Le Morbihan
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Le Morbihan
L’officier allemand nous a placés au pied d’un sapin et nous a dit: « vous êtes condamnés à mort! » A chacun d’entres nous, trois dans un coin du bois, deux dans un autre, il a fait donner une petite pelle de manœuvre. Les soldats ont tracé notre trou, chacun selon sa taille, et nous ont fait creuser notre tombe sous la menace de
leurs baïonnettes. Les manches étaient affûtés et nos mains se mirent vite à saigner.
Avec les racines, la terre était dure comme la route et, malgré les coups de crosses sur les doigts, nous n’étions pas pressés.
C’était donc sur la lande de Meslan que devaient s’achever, en ce 4 août, nos années de résistance, si près du but. Deux fois prisonnier, deux fois j’avais réussi à m’évader, dans les Ardennes, puis en traversant la Loire à la nage. Et depuis, les allemands, dans la région de Ploërmel, Malestroit, et Lizio, on les avait quand même emmerdés un peu. En faisant s’échapper à leur barbe des aviateurs américains déguisés en sourds-muets, en logeant chez moi l’état-major de la Résistance, comme agent de liaison ou encore à Saint-Marcel, j’avais sans doute eu ma part de chance.
La veille, avec mon copain Théo Trégaro, on avait dépouillé deux alsaciennes qui fuyaient à vélo avant l’arrivée des américains. Elles vivaient avec les allemands, les renseignaient, et c’est à cause d’elles qu’on s’était fait cueillir au petit matin en venant voir ce qui se passait sur Meslan pour en informer le PC des FFI.
J’y croyais quand même encore. Je me disais: « Si l’un des deux allemands s’écarte, je fous un coup de pelle à l’autre ». Théo m’a soufflé: « Notre seule chance c’est un bombardement. » Il avait raison. On approchait de 16 h quand on a entendu un ronronnement lointain. Un officier autre que celui qui nous avait condamnés à mort s’est approché: « Avions venir, vous partir pendant bombardement! » Et de me faire comprendre qu’il savait ce qu’était la vie, qu’il avait aussi des enfants qu’il ne reverrait sans doute pas. C’était un pasteur. Il a griffonné son adresse sur un coin de paquet de cigarettes et m’a prié d’y expédier une paire de chaussures qu’il avait cachée dans la cheminée de la communauté des religieuses de Cruguël.
Au premier bombardement j’ai sauté sur un vélo qui était derrière le talus. La roue a explosé sur un éclat qui m’a arraché le bas du pantalon.
Les soldats menaçants m’ont ramené à ma tombe. L’officier est revenu me dire: « Avions revenir, vous repartir! » Je n’y croyais pas. Mais les avions sont revenus très vite, les soldats se sont jetés à l’abri, et j’ai filé dans la lande. J’ai croisé d’autres allemands dans un chemin creux. Ils auraient pu me descendre, ils m’ont rien demandé.
On nous a appelé les trompe-la-mort. J’ai appris par la suite que c’est le chef de la Résistance, averti par un gars évadé, qui avait fait intervenir une escadrille de Londres. Je n’ai pas trouvé de chaussures dans la cheminée des sœurs. Et je n’en ai jamais su davantage sur l’officier. Grâce à lui, depuis un demi-siècle, ma vie c’est du rabe ».
Louis Boulvais
En août 1944
31 ans
leurs baïonnettes. Les manches étaient affûtés et nos mains se mirent vite à saigner.
Avec les racines, la terre était dure comme la route et, malgré les coups de crosses sur les doigts, nous n’étions pas pressés.
C’était donc sur la lande de Meslan que devaient s’achever, en ce 4 août, nos années de résistance, si près du but. Deux fois prisonnier, deux fois j’avais réussi à m’évader, dans les Ardennes, puis en traversant la Loire à la nage. Et depuis, les allemands, dans la région de Ploërmel, Malestroit, et Lizio, on les avait quand même emmerdés un peu. En faisant s’échapper à leur barbe des aviateurs américains déguisés en sourds-muets, en logeant chez moi l’état-major de la Résistance, comme agent de liaison ou encore à Saint-Marcel, j’avais sans doute eu ma part de chance.
La veille, avec mon copain Théo Trégaro, on avait dépouillé deux alsaciennes qui fuyaient à vélo avant l’arrivée des américains. Elles vivaient avec les allemands, les renseignaient, et c’est à cause d’elles qu’on s’était fait cueillir au petit matin en venant voir ce qui se passait sur Meslan pour en informer le PC des FFI.
J’y croyais quand même encore. Je me disais: « Si l’un des deux allemands s’écarte, je fous un coup de pelle à l’autre ». Théo m’a soufflé: « Notre seule chance c’est un bombardement. » Il avait raison. On approchait de 16 h quand on a entendu un ronronnement lointain. Un officier autre que celui qui nous avait condamnés à mort s’est approché: « Avions venir, vous partir pendant bombardement! » Et de me faire comprendre qu’il savait ce qu’était la vie, qu’il avait aussi des enfants qu’il ne reverrait sans doute pas. C’était un pasteur. Il a griffonné son adresse sur un coin de paquet de cigarettes et m’a prié d’y expédier une paire de chaussures qu’il avait cachée dans la cheminée de la communauté des religieuses de Cruguël.
Au premier bombardement j’ai sauté sur un vélo qui était derrière le talus. La roue a explosé sur un éclat qui m’a arraché le bas du pantalon.
Les soldats menaçants m’ont ramené à ma tombe. L’officier est revenu me dire: « Avions revenir, vous repartir! » Je n’y croyais pas. Mais les avions sont revenus très vite, les soldats se sont jetés à l’abri, et j’ai filé dans la lande. J’ai croisé d’autres allemands dans un chemin creux. Ils auraient pu me descendre, ils m’ont rien demandé.
On nous a appelé les trompe-la-mort. J’ai appris par la suite que c’est le chef de la Résistance, averti par un gars évadé, qui avait fait intervenir une escadrille de Londres. Je n’ai pas trouvé de chaussures dans la cheminée des sœurs. Et je n’en ai jamais su davantage sur l’officier. Grâce à lui, depuis un demi-siècle, ma vie c’est du rabe ».
