l'ORA en Bretagne
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l'ORA en Bretagne
bonjour,
je poste quelques articles au sujet de cette organisation de résistance qui pourrait sembler moins connue que les réseaux classiques. cette série d'articles commence par une présentation de l'ORA, les premières actions de lutte contre l'occupant avant de fair un focus sur les deux départements bretons sur les quelles j'ai pu recueillir le plus d'informations, le Morbihan et le Finistère.
sources : "Dans le maquis breton avec ceux de l'ORA", ouvrage collectif paru en 1946
"la libération de la Bretagne" de Marcel Baudot
forum Le monde en guerre
Introduction
En janvier 1940, les forces armées françaises mobilisées comptaient 4.734.000 sous-officiers et hommes de troupe et 130.000 officiers dont 35.000 d'active. En juin 1940, au moment de la signature de l'armistice, un tiers environ de ces effectifs dont 12 000 officiers est prisonnier. Les deux tiers restant doivent être démobilisés rapidement à l'exception des effectifs autorisés pour constituer la petite armée d'armistice.
Au lendemain de cette défaite, l'Armée française est un grand corps désarticulé. Dans son ensemble, elle accepte la demande d'armistice formulée par le maréchal Pétain qu'elle considère incapable de forfaire à son honneur et seul apte à préparer avec les forces de l'Empire la reconquête de la France. Elle accepte le changement de régime faisant porter aux « politiques » la responsabilité du désastre militaire. Mais, au vu des évènements survenus pendant l’année 1941 (attaque allemande contre l'URSS le 22 juin et celle du Japon contre les Etats-Unis le 7 décembre), les cadres de l’armée commencent à se poser des questions.
Quatre tendances se dégagent :
-1) - Le ralliement au général de Gaulle.
On peut considérer que ce sont les jeunes officiers qui les premiers se sentirent floués et rejoignirent les rangs de la Résistance ou les forces françaises libres. Rares furent les officiers généraux qui encouragèrent ce mouvement.
-2) - Le ralliement à la collaboration avec les généraux Bridoux et Delmotte, l'amiral Darlan et ses amiraux qui crurent à la victoire de l'Allemagne.
-3) - Une troisième catégorie préfère l'attentisme.
Bien que profondément anti-allemands ces militaires considèrent l'armistice comme une situation qu'il ne faut à aucun prix compromettre, qu'il faut attendre des événements extérieurs tel un débarquement massif des Alliés sur le sol français pour reprendre les armes. Ils formèrent la cohorte des résistants de la dernière heure.
-4) - Enfin une majorité ne resta pas passive et prépara la revanche.
Afin de préparer cette revanche, commence, dès 1941, une opération de camouflage de matériel (CDM). Un camouflage important mais de courte durée sera réalisé. On peut quand même estimer à quelque 65 000 armes individuelles, 10.000 armes collectives avec les munitions correspondantes qui auraient été ainsi camouflées ainsi que près de 15 000 véhicules, des pièces détachées et du carburant. Mais au moment où ces armes auraient dû être livrées à la Résistance, c'est-à-dire en novembre 1942, peu le furent en réalité.
Par ailleurs, afin d'étendre l'action de l'Armée en zone occupée et dans le cas d'un repli de l'armée allemande, des unités de réservistes mobilisés sur place, ensuite encadrés et armés par l'Etat-major sont mises sur pied. Ces unités, qui prennent le nom de «groupes d'autodéfense» (GAD), ont pour mission la recherche de renseignements sur les possibles itinéraires de repli, les gîtes d'étapes et les points de ravitaillement des Allemands. Mais faute d'appuis et moyens suffisants les GAD n'auront qu'une existence éphémère, mais ces groupes peuvent être considérés comme une ébauche de ce que sera plus tard l'O.R.A. en zone nord.
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord, le 11 novembre la Wehrmacht envahit la zone sud, la flotte se saborde à Toulon et le 27 novembre la petite armée d'armistice de métropole est dissoute sur ordre d'Hitler. Au lendemain de ce deuxième désastre, une équipe d'officiers généraux, animée par les généraux Verneau et Olleris décide de créer une organisation militaire clandestine.
Déjà désigné par le général Giraud comme son représentant en France, le général Frère apprend et approuve cette démarche, mais reste en retrait. Il déclare à Verneau et Olleris:
« Vous êtes en dissidence, je vous approuve, je ne peux en faire autant, je vous laisse continuer la lutte, vous pouvez faire état de ma bénédiction auprès des officiers hésitants.»
Il paraît normal d'articuler l'organisation clandestine sur les anciennes divisions militaires (DM) et de recruter des hommes qui accepteraient de prendre la tête de l’O.R.A. pour chacune de ces régions quel que soit leur grade et qui, à leur tour, recruteraient des chefs départementaux prêts à servir le cas échéant sous les ordres d'un officier d'un grade inférieur, et à tout moment plonger dans la clandestinité.
