de soldats à pied ou à bicyclette, fuyant en débandade devant l’arrivée des Alliés. Mais il fallut attendre mai 1945 pour que les poches de St Nazaire et de Lorient soit libérées et que le retour des prisonniers mette un terme à la guerre à Vieux-Vy.
De cette période douloureuse, il reste sur les lieux du drame, le monument d’Yvonnick Laurent et les ruines de la ferme incendiée. Qui a trahi ?
Le coupable ne fut jamais véritablement confondu. Les témoins parlent encore de ces événements avec beaucoup d’émotion. Les générations suivantes ont toujours écouté avec intérêt le récit de ces affrontements, fiers, malgré tout, que leur commune ait compté des hommes courageux et ait participé à l’histoire".
La Bederais en Vieux Vy sur Couesnon (35000)
Le jour où la milice fit sa descente et arrêta Yvonnick Laurent, trois autres maquisards, couchés sur du foin dans une grange, donc pas dans la même pièce, tentèrent de s'enfuir dont un (Bruezière) réussit, en arrosant les miliciens avec sa mitraillettes.
Voici le récit trouvé page 452 dans un livre de 800 pages environ, intitulé HISTOIRE DE LA MILICE et qui regroupe un certain nombre de témoignages de miliciens : " Le 8 juillet, à la "Roche-aux-Merles" des miliciens arrivés en voitures arrêtent et torturent pendant des heures, sous les yeux de plusieurs témoins, un jeune homme, Yvonnick Laurent.
Mis torse nu et couché à terre, Yvonnick Laurent est flagellé au moyen d'une corde à nœuds que les miliciens trempent dans un seau d'eau. Le malheureux pousse des cris déchirants, mais refuse de répondre aux questions que ses tortionnaires lui posent. Les miliciens le font monter dans leur voiture et repartent. Le lendemain soir, le cadavre de Yvonnick Laurent, tué d'une rafale de mitraillette, est découvert dissimulé sous des fagots, dans une ancienne carrière, à quelques kilomètres de là. "
Logico- Membre décédé
- Nombre de messages : 32
Date d'inscription : 03/03/2009
Vieux-Vy (Suite)
Les FTP de Vieux Vy :
Dés le 2 août après midi, le groupe de vieux Vy se retrouvait au complet devant la cabane de Baudry, où les armes et le matériel pour le groupe avait été "planqué" à la suite du parachutage du 16 juillet précédent. Cette cabane était située derrière la scierie de Isidore Logeais (Sabotier et frère de Eugène), entre le couesnon et la départementale descendant de la Bederais.
Etaient présent : Eugène Logeais (cultivateur, notre chef de groupe), Pierre Coirre (Maçon artisan, son second), Françis Aubrée (cultivateur à la Bederais), Jean Piette (Café au bourg de Vieux Vy), Jean Ferrand (du moulin de Bois Mine), René Chapon (commis de ferme à Vieux Vy), Louis Lenevette (mon père), Guy Lenevette (mon Frère) et moi-même Roger Lenevette.
La Libération :
Les armes reçues dans les parachutages ont permis aux groupes de Résistance des environs d'être armés. Nous avons pu également fournir des armes aux quelques civils (trois de la Mine pour Vieux Vy) qui nous ont rejoint le 2 août 1944. Lorsque les troupes alliées dont parmi eux des soldats Français arrivèrent dans Vieux Vy, elles passèrent à Brais aux environs de midi. Toute l’après midi, et les jours suivants, avec le groupe, nous avons patrouillé sur la commune et sur les communes avoisinantes pour débusquer les allemands qui pouvaient être restés, et il en restait.
1ère fusillade :
Alors que nous venions de récupérer nos armes dans cette cabane en bois l'après midi du 2 août, nous étions encore en file indienne avant de nous séparer en groupe de trois et de partir chacun vers un secteur désigne. C'est alors que deux Allemands descende la côte en side-car et nous dépassent. Aussitôt branle bas de combat. Plusieurs tirent dessus immédiatement. D'autres attendent qu'ils passent le pont du Couesnon pour les tirer. Tous nous tirèrent, mais avec la végétation ce n'était pas facile.
De plus neuf et en file indienne, il s'agissait de ne pas blesser l'un ou l'autre de notre groupe. Le side-car fut abandonné à la sortie du pont, mais les allemands, touchés ou non, s'échappèrent, sûrement contents de s'en être sortis à si bon compte, mais pour combien de temps ?
Le baptême du feu :
Le soir à la tombée de la nuit du 2 août c'est mon baptême du feu. Nous buvons une bolée, Jean Ferrand, Françis Aubrée et moi même, au fond de la cour en forme de U de Francis AUBREE à la Bederais. Françis a rentré son arme chez lui, Jean a démonté sa mitraillette et l'a mise dans un sac à côté de lui, mon fusil est prés de moi, sans balle dans le canon, les huit étant dans le chargeur. Nous entendons un pas descendant la côte, mais un mur nous empêche de voir sur notre gauche celui qui arrive. Le pas est toutefois assez caractéristique, et nous alerte plus ou moins. Lorsque nous le voyons, c'est la tombée de la nuit, mais pas encore le noir opaque. Cela peut être un homme en gabardine ou un allemand avec son imperméable.
Je prends immédiatement mon fusil et le mets en joue en lui criant dans le plus beau langage militaire : "Halte là" !. Il ne s’arrêta pas mais ralentit. Il y a toujours un doute dans mon esprit, cela peut être un civil, cependant il a l’air d’un Allemand. De plus il continue d’avancer et n’est pas loin d’arriver à hauteur du mur que nous avons à notre droite.
Je mets rapidement une balle dans mon fusil tout en le tenant en joue et lui crie « Arrête Non de Dieu ou je tire ». Le ton utilisé doit être assez persuasif, et c’est dit dans un Français qui n’a plus grand chose de militaire, du moins, je le pense. Il lève les mains et est presque arrêté lorsqu’il plonge les mains sous son imper, sort un revolver Mother dans chaque main, nous arrosant de balles tout en partant au pas gymnastique.