Louis Boulvais
En août 1944
31 ans
vajecy- Nombre de messages : 214
Date d'inscription : 24/12/2008
Re: Le Morbihan
ÉVÈNEMENTS DE JUIN-JUILLET 1944
C’est la guerre. Les alliés débarquent en Normandie. Pour les aider à chasser l’occupant, les patriotes se groupent dans les bois. La chapelle du Cloître devient le centre de la résistance de ce quartier. Les maquisards la bourrent de foin et y enferment quelques prisonniers allemands. Tout autour, s’élèvent de nombreuses cabanes de feuillage. C’est la belle vie : le ravitaillement ne manque pas, toutes les nuits, les armes tombent du ciel en abondance.
La colline prend l’apparence d’une place forte. Mais l’indiscipline, l’inexpérience de ces petits jeunes gens feront tout échouer. Les nombreuses allées et venues n’ont pas été sans être repérées par le guetteur allemand perché au sommet de la tour de l’église paroissiale. Et voici que le mercredi 21 juin, à midi, les armes crépitent en direction de la forêt de Treulan : une cinquantaine d’Allemands, descendus du petit train, entre COLPO et le PONT DU LOC, ont emprunté la vallée qui sépare les deux collines. Mais vite, les assaillants se rendent compte de l’inégalité des forces et s’en vont, laissant sur place quelques-uns des leurs, mais aussi après avoir égorgé quelques dormeurs.
Ils sont partis, mais tout le monde sait qu’ils vont revenir et en force, cette fois. Dans les bois, en ce mercredi après-midi, c’est la fièvre. On discute ferme. Les uns veulent partir, d’autres se préparer au grand assaut ; certains, sans attendre l’ordre, se sauvent à l’improviste. Le lendemain matin, vers les 5 heures, c’est le réveil brutal ; des hommes, au pas de course, traversent la cour de la ferme, on bondit à la fenêtre : les Boches ! Un coup de fusil claque, brutal, 50 mètres plus haut, puis d’autres lui répondent : aucun doute, la forêt est encerclée, et c’est là le signal de l’attaque. De partout, arrivent les habitants affolés. " On a pris mes chevaux ", déclare François SEVENO. Spectacle inoubliable que celui de ces assaillants casqués et vêtus de vert, gravissant la colline et fouillant du canon de leur fusil le moindre buisson… Plus loin, deux chevaux traînent un lourd canon. Le spectacle est de courte durée, Dieu merci. Aucun coup de feu n’est échangé, car dans la forêt, comme par enchantement, tous les défenseurs ont disparu (vers BIEUZY, comme on l’apprit plus tard). A présent, il faut savoir ce que devient la chapelle et surtout le dépôt d’armes qui s’y trouve, et qu’avant de partir, le commandant avait confié à Antoine LE CORRE avec pour mission, de le mettre en lieu sûr.
Le mercredi, 21 juin, vers les 10 heures, le bois de la Chapelle paraît vide. Madame LE CORRE, mise au courant par son fils, s’en va en tricotant vers la chapelle : tout était en ordre. Antoine visite à son tour l’autre campement sur le versant de Kerret : sur le sol, des effets, des ustensiles, des vélos, des parachutes, tout indique un départ précipité. A présent, il faut tout sauver du pillage.
L’après midi, Antoine, aidé de sa mère et de ses jeunes frères et sœur ramènent dans une charrette tout ce que l’on peut sauver, en particulier des armes (une trentaine de fusils de chasse). On range les fusils dans une vieille charrette, au fond de la remise, et l’on recouvre le tout de paille et de fagots de bois. Hélas, quelqu’un guettait pour le compte des Allemands.
Le samedi 24 juin, une fumée épaisse s’élève de la colline du Cloître. On se précipite. Tout le quartier est là et l’incendie allumé sans doute par une patrouille allemande, est vite éteint. Mais on sent le danger, et l’on retire de la chapelle tout ce qu’elle contient de précieux, et en particulier la vénérée statue séculaire que Madame LE CORRE conserve depuis chez elle.
Le samedi soir, à Kéruban, mourait une voisine, Madame RIBOUCHON. Est-ce la sonnerie des morts qui éveilla l’attention des Allemands cantonnés non loin de là ? Nul ne le saura.
Le 26 juin, au matin, vers les 8 heures, Antoine LE CORRE allait quérir du bois, non loin de son dépôt d’armes, quand son regard fut attiré par de hautes flammes et une épaisse fumée : la chapelle brûlait. Il venait faire-part de la triste nouvelle à ses parents, lorsque du chemin opposé surgissent une dizaine d’Allemands, le fusil en avant, menaçants : " Vous patron ? Où patron ? demande le sous-officier. "
Antoine désigne à l’intérieur le vieux papa, Pierre LE CORRE, infirme de la grande guerre, qui fume sa pipe au coin du feu :
Patron, terroristes ici ? où terroristes ?
Nicht terroristes ! réplique la maman, terroristes partis, courrez après !
L’Allemand semble peu convaincu. Il ordonne de fouiller la maison : déjà, les soldats sont à pied d’œuvre. La plupart sont des Russes à demi barbares, pour qui le pillage n’a pas de secret. Ils découvrent le charnier, s’emparent de lard cru et en découpent des tranches qu’ils mangent à belles dents. Mais le sous-officier presse le mouvement. On se disperse, les uns à la cave, d’autres à la grange. La situation devient critique.
Sans attirer l’attention sur lui, du seuil de la porte, Antoine réalise la situation. Une sentinelle fait les cent pas devant la maison. Des soldats sortent de la grange et déploient sur l’aire d’immenses parachutes en faisant de joyeux commentaires. Deux autres progressent vers le fond du hangar. La sentinelle a le dos tourné : Antoine fait trois pas vers le jardin et discrètement suit le manège des rôdeurs qui scrutent la vieille charrette. Un fagot se soulève, puis un second, et c’est la découverte tant redoutée : un fusil vole de mains en mains. Par chance, la sentinelle à l’autre bout n’a encore rien su. Un appentis l’empêche de voir Antoine se glisser dans le jardin et de là, dans le chemin creux plus bas. Une course éperdue… Ouf ! Sauvé ! D’un champ de blé, il essaiera de connaître la suite des événements.
A la ferme, la fièvre monte. Le sous-officier pénètre dans la maison, furieux.