Ce sont souvent ces cadres de réserve, déjà en liaison avec des mouvements de Résistance et avec leur aval, qui reçoivent le commandement de régions
En Bretagne, le premier chef régional provisoire de l’O.R.A est le lieutenant André de Freslon qui installe son PC à Rennes. Il est remplacé à ce poste par le colonel Masnou, nommé par le général Revers chef régional de l’O.R.A. le 30 juin 1943. Masnou.. Sachant que dans la clandestinité, seuls comptent les rapports personnels, son état major est réduit à un adjoint (André de Freslon), et à 2 agents de liaison. Masnou essaie de mettre sur pied en Bretagne une organisation cohérente, en portant son effort sur les départements du Morbihan et du Finistère, départements qui compteront, au mois de juin 1944, respectivement 7 et 4 bataillons. De Freslon est arrêté en janvier 1944, torturé à Rennes puis déporté à Buchenwald où il mourra.
je poste quelques articles au sujet de cette organisation de résistance qui pourrait sembler moins connue que les réseaux classiques. cette série d'articles commence par une présentation de l'ORA, les premières actions de lutte contre l'occupant avant de fair un focus sur les deux départements bretons sur les quelles j'ai pu recueillir le plus d'informations, le Morbihan et le Finistère.
sources : "Dans le maquis breton avec ceux de l'ORA", ouvrage collectif paru en 1946
"la libération de la Bretagne" de Marcel Baudot
forum Le monde en guerre
Introduction
En janvier 1940, les forces armées françaises mobilisées comptaient 4.734.000 sous-officiers et hommes de troupe et 130.000 officiers dont 35.000 d'active. En juin 1940, au moment de la signature de l'armistice, un tiers environ de ces effectifs dont 12 000 officiers est prisonnier. Les deux tiers restant doivent être démobilisés rapidement à l'exception des effectifs autorisés pour constituer la petite armée d'armistice.
Au lendemain de cette défaite, l'Armée française est un grand corps désarticulé. Dans son ensemble, elle accepte la demande d'armistice formulée par le maréchal Pétain qu'elle considère incapable de forfaire à son honneur et seul apte à préparer avec les forces de l'Empire la reconquête de la France. Elle accepte le changement de régime faisant porter aux « politiques » la responsabilité du désastre militaire. Mais, au vu des évènements survenus pendant l’année 1941 (attaque allemande contre l'URSS le 22 juin et celle du Japon contre les Etats-Unis le 7 décembre), les cadres de l’armée commencent à se poser des questions.
Quatre tendances se dégagent :
-1) - Le ralliement au général de Gaulle.
On peut considérer que ce sont les jeunes officiers qui les premiers se sentirent floués et rejoignirent les rangs de la Résistance ou les forces françaises libres. Rares furent les officiers généraux qui encouragèrent ce mouvement.
-2) - Le ralliement à la collaboration avec les généraux Bridoux et Delmotte, l'amiral Darlan et ses amiraux qui crurent à la victoire de l'Allemagne.
-3) - Une troisième catégorie préfère l'attentisme.
Bien que profondément anti-allemands ces militaires considèrent l'armistice comme une situation qu'il ne faut à aucun prix compromettre, qu'il faut attendre des événements extérieurs tel un débarquement massif des Alliés sur le sol français pour reprendre les armes. Ils formèrent la cohorte des résistants de la dernière heure.
-4) - Enfin une majorité ne resta pas passive et prépara la revanche.
Afin de préparer cette revanche, commence, dès 1941, une opération de camouflage de matériel (CDM). Un camouflage important mais de courte durée sera réalisé. On peut quand même estimer à quelque 65 000 armes individuelles, 10.000 armes collectives avec les munitions correspondantes qui auraient été ainsi camouflées ainsi que près de 15 000 véhicules, des pièces détachées et du carburant. Mais au moment où ces armes auraient dû être livrées à la Résistance, c'est-à-dire en novembre 1942, peu le furent en réalité.
Par ailleurs, afin d'étendre l'action de l'Armée en zone occupée et dans le cas d'un repli de l'armée allemande, des unités de réservistes mobilisés sur place, ensuite encadrés et armés par l'Etat-major sont mises sur pied. Ces unités, qui prennent le nom de «groupes d'autodéfense» (GAD), ont pour mission la recherche de renseignements sur les possibles itinéraires de repli, les gîtes d'étapes et les points de ravitaillement des Allemands. Mais faute d'appuis et moyens suffisants les GAD n'auront qu'une existence éphémère, mais ces groupes peuvent être considérés comme une ébauche de ce que sera plus tard l'O.R.A. en zone nord.