Les vitres de la fenêtre tout prés de nous volent en éclats. Je fais feu aussitôt, presque en même temps que lui mais son démarrage le sauve. Le temps de remettre une balle dans le fusil et il est sorti de mon champ visuel. Nous courons après lui, mais il n’est pas resté sur la route et a sauté par dessus le talus. Nous ne le trouvons pas et je pense après coup que c’est aussi bien, car s’il nous avait attendu derrière le talus, il pouvait nous allumer très facilement.
Comme j’étais le seul armé il aurait eu toute facilité pour allumer Jean et Francis ensuite. Il avait certainement eu assez peur comme cela et était parti sans demander son reste. Nous aurions du avoir peur également mais notre réflexe fut la preuve du contraire et pas obligatoirement le bon. Il ne pouvait savoir que sur mes deux compagnons, l’un venait de déposer son arme chez lui, l’autre l’avait démontée et rangée dans un sac. Inutile de dire qu’ensuite la mitraillette fut remontée et gardée à la main avec son chargeur dessus lorsque je raccompagnais Jean Ferrand à BOIS MINE, ce qu’il m’avait demandé de faire. Il était préférable d’éviter de se déplacer seul, ce que je fus pourtant contraint de faire entre son moulin et la Mine. C’est ainsi que le lendemain, on me prit mon fusil et on me donna une mitraillette STEN. Si je l’avais eue la veille, l’Allemand ne s’en serait sans doute pas tiré.
Sens de Bretagne :
Le lendemain dans la campagne en Sens de Bretagne, un Sous Officier S.S. refuse de se rendre, et, caché derrière une souche, il blesse un résistant. Il est cerné aussitôt . Guy se trouvant là, attend qu’il bouge pour le tirer. A un moment l’Allemand sort sa tête pour voir où sont les hommes qui attendent sans tirer. C’est à ce moment que Guy lui loge une balle en pleine tête. Avec lui l’Allemand n’avait aucune chance.
L’après midi c’est un car de 25 Allemands qui s'arrête sur la place de Sens de Bretagne. Un membre du groupe de Sens qui leur est tombé dessus à l’improviste les met en joue avec sa mitraillette « STEN ». Les Allemands étant sortis du car, surpris, lève les bras aussitôt, mais se regardent en se demandant sans doute : " Est-il seul " ? Le copain est aussi surpris qu’eux et commence à être embarrassé par cette situation explosive, ne sachant trop comment faire pour s'en sortir indemne.
Pas facile pour un seul homme d'en désarmer 25 qui ne comprennent pas un traître mot de ce qu’on dit ou font semblant de ne pas comprendre. Tirer c’est en tuer quelques uns mais être tué à coup sûr.
Coup de chance pour lui, une voiture de quatre hommes armés de mitraillettes arrive. Les Allemands se rendent, mais il lui fallut un petit bout de temps pour se remettre de ses émotions. Sans l'effet de surprise, cela aurait pu tourner bien plus mal.
Saint Christophe de Valains :
Le 3 août au matin, René Chapon et moi sommes chargés d'aller perquisitionner chez le maire de Saint Christophe de Valains, soupçonné d'avoir informé les Allemands à propos du parachutage d'armes et de munitions. Il était connu comme étant un collaborateur.
Notre fouille ne donna pas grand chose. Dans un tiroir, une photo de la fille en compagnie d'un Allemand, et dans une barge de paille dehors, nous trouvâmes le porte feuille d'un Allemand, vraisemblablement le même que sur la photo. Le maire et sa fille n'étaient d'ailleurs pas présents.. De toutes manières, peu de chose qui puisse justifier une arrestation.
Certes quelqu'un nous avait bien donné, mais ce que nous avions n'en faisaient pas des coupables. Nous n'allâmes pas plus loin.
De plus notre arrivée dans le bourg et notre perquisition chez le maire ne passa pas inaperçue. En rentrant le soir, nous fîmes notre rapport, et les choses en restèrent là.
Les battues :
Les jours suivants, des battues furent organisées afin de fouiller chaque haie, chaque buisson, et toute la région fut passée au peigne fin. Avec notre groupe nous remettions 71 prisonniers Allemands aux Américains à Betton prés de RENNES. Papa et Guy sous la couverture du Groupe arrêtèrent Mr MORAUGE directeur de la Mine pendant l’occupation, qui à maintes reprises avait reçu des officiers Allemands de hauts grades dans la propriété de la Direction à la Mine. Ils le remirent aux autorités Rennaises de l’époque. Ils durent l’arrêter deux fois. A chaque fois il fut relâché mais ne revint pas la seconde. Ce monsieur était marié à la fille d’un des plus riches grossistes en épicerie de Rennes.
Nous apprîmes à l’époque que le nom de notre famille était sur les bureaux de la Gestapo à Rennes. Sans l’arrivée des Américains, nous n’aurions pas été longtemps sans avoir des problèmes. A la suite de bruits partis on ne sait d'où, à deux reprises, nous dûmes quitter la maison, pour aller nous réfugier dans les bois de « Brinbien » pendant quelques jours. Nous y avions entendu qu’une descente de Gestapo ou de Milice devait se faire . Elle n'eut pas lieu et fut sans doute remise pour des raisons qu’on ne connaîtra jamais. Nous nous sommes souvent interrogés depuis, car le fait est qu'à l'arrivée des Américains, notre nom était bel et bien sur les bureaux de la Gestapo.
Combourg :
Jusqu’au 10 août, tous les Résistants de la région firent un travail important pour la Libération du pays. Ils empêchèrent les Allemands de se regrouper et de se réorganiser à l’arrière des troupes Alliées qui avançaient. Ce 10 août au soir nous sommes allés rejoindre les Forces Françaises de l’Intérieur à Combourg.