Ah ! Mama ! Vous terroriste ! Où petit patron ? parti terroriste ?
Et c’est alors le pillage en règle. Ils entassent tout ce qui leur plaît : linge, montres, argent liquide, lard. La famille assiste impuissante à cette mise à sac. Les armoires sont vidées de leur contenu, qu’ils piétinent. L’un d’eux découvre la Croix de la Légion d’honneur attribuée au papa. C’en est trop ! Pierre LE CORRE l’arrache violemment au Russe : " Tout, mais pas ça ! "
Et le soldat abandonne sa proie. Le butin est lourd et encombrant. Le sous-officier fait signe au papa : le cheval est attelé et on charge dans la charrette la marchandise conquise, et en avant vers la forêt.
Pierre LE CORRE se demande bien s’il reverra son village. Le convoi solidement escorté arrive à Kérivian. Là, des dizaines d’Allemands sont cantonnés. Un officier arrive, fait décharger la marchandise et dans un salut impeccable, dit à Pierre : " Monsieur ! retour ! "
Ouf ! il n’attendait pas plus. Pendant ce temps, alors qu’Antoine allait se mettre à l’abri à Kerbaris, à Kerret, on mettait un peu d’ordre dans ce qui restait, et l’on remerciait aussi le Bon Dieu et Notre Dame du Cloître.
Les Allemands ne doivent plus revenir à Kerret. Le jour même, on le sut plus tard, ils quittaient Kérivian. Tous les habitants, toutes les fermes sortaient indemnes de l’aventure, Notre Dame du Cloître avait veillé sur ceux qui avaient sauvé sa statue du désastre.
Cependant, la guerre n’était pas terminée, et le village de Kerret connut encore, après la destruction de la chapelle par les Allemands, d’autres moments angoissants.
Le 17 juillet, alors que s’annonce la libération, une fusillade éclate sur les hauteurs de Botségalo, mais on n’y prête guère attention. Le samedi suivant, 22 juillet, nouveaux coups de feux. Ce n’est que quelques heures plus tard que l’on apprend le drame qui vient de s’y dérouler.
En effet, ce samedi soir, un peu avant minuit, la famille de Pierre CADORET est réveillée par des appels au secours. On ouvre, un homme est là, la tête gonflée, les yeux hagards, la chemise et le pantalon en lambeaux. Il demande à boire et péniblement, il raconte le cauchemar qu’il vient de vivre.
" Je m’appelle Fernand CARCOUET : je suis du Sourn, près de PONTIVY. Les Allemands m’ont fait prisonnier au combat de PLUMELIAU. On m’a conduit à LOCMINE et là, chaque jour, j’ai été torturé par les nazis. Regardez mes jambes et mes cuisses,( elles étaient noires sous les coups reçus). Aujourd’hui, une douzaine d’entre nous, avons eu les mains liées. On nous a embarqués dans un camion, et nous sommes partis à la tombée de la nuit. Les gardiens nous ont dit que nous allions mourir. Le convoi s’est arrêté dans une forêt. Un gardien m’a fait avancer de quelques mètres dans le taillis. J’ai senti le coup partir, une lourdeur à l’oreille gauche. En tombant, je savais que j’étais sauvé, j’ai fait le mort. Tout près de moi, un autre prisonnier râle. Je me glisse vers lui pour le réconforter. Hélas ! Un allemand a entendu les gémissements, et d’une seconde balle, achève le moribond.
Les tueurs ont vite achevé leur besogne. Bientôt, le camion repart, mais des moribonds continuent à râler. Je me tâte la tête. La balle a pénétré derrière l’oreille et est sortie près de l’œil. Le sang coule. Je prends mon courage à deux mains, et me voilà debout dans un sentier battu ; je le suis dans la direction opposée à la route et j’atteins ce village. "
Chez les CADORET, c’est l’affolement et on les comprend. On pense les plaies du blessé, et on le loge au mieux. Le lendemain, Pierre CADORET alerte les voisins, et le bourg de GRAND-CHAMP. Les secours arrivent à la forêt. Le spectacle est horrible : des cadavres jonchent le sol, les uns sont là depuis six jours, d’autres depuis la veille, un moribond râle encore. Les équipes de secours, dirigées par le Docteur RABOURDIN, M. LAMOUREUX, pharmacien, les Abbés LE PENRU et LE MAROUILLE, enterrent les victimes dans une fosse commune, creusée plus bas, là où s’élève aujourd’hui le monument de Botségalo.
Que faire du rescapé ? La famille LE CORRE l’adopte jusqu’à ce qu’il reprenne un peu de forces. Le mercredi 26 juillet, en compagnie des séminaristes de GRAND-CHAMP, il fait le pèlerinage de SAINTE-ANNE. C’est là qu’une famille à lui, le gardera jusqu’à la libération. Il devait tomber glorieusement sur le front de LORIENT quelques semaines plus tard.
Le Pardon du Cloître continuera encore dans la chapelle aux murs calcinés. Mais devant le danger que pouvait provoquer ces ruines, le pardon de 1951 fut le dernier célébré sur les hauteurs de Kerret. Onze ans plus tard, le 15 juillet dernier, a eu lieu, au centre même du village de Kerret, la bénédiction d’un oratoire marial qui perpétuera le souvenir de la Chapelle de Notre Dame du Cloître, et continuera à entretenir dans ce quartier, une filiale dévotion envers Marie.
" EN HADOUR ", bulletin paroissial de GRAND-CHAMP
(Août, Septembre, Octobre 1962)
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LA CHAPELLE DU CLOîTRE
Maquis du 1er BATAILLON FFI - HAUT LIEU DE LA RESISTANCE
LES FAITS : JUIN – JUILLET 1944 :
LE DEBARQUEMENT DES TROUPES ALLIEES ET SES REPERCUSSIONS A COLPO
Le 6 Juin – En Normandie les troupes alliées prennent pied sur le sol de France et vont commencer avec la participation de la Résistance à libérer notre patrie de l’occupation nazie.
Le 7 Juin – De bonne heure dans la matinée, monsieur FARDEL, secrétaire de mairie à COLPO, est arrêté par quatre agents de la police allemande. Il est d’abord incarcéré à la maison d’arrêt de Vannes, puis transféré à Rennes où il sera libéré deux mois plus tard par les troupes américaines.