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord, le 11 novembre la Wehrmacht envahit la zone sud, la flotte se saborde à Toulon et le 27 novembre la petite armée d'armistice de métropole est dissoute sur ordre d'Hitler. Au lendemain de ce deuxième désastre, une équipe d'officiers généraux, animée par les généraux Verneau et Olleris décide de créer une organisation militaire clandestine.
Déjà désigné par le général Giraud comme son représentant en France, le général Frère apprend et approuve cette démarche, mais reste en retrait. Il déclare à Verneau et Olleris:
« Vous êtes en dissidence, je vous approuve, je ne peux en faire autant, je vous laisse continuer la lutte, vous pouvez faire état de ma bénédiction auprès des officiers hésitants.»
Il paraît normal d'articuler l'organisation clandestine sur les anciennes divisions militaires (DM) et de recruter des hommes qui accepteraient de prendre la tête de l’O.R.A. pour chacune de ces régions quel que soit leur grade et qui, à leur tour, recruteraient des chefs départementaux prêts à servir le cas échéant sous les ordres d'un officier d'un grade inférieur, et à tout moment plonger dans la clandestinité.
Ce sont souvent ces cadres de réserve, déjà en liaison avec des mouvements de Résistance et avec leur aval, qui reçoivent le commandement de régions
En Bretagne, le premier chef régional provisoire de l’O.R.A est le lieutenant André de Freslon qui installe son PC à Rennes. Il est remplacé à ce poste par le colonel Masnou, nommé par le général Revers chef régional de l’O.R.A. le 30 juin 1943. Masnou.. Sachant que dans la clandestinité, seuls comptent les rapports personnels, son état major est réduit à un adjoint (André de Freslon), et à 2 agents de liaison. Masnou essaie de mettre sur pied en Bretagne une organisation cohérente, en portant son effort sur les départements du Morbihan et du Finistère, départements qui compteront, au mois de juin 1944, respectivement 7 et 4 bataillons. De Freslon est arrêté en janvier 1944, torturé à Rennes puis déporté à Buchenwald où il mourra.
Re: l'ORA en Bretagne
Les premières actions
L’organisation de résistance de l’armée considère que le mouvement doit se préparer pour épauler le mieux possible l’intervention des Alliés sur le territoire français, par des opérations de renseignement tout d’abord suivis d’actes de sabotage non dommageable pour la population civile. Elle refuse toute lutte armée contre l’occupant, estimant peut-être avec raison, que celle-ci entraînera plus de pertes chez les civils de part les représailles que celles infligées à l’ennemi. Elle est également contre les opérations de maquis, jugeant celles-ci contre un adversaire mieux équipé et sans scrupule, vouées à l’échec Cet état de fait durera jusqu’au débarquement de juin 44 et à la mobilisation générales des FFI qui en découle, où nous verrons des maquis O.R.A. participer à la lutte armée en compagnie des autres mouvements
a. Le renseignement
Au lendemain de l’Armistice, la Bretagne est un terrain de choix pour les militaires souhaitant continuer la lutte. Les ports bretons sont transformés en fortes bases sous marines et il importe au haut commandement allié de savoir d’avoir toutes les informations possibles sur la région. Sur portent ces renseignements ? Sans entrer dans les détails, il faut juste rappeler que l’essentiel est d’avoir l’identification des unités ennemies, de connaître les mouvements de troupe et de matériel les déplacements des navires, les installations de défense terrestre et côtière et bien sûr, que ces renseignements soient assez précis pour être utilisables : ordre de bataille – numéro des grandes unités, nature (infanterie, arme blindé, aviation…..). Sont également recherchés les dates de départ de ces unités et de leur matériel. Pour les mouvements de navires, on cherche la nature du bâtiment, le poste à quai ou dans la cale, l’abri, le hangar, les dates des sorties, la destination.
A titre d’exemple, voici comment fonctionnait dès le début de l’occupation, dans le cadre du mouvement Hector (colonel Heurteaux), le service de renseignement mis en place par Luc Robet, chef départemental O.R.A. du Finistère.
Au centre de la région, le chef régional avec ses services : secrétariat, cartographie, liaisons. Dans chaque département, un responsable, en liaison avec ses différents chefs de secteur, eux-mêmes chargés de contrôler les agents locaux (généralement un par localité importante). Le chef régional adresse ses directives et recueillent les informations directement de ses chefs départementaux. Ces renseignements sont envoyés au secrétariat qui les porte sur ses fiches selon leur nature (politique, militaire) et selon leur origine (locale, départementale, régionale).
Si le chef départemental a surtout un rôle de boîte à lettres, il n’en est pas de même des agents locaux, dont certains occupent les fonctions de chef de secteur, qui travaillent sur le plan de l’exécution et qui sont chargés de recueillir tous les renseignements qui leur viennent des équipes, de les préciser, de les recouper et de les rédiger avant de les transmettre chaque semaine à l’agent départemental.