C’est au château de Combourg que je me suis séparé du groupe de Vieux Vy pour continuer la Libération. Le Groupe de Vieux Vy était surtout formé d’hommes mariés et dont certains étaient pères de famille. Il était normal qu’ils rejoignent leurs foyers. Personnellement, considérant que je n’avais aucune responsabilité familiale, ma place et mon devoir était de continuer ce qu’on avait commencé, ce qui me valut une sérieuse altercation avec Guy qui se considérait responsable de moi en l’absence de papa du fait que j’étais encore mineur avec mes 19 ans.
A la suite de cette altercation, René CHAPON du Groupe de Vieux Vy qui avait envisagé de rentrer, me demanda à deux reprises si je voulais vraiment rester. Lui ayant répondu Oui et la deuxième fois assez sèchement et avec colère; il jeta son sac à mes côtés et me dit « Tu ne resteras pas seul ». Comme moi il n’avait aucune responsabilité familiale mais avait cinq ans de plus donc vingt quatre ans. Nous restâmes donc à deux du groupe de Vieux Vy pour continuer dans le combat de la Libération.
Saint Brice en Cogles :
René et moi sommes peut être resté jusqu'au lendemain au château de Combourg. Le Capitaine SANTA vint nous chercher pour nous amener à St Brice en Cogles où, avec Adolphe Robillon et sous les ordres du Commandant LOULOU, ils étaient en train de former un bataillon F.T.P. avec d’anciens résistants et d’autres jeunes de la région.
A Combourg nous nous étions trouvé parmi des F.F.I. (Force Française de l’Intérieure) qui regroupaient des jeunes de la Région (anciens résistants ou non) qui étaient considérés comme des forces engagées « politiquement à droite », ce qui était partiellement faux, puisque nous étions censé en faire partie alors que nous ne le savions pas
Il est vrai que nous ne les avions guère vu avant. La recherche de la vérité m'a appris que les FFI regroupaient toutes les organisations de Résistance depuis février 1944, mais à cause d'arrestations de hauts responsables des diverses organisations, la décision n'avait pas été suivies d'effets. Entre février et juin 1944, arrestations des responsables : Comeurec pour Libé Nord, Prestaut pour D. F. et Leroux pour le FN.
Pour les FTP, c'était l'action à base de sabotages et d'attentats et pour les FFI dont les décisions émanaient de Londres, c'était l'attentisme sur ordre, soit mobiliser des volontaires pour les utiliser le moment venu.
Les deux organisations, qui théoriquement n'en étaient plus qu'une, ont prouvé leur utilité, chacune à leur manière. La fusion de toutes les organisations de Résistance Françaises dans les "Forces Françaises de l'Intérieur" (F.F.I.) a été décidée par la nécessité sur le plan National de mettre en place avant la Libération les "Comités départementaux de Libérations" (C.D.L.) sur interventions des dirigeants de la "France Libre".
Les CDL devaient devenir les organes administratifs des villes et des régions au fur et à mesure qu'elles seraient libérées, afin d'éviter que la France ne devienne un pays occupé et administré par les Américains. Les membres de ces CDL devaient donc être représentatifs des différentes composantes de la Résistance
L'information n'ayant pas toujours bien passé, et cela a été le cas en Ille et Vilaine, nous avons continué d'agir sous notre étiquette de F.T.P. jusqu'à la Libération. Ensuite ont été mis en place des groupes formés d’anciens résistants et de jeunes de la régions que l’on a appelé « Résistants de la dernière heure », mais qui ont cependant joué un rôle essentiel dans la Libération du Pays. La guerre ne s’est terminée qu’en 1945 et nous étions en août 1944.
De plus, je crois que pour des raisons politiques, tout ceux qui n'étaient pas FTP ont été considéré dans nos rangs comme étant de droite à l'époque, ce qui était complètement faux, puisque nombreux étaient les socialistes qui ont combattu sous d'autres appellations. Il est vrai également, que le fait que des communistes aient été à l'origine des FTP ne veut pas dire que ceux ci étaient tous de la même obédience malgré qu'on peut considérer qu'ils étaient tous ou presque de gauche.
C’est avec ces bataillons que tout ce qui était stratégique sur le plan militaire a été gardé dans la région. C’est ainsi que j’ai participé à la garde de la ligne de chemin de fer entre Rennes et St Malo. Personnellement avec René et quelques autres nous avons eu à garder les voies de chemin de fer et les ponts entre Rennes et Montreuil sur Ile. Nous étions cantonné dans un pavillon prés du passage à niveau de Maison Blanche (Route Rennes - Mt St Michel) prés de Rennes. Ce grand pavillon avait été le siège d’officiers Allemands pendant l’occupation et fut réquisitionné par la Résistance à la libération
Dés le 2 août après midi, le groupe de vieux Vy se retrouvait au complet devant la cabane de Baudry, où les armes et le matériel pour le groupe avait été "planqué" à la suite du parachutage du 16 juillet précédent. Cette cabane était située derrière la scierie de Isidore Logeais (Sabotier et frère de Eugène), entre le couesnon et la départementale descendant de la Bederais.
Etaient présent : Eugène Logeais (cultivateur, notre chef de groupe), Pierre Coirre (Maçon artisan, son second), Françis Aubrée (cultivateur à la Bederais), Jean Piette (Café au bourg de Vieux Vy), Jean Ferrand (du moulin de Bois Mine), René Chapon (commis de ferme à Vieux Vy), Louis Lenevette (mon père), Guy Lenevette (mon Frère) et moi-même Roger Lenevette.
La Libération :
Les armes reçues dans les parachutages ont permis aux groupes de Résistance des environs d'être armés. Nous avons pu également fournir des armes aux quelques civils (trois de la Mine pour Vieux Vy) qui nous ont rejoint le 2 août 1944. Lorsque les troupes alliées dont parmi eux des soldats Français arrivèrent dans Vieux Vy, elles passèrent à Brais aux environs de midi. Toute l’après midi, et les jours suivants, avec le groupe, nous avons patrouillé sur la commune et sur les communes avoisinantes pour débusquer les allemands qui pouvaient être restés, et il en restait.