A partir du 11 Juin – Le 1er bataillon des F.F.I. du Morbihan rassemble dans le bois de Botségalo quatre compagnies et une dans celui de Treulan, au total cinq compagnies soit un effectif de onze cent hommes armés.
Le 11 Juin – Eugène NEDELEC originaire de Keryado est abattu à Coët-By par deux soldats de la Wehrmacht qu’il avait attaqués.
Le 18 Juin – Une compagnie de maquisards montre qu’elle peut sortir de Botségalo ; elle se rend au bourg de Colpo pour rendre les honneurs au patriote tué à l’ennemi. Son chef place ses hommes à l’entrée du pays sur chaque route qui y donne accès, ne conservant qu’une section pour défiler, drapeau en tête, jusqu’au cimetière. Peu après le défilé, un camion venant de la direction de Vannes fait feu sur ceux qui veulent lui barrer la route et en blesse trois. Un fusil-mitrailleur riposte, deux ou trois soldats allemands sont tués et le camion désemparé va se renverser dans le fossé. Il en sort des civils, un homme à casquette de marin-pêcheur, deux femmes et un enfant. Sur ce, une voiture de tourisme occupée par plusieurs officiers se présente à son tour ; nouvel échange de coups de feu, un colonel d’aviation est mortellement blessé. Il est temps de se retirer. On emmène les civils prisonniers dans le bois de Botségalo pour les interroger. Ils sont ensuite conduits à l’orée et libérés.
Le 19 Juin – Les compagnies jusqu’alors séparées se rassemblent et complètent leur armement. Le poste de commandement du bataillon et la compagne de commandement LE FRAPPER, sont installées au milieu du bois, à sept cent mètres au nord du village de Kerret, entièrement couverts par les quatre autres compagnies : FERRE au nord-est, GOUGAUD au sud-est, LHERMIER au sud-ouest et MILES au nord-ouest.
Le mercredi 21 Juin à 14 heures – Le camp est attaqué par un important groupe de cosaques venus par la route de Ty-Planche à Colpo, ratissant la campagne du nord au sud. C’est un poste de guet de la compagnie FERRE qui est le premier pris à partie. Les deux guetteurs, LE BOURSICAULT et JOLIVEL sont tués, mais le camp est alerté. Alors que la section attaquée se replie légèrement dans le bois, les cosaques continuent leur progession vers le sud et se heurtent à la compagnie GOUGAUD qui engage le combat. Le jeune Jean BELLEC est tué.
Les cosaques obliquent alors vers l’ouest et sont déjà tout près du P.C. du bataillon qui avec la compagnie LE FRAPPER s’est replié sur les compagnies LHERMIER et MILES afin de parer à toute éventualité. Arrivés jusqu’à la cuisine du P.C., les cosaques sont alors pris sous le feu d’un groupe de la compagnie GOUGAUD, commandée par le sergent-chef LEPPE, ancien de la coloniale qui, personnellement abat le chef des attaquants provoquant le retrait immédiat des cosaques vers le nord.
L’engagement qui fut court mais rude avait néanmoins duré une bonne heure et demie et l’ennemi laissait plusieurs morts sur le terrain. Les allemands se retirent, emportent leurs morts et, en s’en allant, fusillent à " Gabit " quatre patriotes qu’ils ont arrêtés quelques heures plus tôt aux alentours de Bieuzy-Lanvaux.
Pressentant une riposte en force de la part de l’ennemi, le commandant HERVE rassemblait
le soir même son bataillon et à vingt et une heure trente, ce dernier se repliait en entier
sur le bois de Floranges en forêt de Camors où il arrivait le 22 juin au matin.
Le 22 Juin au matin – Les allemands tirent au mortier sur Botségalo où il ne reste plus personne ; ils fouillent ensuite le pays jusqu’à midi, vainement et doivent s’avouer leur méprise.
Le 23 Juillet – On découvre dans les bois de " Koët-Kermeno " près de Botségalo, les corps de vingt-quatre patriotes qui avaient été faits pour la plupart prisonniers au combat de Kervernen le quatorze juillet. Le 18 juillet, treize d’entre eux avaient été extraits des geôles de Locminé avant d’être abattus ; le vingt-deux juillet, onze autres sont amenés au même lieu et exécutés d’une balle dans la nuque. L’un des fusillés, Fernand CAROUET, du Sourn, après une courte syncope revient à lui. La balle qui l’a atteint lui à perforé une oreille puis est ressortie par le haut de la joue. Il reste coi, puis quand il s’avère que les bourreaux sont partis, il trouve la force de se relever et de marcher jusqu’à une grange où un cultivateur de Kerret en GRAND-CHAMP, Antoine LE CORRE , le découvre le lendemain matin.
Le 3 Août – A la veille de leur départ les hitlériens perpétuent de nouveaux crimes. Le patriote Henri JEGAT, de Bignan, est extrait de la prison de Locminé et fusillé à " Trébimoël " en Colpo.
LISTE DES 33 PATRIOTES "MORTS POUR LA FRANCE" A COLPO EN 1944
D'après le registre de l'état civil
le 11 juin à Coet-by:
Eugène NEDELLEC, 32 ans, domicilié à KERYADO.
le 21 juin à Gabit:
Edouard LHERIDAUD, instituteur,domicilié à BIEUZY-LANVAUX;
Joseph CONAN,17 ans domiciliéà BIEUZY-LANVAUX;
Alexis PRIGENT, 26 ans garcon de café,domicilié à BIEUZY-LANVAUX.
René DONIAS, 22 ans, domicilié à PLUMERGAT.
LE 21 JUIN à Ker Charlotte :
Jean jacques BELLEC, 23 ans, commis des contributions directes domicilié à VANNES;
Lucien JOLIVEL,19 ans étudiant, domicilié à VANNES;
Roger LE BOURSICAUD, 21ans, employer de bureau, domicilié à TREFFLEAN
LE 13 JUILLET à Coet-kermeno (Botségalo)
Roger le GREGAM, 21 ans, domicilié à SENE.
Jean le GREGAM, 28 ans,domicilié à SENE.
