Un paras US Acteur de la libération de Vitré
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Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Un para US, acteur de la Libération de Vitré
Robert A. Burks : c’est le nom d’un parachutiste américain de la Seconde Guerre mondiale. Méconnu, il s’est pourtant battu au côté des maquisards du secteur de Vitré.
En effectuant des recherches dans les archives militaires américaines, Philippe Mourand, Normand installé depuis 20 ans à l’île Maurice, est tombé par hasard sur le rapport d’évasion du parachutiste Robert A.Burns. Il l’a traduit en français. Ce nom semble être oublié localement.
Pourtant, au regard de ce rapport, cet homme est étroitement lié à la Libération de Vitré. Prisonnier des SS, il s’évade Ce soldat US a été largué par son unité le 6 juin 1944 à proximité de Sainte-Mère-l’Eglise. Quelques jours plus tard, il a été fait prisonnier par les SS, au Sud-Ouest de Carentan (50). Après plusieurs tentatives avortées, il a réussi s’évader.
Blessé et épuisé, il a été recueilli par les maquisards de la région de Vitré. Il aurait rapidement pris leur commandement et orchestré de nombreuses attaques de convois allemands. Il aurait même dirigé la ville pendant une semaine, dans l’attente de l’arrivée de l’armée américaine. Le 7 juin, le maire, Marcel Rupied a en effet été arrêté et incarcéré à Rennes par les Allemands, après avoir refusé de désigner des otages. Le récit commence juste après son évasion, à quelques kilomètres de Vitré.
« Un homme sur une bicyclette m’a emmené jusqu’à une maison, où on a pansé mes plaies et on m’a donné des vêtements civils et caché mon uniforme. Il a proposé de me mettre en contact avec le maquis. J’ai répondu par l’affirmative. Le jour suivant, un homme m’a emmené à Vitré. De là, un second m’a conduit à Balazé où je suis resté dans une ferme pendant deux jours. Le monsieur m’a donné un pistolet français. Deux jours plus tard, un autre Français m’a emmené dans un bois. J’y ai rencontré onze maquisards. Je leur ai demandé si je pouvais rejoindre l’armée américaine. Ils m’ont dit que c’était impossible de traverser les lignes allemandes. Comme la frontière espagnole était fermée, il valait mieux que je reste avec eux jusqu’à ce que l’armée américaine libère la région. (…)
« J’ai géré la ville pendant huit jours »
L’âge moyen était 19 ans. Ils ont décidé que je serais l’officier en charge des opérations. Ils étaient armés d’un courage comme j’en avais rarement vu. Mais, ils étaient très imprudents. J’ai presque déclenché une révolution lorsque je leur ai dit qu’ils ne pouvaient pas fumer en opération. Il ne s’est rien passé la première semaine. Ensuite, un des scouts d’un village voisin nous a informés qu’une voiture de police allemande empruntait la même route tous les jours. Nous sommes donc partis à huit. Nous avons trouvé la voiture avec quatre Allemands à bord. Nous les avons tous tués. Nous sommes partis avec leur voiture qui contenait des armes, vers la forêt du Pertre et nous avons bivouaqué près d’un lac. (…) Ils avaient une radio qui permettait d’envoyer des messages à Londres. J’ai envoyé mon nom et mon matricule. Nous avons demandé qu’ils nous envoient des armes et des munitions. Quelques jours plus tard, 24 fusils Stens et quatre fusils Brens ainsi qu’une bonne quantité de munitions et de grenades nous ont été parachutés.
Attaque des convois allemands
Peu après, l’armée américaine a entamé sa poussée. Les Allemands étaient contraints de se replier. (…) Ils circulaient uniquement la nuit. Espacés de 500 mètres, ils roulaient aussi vite qu’ils le pouvaient. J’ai divisé la bande en groupe de deux ou trois et je les ai postés dans des virages. À chaque fois qu’un camion passait, on vidait un chargeur sur l’arrière. J’ai dit de ne pas tirer sur le chauffeur, car le camion bloquerait l’arrivée des cibles suivantes. Cela a marché à merveille plusieurs soirs de suite. Une nuit, une berline s’est arrêtée. Je crois que les Allemands nous tendaient un piège. Une position un peu plus haut sur la route a tué tous les Allemands. Deux gros camions avec des châssis en acier sont tout de suite arrivés.