1ère fusillade :
Alors que nous venions de récupérer nos armes dans cette cabane en bois l'après midi du 2 août, nous étions encore en file indienne avant de nous séparer en groupe de trois et de partir chacun vers un secteur désigne. C'est alors que deux Allemands descende la côte en side-car et nous dépassent. Aussitôt branle bas de combat. Plusieurs tirent dessus immédiatement. D'autres attendent qu'ils passent le pont du Couesnon pour les tirer. Tous nous tirèrent, mais avec la végétation ce n'était pas facile.
De plus neuf et en file indienne, il s'agissait de ne pas blesser l'un ou l'autre de notre groupe. Le side-car fut abandonné à la sortie du pont, mais les allemands, touchés ou non, s'échappèrent, sûrement contents de s'en être sortis à si bon compte, mais pour combien de temps ?
Le baptême du feu :
Le soir à la tombée de la nuit du 2 août c'est mon baptême du feu. Nous buvons une bolée, Jean Ferrand, Françis Aubrée et moi même, au fond de la cour en forme de U de Francis AUBREE à la Bederais. Françis a rentré son arme chez lui, Jean a démonté sa mitraillette et l'a mise dans un sac à côté de lui, mon fusil est prés de moi, sans balle dans le canon, les huit étant dans le chargeur. Nous entendons un pas descendant la côte, mais un mur nous empêche de voir sur notre gauche celui qui arrive. Le pas est toutefois assez caractéristique, et nous alerte plus ou moins. Lorsque nous le voyons, c'est la tombée de la nuit, mais pas encore le noir opaque. Cela peut être un homme en gabardine ou un allemand avec son imperméable.
Je prends immédiatement mon fusil et le mets en joue en lui criant dans le plus beau langage militaire : "Halte là" !. Il ne s’arrêta pas mais ralentit. Il y a toujours un doute dans mon esprit, cela peut être un civil, cependant il a l’air d’un Allemand. De plus il continue d’avancer et n’est pas loin d’arriver à hauteur du mur que nous avons à notre droite.
Je mets rapidement une balle dans mon fusil tout en le tenant en joue et lui crie « Arrête Non de Dieu ou je tire ». Le ton utilisé doit être assez persuasif, et c’est dit dans un Français qui n’a plus grand chose de militaire, du moins, je le pense. Il lève les mains et est presque arrêté lorsqu’il plonge les mains sous son imper, sort un revolver Mother dans chaque main, nous arrosant de balles tout en partant au pas gymnastique.
Les vitres de la fenêtre tout prés de nous volent en éclats. Je fais feu aussitôt, presque en même temps que lui mais son démarrage le sauve. Le temps de remettre une balle dans le fusil et il est sorti de mon champ visuel. Nous courons après lui, mais il n’est pas resté sur la route et a sauté par dessus le talus. Nous ne le trouvons pas et je pense après coup que c’est aussi bien, car s’il nous avait attendu derrière le talus, il pouvait nous allumer très facilement.
Comme j’étais le seul armé il aurait eu toute facilité pour allumer Jean et Francis ensuite. Il avait certainement eu assez peur comme cela et était parti sans demander son reste. Nous aurions du avoir peur également mais notre réflexe fut la preuve du contraire et pas obligatoirement le bon. Il ne pouvait savoir que sur mes deux compagnons, l’un venait de déposer son arme chez lui, l’autre l’avait démontée et rangée dans un sac. Inutile de dire qu’ensuite la mitraillette fut remontée et gardée à la main avec son chargeur dessus lorsque je raccompagnais Jean Ferrand à BOIS MINE, ce qu’il m’avait demandé de faire. Il était préférable d’éviter de se déplacer seul, ce que je fus pourtant contraint de faire entre son moulin et la Mine. C’est ainsi que le lendemain, on me prit mon fusil et on me donna une mitraillette STEN. Si je l’avais eue la veille, l’Allemand ne s’en serait sans doute pas tiré.
Sens de Bretagne :
Le lendemain dans la campagne en Sens de Bretagne, un Sous Officier S.S. refuse de se rendre, et, caché derrière une souche, il blesse un résistant. Il est cerné aussitôt . Guy se trouvant là, attend qu’il bouge pour le tirer. A un moment l’Allemand sort sa tête pour voir où sont les hommes qui attendent sans tirer. C’est à ce moment que Guy lui loge une balle en pleine tête. Avec lui l’Allemand n’avait aucune chance.
L’après midi c’est un car de 25 Allemands qui s'arrête sur la place de Sens de Bretagne. Un membre du groupe de Sens qui leur est tombé dessus à l’improviste les met en joue avec sa mitraillette « STEN ». Les Allemands étant sortis du car, surpris, lève les bras aussitôt, mais se regardent en se demandant sans doute : " Est-il seul " ? Le copain est aussi surpris qu’eux et commence à être embarrassé par cette situation explosive, ne sachant trop comment faire pour s'en sortir indemne.
Pas facile pour un seul homme d'en désarmer 25 qui ne comprennent pas un traître mot de ce qu’on dit ou font semblant de ne pas comprendre. Tirer c’est en tuer quelques uns mais être tué à coup sûr.
Coup de chance pour lui, une voiture de quatre hommes armés de mitraillettes arrive. Les Allemands se rendent, mais il lui fallut un petit bout de temps pour se remettre de ses émotions. Sans l'effet de surprise, cela aurait pu tourner bien plus mal.
Saint Christophe de Valains :
Le 3 août au matin, René Chapon et moi sommes chargés d'aller perquisitionner chez le maire de Saint Christophe de Valains, soupçonné d'avoir informé les Allemands à propos du parachutage d'armes et de munitions. Il était connu comme étant un collaborateur.
Notre fouille ne donna pas grand chose. Dans un tiroir, une photo de la fille en compagnie d'un Allemand, et dans une barge de paille dehors, nous trouvâmes le porte feuille d'un Allemand, vraisemblablement le même que sur la photo. Le maire et sa fille n'étaient d'ailleurs pas présents.. De toutes manières, peu de chose qui puisse justifier une arrestation.