Vaste organisation qu’il est nécessaire d’entourer des plus strictes mesures de sécurité et qui exige de tous ses membres les plus sévères qualités de ruse et de minutie.
Inutile d’écrire que ces agents courraient des risques énormes, aussi bien l’agent local, exposé à la surveillance constante de l’ennemi que l’agent de liaison rendu suspect par ses nombreux déplacements. Les uns et les autres étaient parfois obligés de se camoufler sous les accoutrements les plus fantaisistes comme, par exemple le lieutenant Hernandez, chef du S.R. du Finistère
Ainsi, cette dame élégante, un peu mûre, peut-être, qui prend le thé n’est autre que le lieutenant Hernandez sous un travesti lui permettant de passer inaperçu des policiers. Le plus dur dans ce déguisement fut de lui trouver des chaussures à sa taille. Quant aux pièces d’identité, rien ne manquait : carte d’identité au nom de Jacqueline Dréano, carte nationale de priorité, car "Jacqueline" était mère de 3 enfants
b. Les sabotages
Dans la guerre moderne, s’attaquer aux machines revêt autant d’importance, si ce n’est plus, que de se prendre aux hommes. Hitler pensait, à juste raison, qu’une insurrection peut toujours être réprimée dans le sang. Mais il n’avait pas prévu qu la révolte peut également se manifester d’une façon plus discrète et pourtant terriblement efficace. Effriter le potentiel militaire de l’ennemi, ronger son économie, cela pouvait se faire en restant dans le cadre de la légalité.
Voici quelques exemples de ce qui fut fait en Bretagne.
i. Voies ferrées
Dès septembre 1943, le lieutenant-colonel Le Garrec constitue un corps franc dans le secteur situé entre Vannes et Saint-Anne d’Auray. Il entreprend des sabotages sans explosif, qui font totalement défaut et sans autres armes que 3 révolvers et 2 mitraillettes à l’usage des équipes de protection. Il faut agir avec les moyens du bord et ce sont les cheminots qui fournissent les tire-fonds pour déboulonner les rails.
Après deux essais infructueux, l’équipe, le 15 septembre 43, déboulonne une bonne longueur de rails et provoque un déraillement qui entraîne la destruction de 3 wagons et l’immobilisation de la ligne Paris-Quimper pendant 24 heures. L’équipe recidive et les voies ferrées sont fréquemment coupées à Landevant, Landaul, Gestel. Fin mai 44 le commandant Morice convoque les chefs de bataillon du Morbihan pour leur communiquer les instructions du "Plan Vert". Le 20 mai, les équipes Le Garrec provoquent une interruption du trafic pendant 48 heures. *Plusieurs lignes sont coupées simultanément. Le 04 juin, date de l’application du "Plan Vert", le sabotage s’intensiife et les coupures de voies sont entretenues de telle façon que la circulation sera arrêtée pendant 10 jours. Ainsi, un convoi de 4000 allemands prêts à quitter la Bretagne sera bloqué à Auray pendant plusieurs jours.
Le capitaine de la 3ème compagnie, le capitaine Cosquer est ‘dans le civil’ chef de la gare d’Auray. Il n’hésite pas à faire saboter ses propres machines. Le procédé le plus couramment employé consistait à mélanger du sable à l’huile de graissage. La locomotive, ainsi graissée, démarrait normalement, mais tombait en panne au bout de quelques kilomètres, tous les rouages grippés.
ii. Les câbles téléphoniques et les lignes électriques
Un autre moyen de perturber une armée est de gêner ses communications et d’empêcher ses installations de fonctionner. Actions que les équipes O.R.A. ne se privèrent pas de faire.
Dans le Finistère, c’est l’équipe du lieutenant-colonel Plouhinec qui, avec des clous d’acier, sabote les câbles téléphoniques souterrains entre Crozon et Audierne.
Dans le Morbihan, c’est la ligne Bretagne – Kiev qui est coupée en 32 endroits, parfois ne plein jour et sous les yeux de Allemands.
A Plouay, le capitaine Aunier (7ème bataillon/4ème compagnie) et ses camarades sabotent 50 camions de la Wehrmacht, dont aucun ne peut rouler plus de 100 km.
Les lignes électriques sont également détruites. Celle qui alimente la base sous marine de Lorient saute en trois endroits le 28 juin. Auparavant, le 08 juin, le câble souterrain Paris-Quimper est coupé avant d’être détruit le 05 juillet par le groupe Fiche.
Retrouvons ici le témoignage de Félix Lieugard, breton d’adoption et membre du réseau Hector qui rejoint l’O.R.A. au mois de février 1943:
« En 1942 et cette année-là, mes activités principales se rapportent aux sabotages des lignes électriques et téléphoniques. En sus, j’effectue quelques transports d’armes et je guide quelques personnes.