Chacun tractait un petit canon et les hommes à bord étaient armés de fusils mitrailleurs, de mortier, de grenades. Nous ne faisions pas le poids ; nous avons dû partir. (…) À partir de ce jour, il y a eu beaucoup d’Allemands dans la région. Nous nous attendions à ce qu’ils attaquent le camp. J’ai demandé à la bande de construire une ligne de défense. Un côté était protégé par le lac. Il y avait une seule route d’accès. J’y ai placé un grand nombre de fusils mitrailleurs et j’ai fait miner les bois environnants. (…)
Un gendarme est venu de Vitré et m’a dit qu’une première colonne de l’armée américaine avait traversé la ville. Je m’y suis rendu avec ma bande pour attaquer les arrières de l’armée allemande. Mais, je n’ai vu ni Américains ni Allemands. Je suppose que cela devait se passer au début du mois d’août. J’avais passé environ un mois dans les bois. Après avoir constaté l’absence d’autorité américaine dans Vitré, j’ai décidé que je devais rester jusqu’à ce que quelqu’un se manifeste. J’ai mis en place un bureau et j’ai géré la ville pendant huit jours. (…)
Les civils sont venus vers moi avec leurs problèmes. On m’a donné les noms des collaborateurs et j’ai fait de mon mieux pour aider les réfugiés. Finalement, un détachement des Civil affairs est venu. Je lui ai remis la ville (…) ».
http://www.lejournaldevitre.fr/1607/un-para-us-acteur-de-la-liberation-de-vitre/
et en version originale :https://research.archives.gov/id/5555679?q=Burks
A noter que ce n'est pas le seul en Ille-et-Vilaine, il y a en a quelques un dont un tragique, le cas du 2nd Lieutenant Georges Hendrickson (82nd Airborne Division) qui fut éxécuté à St-Rémy-du-Plain par la milice après l'opération contre le maquis du bois de Buzot à Broualan.
Panzerfaust- Admin
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Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Bonsoir Panzerfaust,
Voici un article du Journal de Vitré du 16 juillet 2004 :
Il s'agit d'un témoignage de Jean Laurans ancien résistant vitréen.
Les souvenirs de Robert A. Burks m'intriguent. Ils me paraissent amplifiés, déformés...
Dans la forêt du Pertre, il y avait un groupe de maquisards FTPF formé au début du printemps 1944 par Alex Loyzance du Pertre. Il dépendait de Louis Pétri, chef FTPF bien connu. En juillet 1944, le groupe a été renforcé par des petits maquis FTPF provenant de Brains-sur-les-Marches (53) et de La Roë (53) traqués par les Allemands. Ces maquisards avaient bénéficié d'armes et de munitions parachutées à Drouges nuit du 17 au 18 juillet 1944. Mais le 27 juillet 1944, onze de ces résistants sont arrêtés à La Gravelle et déportés. J'ai rencontré l'un d'eux qui a survécu ; il ne m'a jamais parlé d'un soldat américain parmi eux.
Dans un article d'Ouest-France du 4 août 2014, est retranscrit un témoignage de Jean Laurans : Le réseau Salmon est créé dans les premiers mois de l'année 1944. Jean Laurans l'intègre en mai 1944 : "Les 19 membres sont répartis en deux groupes : les Vitréens qui restent en ville et le groupe de maquisards répartis sur deux sites. Certains étaient positionnés dans le bois de Beaufeu à St-Christophe-des-Bois. Les autres dont moi-même et Bob Burns, prisonnier américain évadé, cachés chez Mme Bellier dans la ferme de la Seurinais, à 2 km au nord de Balazé".
Burks parle d'un radio au Pertre ? La commande d'armes qu'il évoque est visiblement fantaisiste. Ce n'est pas à partir d'un nom et d'un matricule d'un soldat que Londres parachutait du matériel militaire. C'est plus complexe que cela. A cette date, la Résistance à l'est de l'Ille-et-Vilaine et en Mayenne avait été sérieusement éprouvée. Louis Pétri n'ayant pas de radio attitré, a pu bénéficier de plusieurs parachutages d'armes par l'intermédiaire de Claude de Baissac, officier SOE, chef du réseau Denis-Scientist, basé dans le nord de la Mayenne. Sauf erreur de ma part, il n'y a pas eu de parachutage dans le secteur du Pertre dans cette p&ériode.
Il parle du repli de l'armée allemande. Pour ce secteur, elle s'est vraiment manifestée vers le 2 ou 3 août 1944, après l'entrée en Bretagne des divisions US le 1er août. Vitré a été libérée le 4 août par une unité qui a poursuivi sa route. Les 6 et 7 août, les 5e DI US et 5e DB US se positionnent au nord de Vitré. Ce qui représente beaucoup d'Américains sur cette zone.
Marcel Rupied, maire de Vitré, emprisonné à Rennes est rentré dans sa ville le 5 août. Durant son absence, Vitré a été administrée par ses deux adjoints. Ce n'est pas Burks qui a géré la ville comme il le prétend, les Vitréens s'en souviendraient.
Joldan
Voici un article du Journal de Vitré du 16 juillet 2004 :
Il s'agit d'un témoignage de Jean Laurans ancien résistant vitréen.
Les souvenirs de Robert A. Burks m'intriguent. Ils me paraissent amplifiés, déformés...
Dans la forêt du Pertre, il y avait un groupe de maquisards FTPF formé au début du printemps 1944 par Alex Loyzance du Pertre. Il dépendait de Louis Pétri, chef FTPF bien connu. En juillet 1944, le groupe a été renforcé par des petits maquis FTPF provenant de Brains-sur-les-Marches (53) et de La Roë (53) traqués par les Allemands. Ces maquisards avaient bénéficié d'armes et de munitions parachutées à Drouges nuit du 17 au 18 juillet 1944. Mais le 27 juillet 1944, onze de ces résistants sont arrêtés à La Gravelle et déportés. J'ai rencontré l'un d'eux qui a survécu ; il ne m'a jamais parlé d'un soldat américain parmi eux.