Certes quelqu'un nous avait bien donné, mais ce que nous avions n'en faisaient pas des coupables. Nous n'allâmes pas plus loin.
De plus notre arrivée dans le bourg et notre perquisition chez le maire ne passa pas inaperçue. En rentrant le soir, nous fîmes notre rapport, et les choses en restèrent là.
Les battues :
Les jours suivants, des battues furent organisées afin de fouiller chaque haie, chaque buisson, et toute la région fut passée au peigne fin. Avec notre groupe nous remettions 71 prisonniers Allemands aux Américains à Betton prés de RENNES. Papa et Guy sous la couverture du Groupe arrêtèrent Mr MORAUGE directeur de la Mine pendant l’occupation, qui à maintes reprises avait reçu des officiers Allemands de hauts grades dans la propriété de la Direction à la Mine. Ils le remirent aux autorités Rennaises de l’époque. Ils durent l’arrêter deux fois. A chaque fois il fut relâché mais ne revint pas la seconde. Ce monsieur était marié à la fille d’un des plus riches grossistes en épicerie de Rennes.
Nous apprîmes à l’époque que le nom de notre famille était sur les bureaux de la Gestapo à Rennes. Sans l’arrivée des Américains, nous n’aurions pas été longtemps sans avoir des problèmes. A la suite de bruits partis on ne sait d'où, à deux reprises, nous dûmes quitter la maison, pour aller nous réfugier dans les bois de « Brinbien » pendant quelques jours. Nous y avions entendu qu’une descente de Gestapo ou de Milice devait se faire . Elle n'eut pas lieu et fut sans doute remise pour des raisons qu’on ne connaîtra jamais. Nous nous sommes souvent interrogés depuis, car le fait est qu'à l'arrivée des Américains, notre nom était bel et bien sur les bureaux de la Gestapo.
Combourg :
Jusqu’au 10 août, tous les Résistants de la région firent un travail important pour la Libération du pays. Ils empêchèrent les Allemands de se regrouper et de se réorganiser à l’arrière des troupes Alliées qui avançaient. Ce 10 août au soir nous sommes allés rejoindre les Forces Françaises de l’Intérieur à Combourg.
C’est au château de Combourg que je me suis séparé du groupe de Vieux Vy pour continuer la Libération. Le Groupe de Vieux Vy était surtout formé d’hommes mariés et dont certains étaient pères de famille. Il était normal qu’ils rejoignent leurs foyers. Personnellement, considérant que je n’avais aucune responsabilité familiale, ma place et mon devoir était de continuer ce qu’on avait commencé, ce qui me valut une sérieuse altercation avec Guy qui se considérait responsable de moi en l’absence de papa du fait que j’étais encore mineur avec mes 19 ans.
A la suite de cette altercation, René CHAPON du Groupe de Vieux Vy qui avait envisagé de rentrer, me demanda à deux reprises si je voulais vraiment rester. Lui ayant répondu Oui et la deuxième fois assez sèchement et avec colère; il jeta son sac à mes côtés et me dit « Tu ne resteras pas seul ». Comme moi il n’avait aucune responsabilité familiale mais avait cinq ans de plus donc vingt quatre ans. Nous restâmes donc à deux du groupe de Vieux Vy pour continuer dans le combat de la Libération.
Saint Brice en Cogles :
René et moi sommes peut être resté jusqu'au lendemain au château de Combourg. Le Capitaine SANTA vint nous chercher pour nous amener à St Brice en Cogles où, avec Adolphe Robillon et sous les ordres du Commandant LOULOU, ils étaient en train de former un bataillon F.T.P. avec d’anciens résistants et d’autres jeunes de la région.
A Combourg nous nous étions trouvé parmi des F.F.I. (Force Française de l’Intérieure) qui regroupaient des jeunes de la Région (anciens résistants ou non) qui étaient considérés comme des forces engagées « politiquement à droite », ce qui était partiellement faux, puisque nous étions censé en faire partie alors que nous ne le savions pas
Il est vrai que nous ne les avions guère vu avant. La recherche de la vérité m'a appris que les FFI regroupaient toutes les organisations de Résistance depuis février 1944, mais à cause d'arrestations de hauts responsables des diverses organisations, la décision n'avait pas été suivies d'effets. Entre février et juin 1944, arrestations des responsables : Comeurec pour Libé Nord, Prestaut pour D. F. et Leroux pour le FN.
Pour les FTP, c'était l'action à base de sabotages et d'attentats et pour les FFI dont les décisions émanaient de Londres, c'était l'attentisme sur ordre, soit mobiliser des volontaires pour les utiliser le moment venu.
Les deux organisations, qui théoriquement n'en étaient plus qu'une, ont prouvé leur utilité, chacune à leur manière. La fusion de toutes les organisations de Résistance Françaises dans les "Forces Françaises de l'Intérieur" (F.F.I.) a été décidée par la nécessité sur le plan National de mettre en place avant la Libération les "Comités départementaux de Libérations" (C.D.L.) sur interventions des dirigeants de la "France Libre".
Les CDL devaient devenir les organes administratifs des villes et des régions au fur et à mesure qu'elles seraient libérées, afin d'éviter que la France ne devienne un pays occupé et administré par les Américains. Les membres de ces CDL devaient donc être représentatifs des différentes composantes de la Résistance
L'information n'ayant pas toujours bien passé, et cela a été le cas en Ille et Vilaine, nous avons continué d'agir sous notre étiquette de F.T.P. jusqu'à la Libération. Ensuite ont été mis en place des groupes formés d’anciens résistants et de jeunes de la régions que l’on a appelé « Résistants de la dernière heure », mais qui ont cependant joué un rôle essentiel dans la Libération du Pays. La guerre ne s’est terminée qu’en 1945 et nous étions en août 1944.