Julien GARAUD, 23 ans, domicilié à BAUD,
Auguste GILLET, 31 ans,domicilié à GUEHENNO,
Louis LE DUIC, 22 ans, domicilié à BIEUZY-LANVAUX.
Laurent HENRIO, 19 ans, domicilié à HENNEBONT.
Marcel DOUSSINEAU, 37 ans, domicilié à PUTEAUX.
Georges CORVEC, 20 ans, domicilié à PLUMELIAU
Marcel LE ROY, 24 ans, domicilié à SAINT-THURIAU.
Robert ROBO, 21 ans, domicilié à SAINT-THURIAU.
Raymond MAHO, 20 ans, domicilé à GUENIN.
Deux Patriotes non identifiés
LE 22 JUILLET à Coet-kermeno ( Botségalo)
Louis LE BARS, 27 ans, domicilié à GUEMENE SUR SCORFF.
Charles RENAULT , 34 ans, domicilié à AUBOUE.
Joseph BRIENT, 26 ans, domicilié à BAUD.
Lionel DUBRAY, domicilié à ATHIS-MONS.
André LE GLEUHER, 20 ans, domicilié à LANDAUL.
Edouard LE PENNE,29 ans, domicilié à HENNEBONT.
Pierre LE BOT, 23 ans, domicilié à CAMORS.
Robert LE CALVE, 31 ans, domicilié à PONTIVY.
Tois Patriotes non identifiés.
Le 3 Août à TREBIMOËL:
Henri JEGAT, 24 ans, Sous Officier,domicilié à BIGNAN.
Source : http://kerret.pagesperso-orange.fr/index.htm
C’est la guerre. Les alliés débarquent en Normandie. Pour les aider à chasser l’occupant, les patriotes se groupent dans les bois. La chapelle du Cloître devient le centre de la résistance de ce quartier. Les maquisards la bourrent de foin et y enferment quelques prisonniers allemands. Tout autour, s’élèvent de nombreuses cabanes de feuillage. C’est la belle vie : le ravitaillement ne manque pas, toutes les nuits, les armes tombent du ciel en abondance.
La colline prend l’apparence d’une place forte. Mais l’indiscipline, l’inexpérience de ces petits jeunes gens feront tout échouer. Les nombreuses allées et venues n’ont pas été sans être repérées par le guetteur allemand perché au sommet de la tour de l’église paroissiale. Et voici que le mercredi 21 juin, à midi, les armes crépitent en direction de la forêt de Treulan : une cinquantaine d’Allemands, descendus du petit train, entre COLPO et le PONT DU LOC, ont emprunté la vallée qui sépare les deux collines. Mais vite, les assaillants se rendent compte de l’inégalité des forces et s’en vont, laissant sur place quelques-uns des leurs, mais aussi après avoir égorgé quelques dormeurs.
Ils sont partis, mais tout le monde sait qu’ils vont revenir et en force, cette fois. Dans les bois, en ce mercredi après-midi, c’est la fièvre. On discute ferme. Les uns veulent partir, d’autres se préparer au grand assaut ; certains, sans attendre l’ordre, se sauvent à l’improviste. Le lendemain matin, vers les 5 heures, c’est le réveil brutal ; des hommes, au pas de course, traversent la cour de la ferme, on bondit à la fenêtre : les Boches ! Un coup de fusil claque, brutal, 50 mètres plus haut, puis d’autres lui répondent : aucun doute, la forêt est encerclée, et c’est là le signal de l’attaque. De partout, arrivent les habitants affolés. " On a pris mes chevaux ", déclare François SEVENO. Spectacle inoubliable que celui de ces assaillants casqués et vêtus de vert, gravissant la colline et fouillant du canon de leur fusil le moindre buisson… Plus loin, deux chevaux traînent un lourd canon. Le spectacle est de courte durée, Dieu merci. Aucun coup de feu n’est échangé, car dans la forêt, comme par enchantement, tous les défenseurs ont disparu (vers BIEUZY, comme on l’apprit plus tard). A présent, il faut savoir ce que devient la chapelle et surtout le dépôt d’armes qui s’y trouve, et qu’avant de partir, le commandant avait confié à Antoine LE CORRE avec pour mission, de le mettre en lieu sûr.
Le mercredi, 21 juin, vers les 10 heures, le bois de la Chapelle paraît vide. Madame LE CORRE, mise au courant par son fils, s’en va en tricotant vers la chapelle : tout était en ordre. Antoine visite à son tour l’autre campement sur le versant de Kerret : sur le sol, des effets, des ustensiles, des vélos, des parachutes, tout indique un départ précipité. A présent, il faut tout sauver du pillage.
L’après midi, Antoine, aidé de sa mère et de ses jeunes frères et sœur ramènent dans une charrette tout ce que l’on peut sauver, en particulier des armes (une trentaine de fusils de chasse). On range les fusils dans une vieille charrette, au fond de la remise, et l’on recouvre le tout de paille et de fagots de bois. Hélas, quelqu’un guettait pour le compte des Allemands.
Le samedi 24 juin, une fumée épaisse s’élève de la colline du Cloître. On se précipite. Tout le quartier est là et l’incendie allumé sans doute par une patrouille allemande, est vite éteint. Mais on sent le danger, et l’on retire de la chapelle tout ce qu’elle contient de précieux, et en particulier la vénérée statue séculaire que Madame LE CORRE conserve depuis chez elle.
Le samedi soir, à Kéruban, mourait une voisine, Madame RIBOUCHON. Est-ce la sonnerie des morts qui éveilla l’attention des Allemands cantonnés non loin de là ? Nul ne le saura.
Le 26 juin, au matin, vers les 8 heures, Antoine LE CORRE allait quérir du bois, non loin de son dépôt d’armes, quand son regard fut attiré par de hautes flammes et une épaisse fumée : la chapelle brûlait. Il venait faire-part de la triste nouvelle à ses parents, lorsque du chemin opposé surgissent une dizaine d’Allemands, le fusil en avant, menaçants : " Vous patron ? Où patron ? demande le sous-officier. "
Antoine désigne à l’intérieur le vieux papa, Pierre LE CORRE, infirme de la grande guerre, qui fume sa pipe au coin du feu :
Patron, terroristes ici ? où terroristes ?
Nicht terroristes ! réplique la maman, terroristes partis, courrez après !