Parmi les sabotages que j’ai réalisés, je ne citerai que ceux :
- du mois de novembre 1942, lorsque je coupe l’alimentation électrique des radars ennemis de Locronan et de Ploéven. Ce sabotage que j’ai simulé en coupure de courant pour motifs d’entretien m’est commandé pour faciliter le bombardement de jour de la base navale de Lorient. Convoqué dès le lendemain à la Kommandantur, j’évite de justesse d’être arrêté.
- mois de février 1943 où je recommence la même opération. Mais là, je suis enfermé une journée entière à Quimper. ».
L’organisation de résistance de l’armée considère que le mouvement doit se préparer pour épauler le mieux possible l’intervention des Alliés sur le territoire français, par des opérations de renseignement tout d’abord suivis d’actes de sabotage non dommageable pour la population civile. Elle refuse toute lutte armée contre l’occupant, estimant peut-être avec raison, que celle-ci entraînera plus de pertes chez les civils de part les représailles que celles infligées à l’ennemi. Elle est également contre les opérations de maquis, jugeant celles-ci contre un adversaire mieux équipé et sans scrupule, vouées à l’échec Cet état de fait durera jusqu’au débarquement de juin 44 et à la mobilisation générales des FFI qui en découle, où nous verrons des maquis O.R.A. participer à la lutte armée en compagnie des autres mouvements
a. Le renseignement
Au lendemain de l’Armistice, la Bretagne est un terrain de choix pour les militaires souhaitant continuer la lutte. Les ports bretons sont transformés en fortes bases sous marines et il importe au haut commandement allié de savoir d’avoir toutes les informations possibles sur la région. Sur portent ces renseignements ? Sans entrer dans les détails, il faut juste rappeler que l’essentiel est d’avoir l’identification des unités ennemies, de connaître les mouvements de troupe et de matériel les déplacements des navires, les installations de défense terrestre et côtière et bien sûr, que ces renseignements soient assez précis pour être utilisables : ordre de bataille – numéro des grandes unités, nature (infanterie, arme blindé, aviation…..). Sont également recherchés les dates de départ de ces unités et de leur matériel. Pour les mouvements de navires, on cherche la nature du bâtiment, le poste à quai ou dans la cale, l’abri, le hangar, les dates des sorties, la destination.
A titre d’exemple, voici comment fonctionnait dès le début de l’occupation, dans le cadre du mouvement Hector (colonel Heurteaux), le service de renseignement mis en place par Luc Robet, chef départemental O.R.A. du Finistère.
Au centre de la région, le chef régional avec ses services : secrétariat, cartographie, liaisons. Dans chaque département, un responsable, en liaison avec ses différents chefs de secteur, eux-mêmes chargés de contrôler les agents locaux (généralement un par localité importante). Le chef régional adresse ses directives et recueillent les informations directement de ses chefs départementaux. Ces renseignements sont envoyés au secrétariat qui les porte sur ses fiches selon leur nature (politique, militaire) et selon leur origine (locale, départementale, régionale).
Si le chef départemental a surtout un rôle de boîte à lettres, il n’en est pas de même des agents locaux, dont certains occupent les fonctions de chef de secteur, qui travaillent sur le plan de l’exécution et qui sont chargés de recueillir tous les renseignements qui leur viennent des équipes, de les préciser, de les recouper et de les rédiger avant de les transmettre chaque semaine à l’agent départemental.
Vaste organisation qu’il est nécessaire d’entourer des plus strictes mesures de sécurité et qui exige de tous ses membres les plus sévères qualités de ruse et de minutie.
Inutile d’écrire que ces agents courraient des risques énormes, aussi bien l’agent local, exposé à la surveillance constante de l’ennemi que l’agent de liaison rendu suspect par ses nombreux déplacements. Les uns et les autres étaient parfois obligés de se camoufler sous les accoutrements les plus fantaisistes comme, par exemple le lieutenant Hernandez, chef du S.R. du Finistère
Ainsi, cette dame élégante, un peu mûre, peut-être, qui prend le thé n’est autre que le lieutenant Hernandez sous un travesti lui permettant de passer inaperçu des policiers. Le plus dur dans ce déguisement fut de lui trouver des chaussures à sa taille. Quant aux pièces d’identité, rien ne manquait : carte d’identité au nom de Jacqueline Dréano, carte nationale de priorité, car "Jacqueline" était mère de 3 enfants
b. Les sabotages
Dans la guerre moderne, s’attaquer aux machines revêt autant d’importance, si ce n’est plus, que de se prendre aux hommes. Hitler pensait, à juste raison, qu’une insurrection peut toujours être réprimée dans le sang. Mais il n’avait pas prévu qu la révolte peut également se manifester d’une façon plus discrète et pourtant terriblement efficace. Effriter le potentiel militaire de l’ennemi, ronger son économie, cela pouvait se faire en restant dans le cadre de la légalité.