De plus, je crois que pour des raisons politiques, tout ceux qui n'étaient pas FTP ont été considéré dans nos rangs comme étant de droite à l'époque, ce qui était complètement faux, puisque nombreux étaient les socialistes qui ont combattu sous d'autres appellations. Il est vrai également, que le fait que des communistes aient été à l'origine des FTP ne veut pas dire que ceux ci étaient tous de la même obédience malgré qu'on peut considérer qu'ils étaient tous ou presque de gauche.
C’est avec ces bataillons que tout ce qui était stratégique sur le plan militaire a été gardé dans la région. C’est ainsi que j’ai participé à la garde de la ligne de chemin de fer entre Rennes et St Malo. Personnellement avec René et quelques autres nous avons eu à garder les voies de chemin de fer et les ponts entre Rennes et Montreuil sur Ile. Nous étions cantonné dans un pavillon prés du passage à niveau de Maison Blanche (Route Rennes - Mt St Michel) prés de Rennes. Ce grand pavillon avait été le siège d’officiers Allemands pendant l’occupation et fut réquisitionné par la Résistance à la libération
Logico- Membre décédé
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Date d'inscription : 03/03/2009
Vieux-Vy (Suite et fin)
Le Cap Fréhel :
Nous y avons surtout été les gardes côtes de l’époque, contre un retour éventuel des Allemands ou de traînards qui auraient pu venir prendre dans les casemates toute une multitude d’armes et de munitions abandonnés par l'ennemi lors de son départ souvent précipité. Nous y avons trouvé toutes sortes d’armes et de munitions (Canons antiaériens. Mitrailleuses. Obus . Mines anti-chars. Balles Etc...)
Bien sur, les Allemands avaient détruits les armes abandonnées avant de partir, mais en réunissant toutes les armes de mêmes catégories, je ne tardais pas à m'apercevoir qu'il était possible d'en reconstituer un certain nombre en utilisant ce qui n'avait pas été abîmé. Je dotais ainsi notre groupe d'un armement assez lourd et doté d'un potentiel de munitions importants.
Nous y sommes restés plus de quinze jours, et faisions garder notre camp par des mines anti-chars sur la route contre tout retour possible des Allemands. A cette époque nous vivions toujours l'époque de la Libération, et des allemands il y en avait encore un peu partout. Dans certains endroits, ils sont réapparus alors qu'on ne les attendait plus.
Il est vrai que les groupes de Résistants organisés sortant de l’ombre et apparaissant au grand jour dés que le front de Normandie craqua ne fut pas pour rien dans la panique qui s’empara des Allemands et la débâcle qui s’ensuivit. Les Troupes alliées ne rencontrèrent aucune résistance dans la région. Partis d’Avranches, les Américains ne furent arrêtés qu’après Betton (prés de Rennes) où des Allemands les arrêtèrent bloquant leur convoi d’un seul coup de canon sur le 1er char. Les chars s'amassant derrière ensuite, les Allemands reprirent leur canonnade et purent en détruire ensuite 17 autres. Les Américains auraient sans doute fait intervenir leur artillerie ou leur aviation, mais n’eurent pas à le faire, un groupe de Résistants ayant maîtrisé les allemands et leur artillerie.
C’est d’ailleurs ainsi qu’on les retrouva à Betton et qu’on pu leur remettre nos prisonniers. Les Américains entrèrent dans Rennes libéré par les Résistants le 4 août. Le C.D.L. était déjà en place lorsqu'ils y entrèrent. C'était important pour la France, Rennes étant le premier chef lieu de région libéré depuis le débarquement.
Le Camp de la Marne :
Ce camp dans la banlieue de Rennes était un camp Américain de prisonniers Allemands dont on nous avait confié la garde. Dans ce camp se trouvaient des prisonniers Allemands mais également des Russes qui essayaient de communiquer avec leur pays, ce qui leur était refusé par les Américains. Il faut savoir que dans les pays soviétiques envahis par les Allemands un certain nombre de ressortissants soviétiques s’étaient engagés dans l’Armée Allemande et que d’autres avaient été emmenés plus ou moins de force. Il n’était pas facile de savoir la vérité à propos de chacun d'eux. Certains de ces Russes prisonniers des Allemands en France s’étaient évadés. C’est ainsi qu’il y en avait deux avec nous au parachutage de St Christophe de Valains dont un a sauvé la vie du Lieutenant RAOUL (Raoul Ollivry).
Les Marais de Fégréac :
Les marais de Fégréac prés de Redon sont une des pages de la Résistance de la région. J’y ai passé une bonne partie de l’hiver 1944 - 1945. L’objectif était d’empêcher les divisions Allemandes de se retirer des Poches de Lorient et de Saint-Nazaire et d’aller rejoindre les forces Allemandes. Cet objectif a commencé le 12 août, c'est à dire à partir du moment où les forces Alliées se sont dirigées vers le Centre de la France et où le Général américain Wood a confié cette tâche aux F.F.I..
70 000 allemands étaient restés dans ces poches soit environ 35000 dans chacune d'elles. Ces poches ont été encerclées par des groupes de Résistants des différentes régions de Bretagne aidé en cela par une Compagnie Américaine. Nous les avons maintenus sur place jusqu'au 10 mai 1945 pour la poche de Lorient et jusqu'au 12 mai 1945 pour celle de Saint-Nazaire.
On peut d’ailleurs regretter que cette page de la Résistance semble particulièrement ignorée en France. Pour ma part, j’ai passé une bonne partie de l’hiver 1944 - 1945 dans les marais de Fégréac avec René CHAPON en compagnie de bon nombre de camarades anciens résistants ainsi que d'autres nous ayant rejoint à la Libération. Nous n’avions pour vêtements que ceux que nous avions emmenés en quittant nos foyers.
Certains avaient du rechange, d’autres n’en avaient pas; la nourriture n’était pas toujours assurée et nous avons connu des jours sans également. On peut dire que ces poches allemandes ont été gardées par une armée de jeunes en haillons, crevant de faim et de froid derrière des talus ou dans des marais, mais avec un moral d’acier qui a permis de tenir jusqu’au bout dans un hiver glacial et sans statut militaire, ce qui veut dire que si nous étions pris par les allemands, nous risquions d'être traité comme terroriste, et donc d'être torturé ou fusillé aussitôt.