L’Allemand semble peu convaincu. Il ordonne de fouiller la maison : déjà, les soldats sont à pied d’œuvre. La plupart sont des Russes à demi barbares, pour qui le pillage n’a pas de secret. Ils découvrent le charnier, s’emparent de lard cru et en découpent des tranches qu’ils mangent à belles dents. Mais le sous-officier presse le mouvement. On se disperse, les uns à la cave, d’autres à la grange. La situation devient critique.
Sans attirer l’attention sur lui, du seuil de la porte, Antoine réalise la situation. Une sentinelle fait les cent pas devant la maison. Des soldats sortent de la grange et déploient sur l’aire d’immenses parachutes en faisant de joyeux commentaires. Deux autres progressent vers le fond du hangar. La sentinelle a le dos tourné : Antoine fait trois pas vers le jardin et discrètement suit le manège des rôdeurs qui scrutent la vieille charrette. Un fagot se soulève, puis un second, et c’est la découverte tant redoutée : un fusil vole de mains en mains. Par chance, la sentinelle à l’autre bout n’a encore rien su. Un appentis l’empêche de voir Antoine se glisser dans le jardin et de là, dans le chemin creux plus bas. Une course éperdue… Ouf ! Sauvé ! D’un champ de blé, il essaiera de connaître la suite des événements.
A la ferme, la fièvre monte. Le sous-officier pénètre dans la maison, furieux.
Ah ! Mama ! Vous terroriste ! Où petit patron ? parti terroriste ?
Et c’est alors le pillage en règle. Ils entassent tout ce qui leur plaît : linge, montres, argent liquide, lard. La famille assiste impuissante à cette mise à sac. Les armoires sont vidées de leur contenu, qu’ils piétinent. L’un d’eux découvre la Croix de la Légion d’honneur attribuée au papa. C’en est trop ! Pierre LE CORRE l’arrache violemment au Russe : " Tout, mais pas ça ! "
Et le soldat abandonne sa proie. Le butin est lourd et encombrant. Le sous-officier fait signe au papa : le cheval est attelé et on charge dans la charrette la marchandise conquise, et en avant vers la forêt.
Pierre LE CORRE se demande bien s’il reverra son village. Le convoi solidement escorté arrive à Kérivian. Là, des dizaines d’Allemands sont cantonnés. Un officier arrive, fait décharger la marchandise et dans un salut impeccable, dit à Pierre : " Monsieur ! retour ! "
Ouf ! il n’attendait pas plus. Pendant ce temps, alors qu’Antoine allait se mettre à l’abri à Kerbaris, à Kerret, on mettait un peu d’ordre dans ce qui restait, et l’on remerciait aussi le Bon Dieu et Notre Dame du Cloître.
Les Allemands ne doivent plus revenir à Kerret. Le jour même, on le sut plus tard, ils quittaient Kérivian. Tous les habitants, toutes les fermes sortaient indemnes de l’aventure, Notre Dame du Cloître avait veillé sur ceux qui avaient sauvé sa statue du désastre.
Cependant, la guerre n’était pas terminée, et le village de Kerret connut encore, après la destruction de la chapelle par les Allemands, d’autres moments angoissants.
Le 17 juillet, alors que s’annonce la libération, une fusillade éclate sur les hauteurs de Botségalo, mais on n’y prête guère attention. Le samedi suivant, 22 juillet, nouveaux coups de feux. Ce n’est que quelques heures plus tard que l’on apprend le drame qui vient de s’y dérouler.
En effet, ce samedi soir, un peu avant minuit, la famille de Pierre CADORET est réveillée par des appels au secours. On ouvre, un homme est là, la tête gonflée, les yeux hagards, la chemise et le pantalon en lambeaux. Il demande à boire et péniblement, il raconte le cauchemar qu’il vient de vivre.
" Je m’appelle Fernand CARCOUET : je suis du Sourn, près de PONTIVY. Les Allemands m’ont fait prisonnier au combat de PLUMELIAU. On m’a conduit à LOCMINE et là, chaque jour, j’ai été torturé par les nazis. Regardez mes jambes et mes cuisses,( elles étaient noires sous les coups reçus). Aujourd’hui, une douzaine d’entre nous, avons eu les mains liées. On nous a embarqués dans un camion, et nous sommes partis à la tombée de la nuit. Les gardiens nous ont dit que nous allions mourir. Le convoi s’est arrêté dans une forêt. Un gardien m’a fait avancer de quelques mètres dans le taillis. J’ai senti le coup partir, une lourdeur à l’oreille gauche. En tombant, je savais que j’étais sauvé, j’ai fait le mort. Tout près de moi, un autre prisonnier râle. Je me glisse vers lui pour le réconforter. Hélas ! Un allemand a entendu les gémissements, et d’une seconde balle, achève le moribond.
Les tueurs ont vite achevé leur besogne. Bientôt, le camion repart, mais des moribonds continuent à râler. Je me tâte la tête. La balle a pénétré derrière l’oreille et est sortie près de l’œil. Le sang coule. Je prends mon courage à deux mains, et me voilà debout dans un sentier battu ; je le suis dans la direction opposée à la route et j’atteins ce village. "
Chez les CADORET, c’est l’affolement et on les comprend. On pense les plaies du blessé, et on le loge au mieux. Le lendemain, Pierre CADORET alerte les voisins, et le bourg de GRAND-CHAMP. Les secours arrivent à la forêt. Le spectacle est horrible : des cadavres jonchent le sol, les uns sont là depuis six jours, d’autres depuis la veille, un moribond râle encore. Les équipes de secours, dirigées par le Docteur RABOURDIN, M. LAMOUREUX, pharmacien, les Abbés LE PENRU et LE MAROUILLE, enterrent les victimes dans une fosse commune, creusée plus bas, là où s’élève aujourd’hui le monument de Botségalo.
Que faire du rescapé ? La famille LE CORRE l’adopte jusqu’à ce qu’il reprenne un peu de forces. Le mercredi 26 juillet, en compagnie des séminaristes de GRAND-CHAMP, il fait le pèlerinage de SAINTE-ANNE. C’est là qu’une famille à lui, le gardera jusqu’à la libération. Il devait tomber glorieusement sur le front de LORIENT quelques semaines plus tard.