Voici quelques exemples de ce qui fut fait en Bretagne.
i. Voies ferrées
Dès septembre 1943, le lieutenant-colonel Le Garrec constitue un corps franc dans le secteur situé entre Vannes et Saint-Anne d’Auray. Il entreprend des sabotages sans explosif, qui font totalement défaut et sans autres armes que 3 révolvers et 2 mitraillettes à l’usage des équipes de protection. Il faut agir avec les moyens du bord et ce sont les cheminots qui fournissent les tire-fonds pour déboulonner les rails.
Après deux essais infructueux, l’équipe, le 15 septembre 43, déboulonne une bonne longueur de rails et provoque un déraillement qui entraîne la destruction de 3 wagons et l’immobilisation de la ligne Paris-Quimper pendant 24 heures. L’équipe recidive et les voies ferrées sont fréquemment coupées à Landevant, Landaul, Gestel. Fin mai 44 le commandant Morice convoque les chefs de bataillon du Morbihan pour leur communiquer les instructions du "Plan Vert". Le 20 mai, les équipes Le Garrec provoquent une interruption du trafic pendant 48 heures. *Plusieurs lignes sont coupées simultanément. Le 04 juin, date de l’application du "Plan Vert", le sabotage s’intensiife et les coupures de voies sont entretenues de telle façon que la circulation sera arrêtée pendant 10 jours. Ainsi, un convoi de 4000 allemands prêts à quitter la Bretagne sera bloqué à Auray pendant plusieurs jours.
Le capitaine de la 3ème compagnie, le capitaine Cosquer est ‘dans le civil’ chef de la gare d’Auray. Il n’hésite pas à faire saboter ses propres machines. Le procédé le plus couramment employé consistait à mélanger du sable à l’huile de graissage. La locomotive, ainsi graissée, démarrait normalement, mais tombait en panne au bout de quelques kilomètres, tous les rouages grippés.
ii. Les câbles téléphoniques et les lignes électriques
Un autre moyen de perturber une armée est de gêner ses communications et d’empêcher ses installations de fonctionner. Actions que les équipes O.R.A. ne se privèrent pas de faire.
Dans le Finistère, c’est l’équipe du lieutenant-colonel Plouhinec qui, avec des clous d’acier, sabote les câbles téléphoniques souterrains entre Crozon et Audierne.
Dans le Morbihan, c’est la ligne Bretagne – Kiev qui est coupée en 32 endroits, parfois ne plein jour et sous les yeux de Allemands.
A Plouay, le capitaine Aunier (7ème bataillon/4ème compagnie) et ses camarades sabotent 50 camions de la Wehrmacht, dont aucun ne peut rouler plus de 100 km.
Les lignes électriques sont également détruites. Celle qui alimente la base sous marine de Lorient saute en trois endroits le 28 juin. Auparavant, le 08 juin, le câble souterrain Paris-Quimper est coupé avant d’être détruit le 05 juillet par le groupe Fiche.
Retrouvons ici le témoignage de Félix Lieugard, breton d’adoption et membre du réseau Hector qui rejoint l’O.R.A. au mois de février 1943:
« En 1942 et cette année-là, mes activités principales se rapportent aux sabotages des lignes électriques et téléphoniques. En sus, j’effectue quelques transports d’armes et je guide quelques personnes.
Parmi les sabotages que j’ai réalisés, je ne citerai que ceux :
- du mois de novembre 1942, lorsque je coupe l’alimentation électrique des radars ennemis de Locronan et de Ploéven. Ce sabotage que j’ai simulé en coupure de courant pour motifs d’entretien m’est commandé pour faciliter le bombardement de jour de la base navale de Lorient. Convoqué dès le lendemain à la Kommandantur, j’évite de justesse d’être arrêté.
- mois de février 1943 où je recommence la même opération. Mais là, je suis enfermé une journée entière à Quimper. ».
Re: l'ORA en Bretagne
L'ORA dans le Morbihan
La présence de l’O.R.A.. dans le Morbihan s’est cristallisée autour de quatre hommes : le colonel Robo, le lieutenant-colonel Manceau, le lieutenant-colonel Le Garrec, officiers en retraite, tous les trois sous l’autorité du commandant Muller, officier de réserve.
Officier de réserve dans les chars, le commandant Muller, chef départemental, est entré dans la résistance dès octobre 1940. Il est recruté par le colonel Heurteaux, chef du réseau Hector. Suite à l’arrestation des chefs du mouvement en 1941, Muller continue seul son œuvre de prosélytisme jusqu’à sa rencontre au début de l’année 1943 avec les chefs de l’O.R.A. qui viennent de s’implanter en Bretagne. Il est chargé de recruter des cadres et de prospecter le département.