Cet hiver là, nous l'avons passé dans des marais, en état d'alerte permanent, accroupis derrière des talus, prêts à réagir au moindre bruit, et pourtant attentifs à ne pas commettre d'erreurs, ce qui n'était pas le plus facile parce que l'ennemi pouvait nous arriver de partout. Cela pouvait également être des nôtres partis en incursion chez l'ennemi. Cet hiver là, il a fait froid, et nous l'avons vécu dans le brouillard et l'humidité des marais de Fégréac. Notre seul abri était une grande toile de tente, où nous avions un lit de camp. Tous n'en ont pas eu autant.
Il semble que quelques hommes ont reçu des uniformes anglais. Personnellement je dois dire que je n'en ai vu aucun dans le secteur où j'ai été affecté, ni les quelquefois, où avec René Chapon, je suis allé à Redon.
On y avait formé des « Corps Francs ». René s’y étant porté volontaire, je l’y avais donc suivi. "Noblesse oblige". Il n'avait pas voulu me laisser seul à Combourg, je considérais de mon devoir de lui renvoyer la vapeur. L’objectif traverser la rivière sur des barques pour aller harceler les forces ennemies de l’autre côté.
Il était important de savoir nager, et de ne pas craindre l'eau froide. Pour cela, mes baignades dans le Couesnon m'avait bien préparé, et plonger ou nager en eau froide ne me faisait pas peur. En hiver ce n’était pas évident, le retour se faisait parfois sous le feu de l’ennemi et il valait mieux avoir du rechange en cas de besoin, ce dont heureusement maman m’avait pourvu. J’ai même dû un jour, donner un de mes pantalons à un camarade ( René Delaunay de Brinbien) qui avait déchiré le sien en passant par dessus des barbelés et qui n’avait pas de rechange. Il était beaucoup plus grand que moi et le pantalon lui arrivait à mi jambes, ce qui n'était pas l'idéal pour passer l'hiver dans le froid.
De temps en temps, nous avions la visite du Capitaine SANTA, de François ROBILLON ou de LOULOU. SANTA était un ancien capitaine des Républicains Espagnols qui s’était battu contre FRANCO et s’était réfugié en France ensuite.
C’est à la caserne St Joseph de Redon que j’ai signé mon engagement le deux octobre 1944 pour la durée de la guerre ou trois ans dans l’Armée, mais je n'ai quitté les marais de Fégréac qu'en mars 1945, environ un mois et demi avant la reddition des Allemands dans la Poche de Saint-Nazaire que nous gardions.
Dinan :
Après avoir quitté les Marais de Fégréac prés de Redon j’ai dû me rendre au Centre d’Instruction de Dinan à la caserne Beaumanoir ou je suis arrivé en mars 1945. En trois mois, je passais les pelotons d’Instruction et devenais Sergent Instructeur avec les prérogatives de Lieutenant pour former les jeunes recrues qui nous rejoignaient à l’époque.
A l'appel de volontaires, avec le sergent Gabriel Picard (même âge, même passé, même formation que moi) et 36 de nos jeunes recrues, nous rejoignions le Corps Expéditionnaire du Général Leclerc pour l'Indochine. D'abord la base de Francazal prés de Toulouse, puis Grans pour les vaccins. En février 1946, nous embarquions à Marseille sur le Néha-Hélas.
Roger LENEVETTE - Ex F.T.P.F. du Cdt PETRI
Pseudo Jeannot – Mle 10 698
Nous y avons surtout été les gardes côtes de l’époque, contre un retour éventuel des Allemands ou de traînards qui auraient pu venir prendre dans les casemates toute une multitude d’armes et de munitions abandonnés par l'ennemi lors de son départ souvent précipité. Nous y avons trouvé toutes sortes d’armes et de munitions (Canons antiaériens. Mitrailleuses. Obus . Mines anti-chars. Balles Etc...)
Bien sur, les Allemands avaient détruits les armes abandonnées avant de partir, mais en réunissant toutes les armes de mêmes catégories, je ne tardais pas à m'apercevoir qu'il était possible d'en reconstituer un certain nombre en utilisant ce qui n'avait pas été abîmé. Je dotais ainsi notre groupe d'un armement assez lourd et doté d'un potentiel de munitions importants.
Nous y sommes restés plus de quinze jours, et faisions garder notre camp par des mines anti-chars sur la route contre tout retour possible des Allemands. A cette époque nous vivions toujours l'époque de la Libération, et des allemands il y en avait encore un peu partout. Dans certains endroits, ils sont réapparus alors qu'on ne les attendait plus.
Il est vrai que les groupes de Résistants organisés sortant de l’ombre et apparaissant au grand jour dés que le front de Normandie craqua ne fut pas pour rien dans la panique qui s’empara des Allemands et la débâcle qui s’ensuivit. Les Troupes alliées ne rencontrèrent aucune résistance dans la région. Partis d’Avranches, les Américains ne furent arrêtés qu’après Betton (prés de Rennes) où des Allemands les arrêtèrent bloquant leur convoi d’un seul coup de canon sur le 1er char. Les chars s'amassant derrière ensuite, les Allemands reprirent leur canonnade et purent en détruire ensuite 17 autres. Les Américains auraient sans doute fait intervenir leur artillerie ou leur aviation, mais n’eurent pas à le faire, un groupe de Résistants ayant maîtrisé les allemands et leur artillerie.
C’est d’ailleurs ainsi qu’on les retrouva à Betton et qu’on pu leur remettre nos prisonniers. Les Américains entrèrent dans Rennes libéré par les Résistants le 4 août. Le C.D.L. était déjà en place lorsqu'ils y entrèrent. C'était important pour la France, Rennes étant le premier chef lieu de région libéré depuis le débarquement.