Le Pardon du Cloître continuera encore dans la chapelle aux murs calcinés. Mais devant le danger que pouvait provoquer ces ruines, le pardon de 1951 fut le dernier célébré sur les hauteurs de Kerret. Onze ans plus tard, le 15 juillet dernier, a eu lieu, au centre même du village de Kerret, la bénédiction d’un oratoire marial qui perpétuera le souvenir de la Chapelle de Notre Dame du Cloître, et continuera à entretenir dans ce quartier, une filiale dévotion envers Marie.
" EN HADOUR ", bulletin paroissial de GRAND-CHAMP
(Août, Septembre, Octobre 1962)
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LA CHAPELLE DU CLOîTRE
Maquis du 1er BATAILLON FFI - HAUT LIEU DE LA RESISTANCE
LES FAITS : JUIN – JUILLET 1944 :
LE DEBARQUEMENT DES TROUPES ALLIEES ET SES REPERCUSSIONS A COLPO
Le 6 Juin – En Normandie les troupes alliées prennent pied sur le sol de France et vont commencer avec la participation de la Résistance à libérer notre patrie de l’occupation nazie.
Le 7 Juin – De bonne heure dans la matinée, monsieur FARDEL, secrétaire de mairie à COLPO, est arrêté par quatre agents de la police allemande. Il est d’abord incarcéré à la maison d’arrêt de Vannes, puis transféré à Rennes où il sera libéré deux mois plus tard par les troupes américaines.
A partir du 11 Juin – Le 1er bataillon des F.F.I. du Morbihan rassemble dans le bois de Botségalo quatre compagnies et une dans celui de Treulan, au total cinq compagnies soit un effectif de onze cent hommes armés.
Le 11 Juin – Eugène NEDELEC originaire de Keryado est abattu à Coët-By par deux soldats de la Wehrmacht qu’il avait attaqués.
Le 18 Juin – Une compagnie de maquisards montre qu’elle peut sortir de Botségalo ; elle se rend au bourg de Colpo pour rendre les honneurs au patriote tué à l’ennemi. Son chef place ses hommes à l’entrée du pays sur chaque route qui y donne accès, ne conservant qu’une section pour défiler, drapeau en tête, jusqu’au cimetière. Peu après le défilé, un camion venant de la direction de Vannes fait feu sur ceux qui veulent lui barrer la route et en blesse trois. Un fusil-mitrailleur riposte, deux ou trois soldats allemands sont tués et le camion désemparé va se renverser dans le fossé. Il en sort des civils, un homme à casquette de marin-pêcheur, deux femmes et un enfant. Sur ce, une voiture de tourisme occupée par plusieurs officiers se présente à son tour ; nouvel échange de coups de feu, un colonel d’aviation est mortellement blessé. Il est temps de se retirer. On emmène les civils prisonniers dans le bois de Botségalo pour les interroger. Ils sont ensuite conduits à l’orée et libérés.
Le 19 Juin – Les compagnies jusqu’alors séparées se rassemblent et complètent leur armement. Le poste de commandement du bataillon et la compagne de commandement LE FRAPPER, sont installées au milieu du bois, à sept cent mètres au nord du village de Kerret, entièrement couverts par les quatre autres compagnies : FERRE au nord-est, GOUGAUD au sud-est, LHERMIER au sud-ouest et MILES au nord-ouest.
Le mercredi 21 Juin à 14 heures – Le camp est attaqué par un important groupe de cosaques venus par la route de Ty-Planche à Colpo, ratissant la campagne du nord au sud. C’est un poste de guet de la compagnie FERRE qui est le premier pris à partie. Les deux guetteurs, LE BOURSICAULT et JOLIVEL sont tués, mais le camp est alerté. Alors que la section attaquée se replie légèrement dans le bois, les cosaques continuent leur progession vers le sud et se heurtent à la compagnie GOUGAUD qui engage le combat. Le jeune Jean BELLEC est tué.
Les cosaques obliquent alors vers l’ouest et sont déjà tout près du P.C. du bataillon qui avec la compagnie LE FRAPPER s’est replié sur les compagnies LHERMIER et MILES afin de parer à toute éventualité. Arrivés jusqu’à la cuisine du P.C., les cosaques sont alors pris sous le feu d’un groupe de la compagnie GOUGAUD, commandée par le sergent-chef LEPPE, ancien de la coloniale qui, personnellement abat le chef des attaquants provoquant le retrait immédiat des cosaques vers le nord.
L’engagement qui fut court mais rude avait néanmoins duré une bonne heure et demie et l’ennemi laissait plusieurs morts sur le terrain. Les allemands se retirent, emportent leurs morts et, en s’en allant, fusillent à " Gabit " quatre patriotes qu’ils ont arrêtés quelques heures plus tôt aux alentours de Bieuzy-Lanvaux.
Pressentant une riposte en force de la part de l’ennemi, le commandant HERVE rassemblait
le soir même son bataillon et à vingt et une heure trente, ce dernier se repliait en entier
sur le bois de Floranges en forêt de Camors où il arrivait le 22 juin au matin.
Le 22 Juin au matin – Les allemands tirent au mortier sur Botségalo où il ne reste plus personne ; ils fouillent ensuite le pays jusqu’à midi, vainement et doivent s’avouer leur méprise.
Le 23 Juillet – On découvre dans les bois de " Koët-Kermeno " près de Botségalo, les corps de vingt-quatre patriotes qui avaient été faits pour la plupart prisonniers au combat de Kervernen le quatorze juillet. Le 18 juillet, treize d’entre eux avaient été extraits des geôles de Locminé avant d’être abattus ; le vingt-deux juillet, onze autres sont amenés au même lieu et exécutés d’une balle dans la nuque. L’un des fusillés, Fernand CAROUET, du Sourn, après une courte syncope revient à lui. La balle qui l’a atteint lui à perforé une oreille puis est ressortie par le haut de la joue. Il reste coi, puis quand il s’avère que les bourreaux sont partis, il trouve la force de se relever et de marcher jusqu’à une grange où un cultivateur de Kerret en GRAND-CHAMP, Antoine LE CORRE , le découvre le lendemain matin.
Le 3 Août – A la veille de leur départ les hitlériens perpétuent de nouveaux crimes. Le patriote Henri JEGAT, de Bignan, est extrait de la prison de Locminé et fusillé à " Trébimoël " en Colpo.