"Donnez nous des armes" réclament les Bretons, mais pour l’heure il faut surtout former sur le papier des compagnies qui seront prêtes le jour venu. Il existe cependant des groupes de sabotage en activité, tel celui du docteur Thomas, médecin à Hennebont, qui vient se placer sous les ordres du commandant Muller.
Fin 1943, 8 compagnies sont recrutées dans le département.
Autre figure du réseau, le lieutenant-colonel Manceau est chargé de rechercher les terrains de parachutage et tenir la Centrale (P.C.).
Celle-ci est installée à Auray, dans l’hôtel de la Tour d’Auvergne, entièrement réquisitionné par les Allemands. Manceau y joue le rôle de gérant, ce qui lui permet, sans éveiller l’attention de recevoir de nombreux "fournisseurs" et de donner ses directives. Manceau travaille ainsi dans une quiétude toute relative. Il monte sa première équipe de parachutage dans la région de Josselin Ploërmel et fait choix d’un premier terrain aux environs de Plumelec.
Muller (Kerzulec ou Kersulec) prend contact avec les différents mouvements de résistance du département. Au départ, le dialogue a du mal à s’établir car les opinions des uns et des autres divergent. En effet, comme ses chefs, le commandant Muller estime que toute action militaire prématurée peut être fatale à l'ensemble de la résistance morbihannaise en dressant contre elle une partie de la population à la suite des représailles allemandes qu'elle engendrerait. De même, la lutte contre le régime de Vichy ne doit pas constituer une priorité, la défaite de l'Allemagne entraînant automatiquement sa disparition. Néanmoins, il obtient l’adhésion du groupement des volontaires ouvriers et paysans (VOP – organisation de droite anti-gaulliste). Le contact avec l’Armée secrète est plus difficile à réaliser. Le jour où Muller doit rencontrer son chef, le commandant de gendarmerie Guillaudot (Yodi), ce dernier est arrêté (10 décembre 1944) et est remplacé par son adjoint, le lieutenant de réserve Paul Chenailler (colonel Morice) qui prend également au début de l’année 1944 les fonctions de responsable départemental de la résistance intérieure avec pour mission de fédérer tous les mouvements sous la même étiquette de F.F.I. Mais Morice est difficile à joindre. Finalement, grâce à l’entremise de Manceau, Muller et Morice arrivent à se rencontrer et après plusieurs réunions les compagnies O.R.A. sont intégrées au sein des FFI du Morbihan. Elles y forment les 2ème, 3ème et 7ème bataillons.
Le 2ème bataillon est commandé par le lieutenant-colonel Le Garrec (Bénard), fils d’un instituteur de la région de Ploemeur Très populaire, le lieutenant-colonel Le Garrec commence à travailler en indépendant à Larmor Baden. Il a monté, dès septembre 1943, sa propre équipe de saboteurs et s’est spécialisé dans le sabotage ferroviaire, provoquant onze déraillements et coupant les voies vingt et une fois.. En janvier 1944, contacté par Muller, il rejoint les rangs de l’O.R.A.. Il bat le rappel dans toutes les localités situées le long de la "petite mer" depuis Larmor Baden jusqu’à Baud et il possède à la mi-mars un bataillon de six compagnies, fort d’environ 900 hommes.
Le capitaine Bessières est à la tête de la 1ère compagnie (205 hommes), le lieutenant Cosquéric, chef de la brigade de gendarmerie de Pluvigner mène la 2ème de janvier à mai 1944. L’adjudant-chef de gendarmerie d’Auray, Méen Le Merdy lui succède alors. Le recrutement s’est fait dans le canton de Pluvigner. Les F.T.P. de Brech et de Landaul s’y incorporent en mai 1944.
La 3ème compagnie a pour chef Emile Cosquer (Julien). Elle est composée de cheminots d’Auray rattachés au groupe Libé-Nord fondé en 1943 par le directeur d’école d’Auray Joseph Rollo. Spécialisé dans le sabotage, cette compagnie comprend 180 hommes et incorpore le bataillon Le Garrec en juin 1944.
La 4ème compagnie ne se formera que le 15 juin, la cinquième est constituée à la fin de mars 44 dans la région de Baud et Plumélian par le lieutenant Favreau. Le 1er juin, elle passe sous le commandement du capitaine Charles Jacob (Marco), instituteur, son effectif est alors de 150 hommes.
Le troisième bataillon de FFI puise son origine dans la réunion de plusieurs groupes de résistance. Le point de départ est un petit groupe de Libé-Nord constitué par l’instituteur de Persquen, Le Coutaller, dans le canton de Gueméné-sur Scorff auquel s’adjoignent au printemps 43 un groupe du Service National Maquis (composé de réfractaires du STO) et à l’automne 43 un groupe de l’Armée Secrète. Suite à l’arrestation au mois d’avril 44 de plusieurs responsables, le maquis se disloque et seul subsiste quelques éléments au nord de Pontivy.