Le Camp de la Marne :
Ce camp dans la banlieue de Rennes était un camp Américain de prisonniers Allemands dont on nous avait confié la garde. Dans ce camp se trouvaient des prisonniers Allemands mais également des Russes qui essayaient de communiquer avec leur pays, ce qui leur était refusé par les Américains. Il faut savoir que dans les pays soviétiques envahis par les Allemands un certain nombre de ressortissants soviétiques s’étaient engagés dans l’Armée Allemande et que d’autres avaient été emmenés plus ou moins de force. Il n’était pas facile de savoir la vérité à propos de chacun d'eux. Certains de ces Russes prisonniers des Allemands en France s’étaient évadés. C’est ainsi qu’il y en avait deux avec nous au parachutage de St Christophe de Valains dont un a sauvé la vie du Lieutenant RAOUL (Raoul Ollivry).
Les Marais de Fégréac :
Les marais de Fégréac prés de Redon sont une des pages de la Résistance de la région. J’y ai passé une bonne partie de l’hiver 1944 - 1945. L’objectif était d’empêcher les divisions Allemandes de se retirer des Poches de Lorient et de Saint-Nazaire et d’aller rejoindre les forces Allemandes. Cet objectif a commencé le 12 août, c'est à dire à partir du moment où les forces Alliées se sont dirigées vers le Centre de la France et où le Général américain Wood a confié cette tâche aux F.F.I..
70 000 allemands étaient restés dans ces poches soit environ 35000 dans chacune d'elles. Ces poches ont été encerclées par des groupes de Résistants des différentes régions de Bretagne aidé en cela par une Compagnie Américaine. Nous les avons maintenus sur place jusqu'au 10 mai 1945 pour la poche de Lorient et jusqu'au 12 mai 1945 pour celle de Saint-Nazaire.
On peut d’ailleurs regretter que cette page de la Résistance semble particulièrement ignorée en France. Pour ma part, j’ai passé une bonne partie de l’hiver 1944 - 1945 dans les marais de Fégréac avec René CHAPON en compagnie de bon nombre de camarades anciens résistants ainsi que d'autres nous ayant rejoint à la Libération. Nous n’avions pour vêtements que ceux que nous avions emmenés en quittant nos foyers.
Certains avaient du rechange, d’autres n’en avaient pas; la nourriture n’était pas toujours assurée et nous avons connu des jours sans également. On peut dire que ces poches allemandes ont été gardées par une armée de jeunes en haillons, crevant de faim et de froid derrière des talus ou dans des marais, mais avec un moral d’acier qui a permis de tenir jusqu’au bout dans un hiver glacial et sans statut militaire, ce qui veut dire que si nous étions pris par les allemands, nous risquions d'être traité comme terroriste, et donc d'être torturé ou fusillé aussitôt.
Cet hiver là, nous l'avons passé dans des marais, en état d'alerte permanent, accroupis derrière des talus, prêts à réagir au moindre bruit, et pourtant attentifs à ne pas commettre d'erreurs, ce qui n'était pas le plus facile parce que l'ennemi pouvait nous arriver de partout. Cela pouvait également être des nôtres partis en incursion chez l'ennemi. Cet hiver là, il a fait froid, et nous l'avons vécu dans le brouillard et l'humidité des marais de Fégréac. Notre seul abri était une grande toile de tente, où nous avions un lit de camp. Tous n'en ont pas eu autant.
Il semble que quelques hommes ont reçu des uniformes anglais. Personnellement je dois dire que je n'en ai vu aucun dans le secteur où j'ai été affecté, ni les quelquefois, où avec René Chapon, je suis allé à Redon.
On y avait formé des « Corps Francs ». René s’y étant porté volontaire, je l’y avais donc suivi. "Noblesse oblige". Il n'avait pas voulu me laisser seul à Combourg, je considérais de mon devoir de lui renvoyer la vapeur. L’objectif traverser la rivière sur des barques pour aller harceler les forces ennemies de l’autre côté.
Il était important de savoir nager, et de ne pas craindre l'eau froide. Pour cela, mes baignades dans le Couesnon m'avait bien préparé, et plonger ou nager en eau froide ne me faisait pas peur. En hiver ce n’était pas évident, le retour se faisait parfois sous le feu de l’ennemi et il valait mieux avoir du rechange en cas de besoin, ce dont heureusement maman m’avait pourvu. J’ai même dû un jour, donner un de mes pantalons à un camarade ( René Delaunay de Brinbien) qui avait déchiré le sien en passant par dessus des barbelés et qui n’avait pas de rechange. Il était beaucoup plus grand que moi et le pantalon lui arrivait à mi jambes, ce qui n'était pas l'idéal pour passer l'hiver dans le froid.
De temps en temps, nous avions la visite du Capitaine SANTA, de François ROBILLON ou de LOULOU. SANTA était un ancien capitaine des Républicains Espagnols qui s’était battu contre FRANCO et s’était réfugié en France ensuite.
C’est à la caserne St Joseph de Redon que j’ai signé mon engagement le deux octobre 1944 pour la durée de la guerre ou trois ans dans l’Armée, mais je n'ai quitté les marais de Fégréac qu'en mars 1945, environ un mois et demi avant la reddition des Allemands dans la Poche de Saint-Nazaire que nous gardions.
Dinan :
Après avoir quitté les Marais de Fégréac prés de Redon j’ai dû me rendre au Centre d’Instruction de Dinan à la caserne Beaumanoir ou je suis arrivé en mars 1945. En trois mois, je passais les pelotons d’Instruction et devenais Sergent Instructeur avec les prérogatives de Lieutenant pour former les jeunes recrues qui nous rejoignaient à l’époque.
A l'appel de volontaires, avec le sergent Gabriel Picard (même âge, même passé, même formation que moi) et 36 de nos jeunes recrues, nous rejoignions le Corps Expéditionnaire du Général Leclerc pour l'Indochine. D'abord la base de Francazal prés de Toulouse, puis Grans pour les vaccins. En février 1946, nous embarquions à Marseille sur le Néha-Hélas.
Roger LENEVETTE - Ex F.T.P.F. du Cdt PETRI
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