LISTE DES 33 PATRIOTES "MORTS POUR LA FRANCE" A COLPO EN 1944
D'après le registre de l'état civil
le 11 juin à Coet-by:
Eugène NEDELLEC, 32 ans, domicilié à KERYADO.
le 21 juin à Gabit:
Edouard LHERIDAUD, instituteur,domicilié à BIEUZY-LANVAUX;
Joseph CONAN,17 ans domiciliéà BIEUZY-LANVAUX;
Alexis PRIGENT, 26 ans garcon de café,domicilié à BIEUZY-LANVAUX.
René DONIAS, 22 ans, domicilié à PLUMERGAT.
LE 21 JUIN à Ker Charlotte :
Jean jacques BELLEC, 23 ans, commis des contributions directes domicilié à VANNES;
Lucien JOLIVEL,19 ans étudiant, domicilié à VANNES;
Roger LE BOURSICAUD, 21ans, employer de bureau, domicilié à TREFFLEAN
LE 13 JUILLET à Coet-kermeno (Botségalo)
Roger le GREGAM, 21 ans, domicilié à SENE.
Jean le GREGAM, 28 ans,domicilié à SENE.
Julien GARAUD, 23 ans, domicilié à BAUD,
Auguste GILLET, 31 ans,domicilié à GUEHENNO,
Louis LE DUIC, 22 ans, domicilié à BIEUZY-LANVAUX.
Laurent HENRIO, 19 ans, domicilié à HENNEBONT.
Marcel DOUSSINEAU, 37 ans, domicilié à PUTEAUX.
Georges CORVEC, 20 ans, domicilié à PLUMELIAU
Marcel LE ROY, 24 ans, domicilié à SAINT-THURIAU.
Robert ROBO, 21 ans, domicilié à SAINT-THURIAU.
Raymond MAHO, 20 ans, domicilé à GUENIN.
Deux Patriotes non identifiés
LE 22 JUILLET à Coet-kermeno ( Botségalo)
Louis LE BARS, 27 ans, domicilié à GUEMENE SUR SCORFF.
Charles RENAULT , 34 ans, domicilié à AUBOUE.
Joseph BRIENT, 26 ans, domicilié à BAUD.
Lionel DUBRAY, domicilié à ATHIS-MONS.
André LE GLEUHER, 20 ans, domicilié à LANDAUL.
Edouard LE PENNE,29 ans, domicilié à HENNEBONT.
Pierre LE BOT, 23 ans, domicilié à CAMORS.
Robert LE CALVE, 31 ans, domicilié à PONTIVY.
Tois Patriotes non identifiés.
Le 3 Août à TREBIMOËL:
Henri JEGAT, 24 ans, Sous Officier,domicilié à BIGNAN.
Source : http://kerret.pagesperso-orange.fr/index.htm
jeremiah29- Nombre de messages : 1952
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Re: Le Morbihan
Quelques précisions sur les fusillés du 17 (et non le 13) et du 22 juillet 44 à Botségalo en Colpo :
Les frères LE GREGAM Roger et Jean, Auguste GILLET ont étés arrêtés le 11 juillet 44 au café GILLET de Guéhenno par la milice de Zeller (FAT de Pontivy) alors à la recherche de BOURGOIN et MARIENNE.
MARIENNE sera tué le lendemain 12 juillet à Keryhuel à Plumelec, ainsi que sept autres parachutistes SAS, huit FFI et trois cultivateurs.
Julien GARAUD, Louis LE DUIC, Laurent HENRIO, Marcel DOUSSINEAU, Georges CORVEC (Alias Adjudant Georges), Marcel LE ROY, Raymond MAHO, Charles RENAULT, Lionel DUBRAY, Edouard LE PENNE, Pierre LE BOT, sont des maquisards de la 4ème Compagnie (dite Compagnie Bernard) du 1er Bataillon FTPF fait prisonniers lors du combat du 14 juillet 44 à Kervernen en Pluméliau. Je n’ai pas fini d’identifier formellement les autres.
Lors du combat une trentaine avait été tués ou achevés (dont un oncle et un cousin) et une trentaine fait prisonniers et emprisonnés à Locminé pour y être interrogés et torturés par le SD, la milice de Zeller et des membres du Bezen Perrot.
C’est cette compagnie qui avait, entre autre, attaqué le convoi de RAMCKE alors qu’il rejoignait le Finistère et tué le Major SCHMIDT (Ia. de la division) le 15 juin 44. (Voir article d’Alain LE BERRE, 39-45 Magazine N°203).
Photo du monument de Botségalo à Colpo
Les frères LE GREGAM Roger et Jean, Auguste GILLET ont étés arrêtés le 11 juillet 44 au café GILLET de Guéhenno par la milice de Zeller (FAT de Pontivy) alors à la recherche de BOURGOIN et MARIENNE.
MARIENNE sera tué le lendemain 12 juillet à Keryhuel à Plumelec, ainsi que sept autres parachutistes SAS, huit FFI et trois cultivateurs.
Julien GARAUD, Louis LE DUIC, Laurent HENRIO, Marcel DOUSSINEAU, Georges CORVEC (Alias Adjudant Georges), Marcel LE ROY, Raymond MAHO, Charles RENAULT, Lionel DUBRAY, Edouard LE PENNE, Pierre LE BOT, sont des maquisards de la 4ème Compagnie (dite Compagnie Bernard) du 1er Bataillon FTPF fait prisonniers lors du combat du 14 juillet 44 à Kervernen en Pluméliau. Je n’ai pas fini d’identifier formellement les autres.
Lors du combat une trentaine avait été tués ou achevés (dont un oncle et un cousin) et une trentaine fait prisonniers et emprisonnés à Locminé pour y être interrogés et torturés par le SD, la milice de Zeller et des membres du Bezen Perrot.
C’est cette compagnie qui avait, entre autre, attaqué le convoi de RAMCKE alors qu’il rejoignait le Finistère et tué le Major SCHMIDT (Ia. de la division) le 15 juin 44. (Voir article d’Alain LE BERRE, 39-45 Magazine N°203).
Photo du monument de Botségalo à Colpo
iwann- Nombre de messages : 451
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