Dans un article d'Ouest-France du 4 août 2014, est retranscrit un témoignage de Jean Laurans : Le réseau Salmon est créé dans les premiers mois de l'année 1944. Jean Laurans l'intègre en mai 1944 : "Les 19 membres sont répartis en deux groupes : les Vitréens qui restent en ville et le groupe de maquisards répartis sur deux sites. Certains étaient positionnés dans le bois de Beaufeu à St-Christophe-des-Bois. Les autres dont moi-même et Bob Burns, prisonnier américain évadé, cachés chez Mme Bellier dans la ferme de la Seurinais, à 2 km au nord de Balazé".
Burks parle d'un radio au Pertre ? La commande d'armes qu'il évoque est visiblement fantaisiste. Ce n'est pas à partir d'un nom et d'un matricule d'un soldat que Londres parachutait du matériel militaire. C'est plus complexe que cela. A cette date, la Résistance à l'est de l'Ille-et-Vilaine et en Mayenne avait été sérieusement éprouvée. Louis Pétri n'ayant pas de radio attitré, a pu bénéficier de plusieurs parachutages d'armes par l'intermédiaire de Claude de Baissac, officier SOE, chef du réseau Denis-Scientist, basé dans le nord de la Mayenne. Sauf erreur de ma part, il n'y a pas eu de parachutage dans le secteur du Pertre dans cette p&ériode.
Il parle du repli de l'armée allemande. Pour ce secteur, elle s'est vraiment manifestée vers le 2 ou 3 août 1944, après l'entrée en Bretagne des divisions US le 1er août. Vitré a été libérée le 4 août par une unité qui a poursuivi sa route. Les 6 et 7 août, les 5e DI US et 5e DB US se positionnent au nord de Vitré. Ce qui représente beaucoup d'Américains sur cette zone.
Marcel Rupied, maire de Vitré, emprisonné à Rennes est rentré dans sa ville le 5 août. Durant son absence, Vitré a été administrée par ses deux adjoints. Ce n'est pas Burks qui a géré la ville comme il le prétend, les Vitréens s'en souviendraient.
Joldan
Joldan- Nombre de messages : 188
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Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Joldan, j'attendais ton avis sur le sujet, parce que j'avoue que son histoire me semblait aussi "enjolivée".
pour infos, les deux autres paras américains qui étaient avec lui ont terminés la guerre en Stalag en Allemagne (j'ai trouvé une confirmation sur internet).
pour infos, les deux autres paras américains qui étaient avec lui ont terminés la guerre en Stalag en Allemagne (j'ai trouvé une confirmation sur internet).
Panzerfaust- Admin
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Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Alors que le récit de son évasion est tout à fait plausible, la partie Résistance est effectivement enjolivée.
Dans son dossier d'évasion : http://media.nara.gov/nw/305270/EE-1042.pdf
voici ce qu'écrit un officier, mais j'avoue que j'ai quelques difficultés pour bien comprendre cette mention ; peut-être rejoint-elle ce que l'on pense ? :
Joldan
Dans son dossier d'évasion : http://media.nara.gov/nw/305270/EE-1042.pdf
voici ce qu'écrit un officier, mais j'avoue que j'ai quelques difficultés pour bien comprendre cette mention ; peut-être rejoint-elle ce que l'on pense ? :
Joldan
Joldan- Nombre de messages : 188
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Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Oui, il dit même sans complexe dans la partie capture et évasion qu'il a donné des renseignements aux allemands.
Par contre, pour la traduction j'ai du mal à saisir le sens aussi, je vais demander à un ami américain, pour avoir un avis clair.
Pour le maquis, est-ce qu'il y a quelque chose d'écrit localement à ce sujet (mis à part l'article)?
Par contre, pour la traduction j'ai du mal à saisir le sens aussi, je vais demander à un ami américain, pour avoir un avis clair.
Pour le maquis, est-ce qu'il y a quelque chose d'écrit localement à ce sujet (mis à part l'article)?
Panzerfaust- Admin
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Date d'inscription : 24/04/2008
Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
Je n'ai découvert qu'un seul ouvrage sur l'occupation allemande et la libération de Vitré, écrit par Pol Naut, un ancien magistrat aujourd'hui décédé. Mais j'ai constaté beaucoup d'erreurs et d'imprécisions ; aucune ligne sur Bob Burks... La presse locale, dans ces articles sur cette période, s'appuie sur ce livre tiré à peu d'exemplaires. Il est consultable aux archives municipales.
Joldan
Joldan
Joldan- Nombre de messages : 188
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Re: Un paras US Acteur de la libération de Vitré
pour revenir à son rôle à Vitré, il ne me semblait pas si improbable qu'il se soit installé comme référant "américain officieux local" en attendant l'arrivée du détachement du Civil affair, peut-être qu'il avait pris goût à la vie dans la région.
Panzerfaust- Admin
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