Le lieutenant-colonel Robo reçoit au début de mai 44 l’ordre de l’O.R.A. de former un bataillon dans la région de Pontivy. Il parvient à former trois compagnies qui ne recevront leur armement qu’à la fin du mois de juin mais il effectuera les actions qui lui seront demandées.
Après avoir recruté les cadres du mouvement, Muller passe à la formation d’unités de combat et au mois de mai 1944, il dispose de cinq compagnies au sein du 7ème bataillon. La 1ère compagnie, aux ordres du capitaine Georges Hillion formera 2 maquis, à Calan et à Craninen-en-Languidec ; la 2ème compagnie aux ordres du capitaine Jacques de Beaufort établit le sien à Kerascouet en Inguiniel, la 3ème, du capitaine Réglain (La Globule) possède 2 maquis, ceux de Pont-Scorff et de Cléguer, la 4ème commandé par André Munier (Dédé) a le sien à Calan, la 5ème, capitaine (docteur) Ferdinand Thomas (Le Bras) est implantée à Kerascouet, Calan, Nostang et Craninen. L’instruction des hommes, leur armement ainsi que des exercices de sabotages sont menés à bien au mois de juin. L’effectif total est de 1195 hommes provenant des cantons de Lorient, Port Louis, Hennebont, Pont-Scorff et Plouay.
Son bataillon est, en effectif, le plus important des bataillons de FFI du Morbihan
a. la lutte armée
Saint Marcel
Le 5 juin 1944, l'ordre est donné par le colonel Morice (Paul Chenailler), chef départemental F.F.I., à tous les résistants du Morbihan de se rassembler à La Nouette, une ferme près de Saint-Marcel (environ 3 000 hommes).
Dans le cadre de l'opération Overlord et du débarquement allié en Normandie, 18 SAS (Special Air Service) des Forces françaises libres commandés par les lieutenants Marienne et Déplante sont parachutés le 6 juin vers 0H30, près de Plumelec (Morbihan) à 15 km de Saint Marcel.
Le parachutage de 9 SAS est repéré depuis un moulin servant d'observatoire allemand, l'alerte est donnée et le combat s'engage. Le caporal Émile Bouétard, un Breton de 29 ans, blessé, est achevé par les Allemands. Il devient le premier soldat mort des opérations de débarquement.
La participation de l’O.R.A. au combat de Saint Marcel commence par une mésaventure qui aurait pu être lourde de conséquences pour l’existence même du bataillon du Lt- Cl Le Garrec.
Le 11 juin 1944, Le Garrec reçoit de Morice l’ordre de rassembler son bataillon dans le bois de Saint Billy, au nord est de Vannes. Les résistants alertés ne tardent pas à se retrouver au lieu de rendez-vous, mais l’annonce du rassemblement ayant connu une large diffusion, de nombreux volontaires vinrent spontanément ce jour-là s’engager comme recrues.
Le bois de Saint Billy offre le spectacle d’une réunion assez hétéroclite où tous les hommes qui avaient réussi à s’équiper de quelque façon, parfois même d’une arme, attendent le moment de passer à l’action.
De ce méli mélo, il faut faire une troupe et c’est à cette tâche que s’attelle pendant deux jours Le Garrec et ses cadres et le 13 juin, ils étaient encore en train de vérifier les grades et mettre de l’ordre dans les compagnies lorsque l’attaque allemande se produit.
Les Allemands qui avaient eu vent du rassemblement lancent 300 hommes à l’assaut du camp. Ceux-ci, hésitants et craintifs n’osent pas pénétrer dans le bois et les rares combats ne coûtent heureusement que 4 morts et 6 blessés aux résistants. Si les Allemands avaient osé pénétrer plus avant, cela aurait sûrement entraîné la fin du bataillon Le Garrec,, qui ne possédant que peu d’armes, aurait eu de grandes difficultés à résister.
Le Garrec réussit à envoyer 2 messagers à Morice qui envoie des camions de parachutistes pour dégager la position.
Le bataillon de le Garrec (2ème bataillon du Morbihan) gagne par petits groupes isolés le maquis de Saint Marcel. Le soir du 14 juin, les 750 hommes répartis en 6 compagnies se trouvent autour de Le Garrec. Les 14 et 15 juin, deux compagnies, soit 450 hommes, sont armées
Le 16 juin, le 3ème compagnie (Capt. Cosquer) prend position à l’est et au sud du château de Les Hardys, couvrant ainsi la route de Saint-Marcel. La 1ère Cie (Capt. Bessière) prend position à l’ouest de la 3ème couvrant le secteur de l’Abbaye. Enfin, la 2ème Cie s’installe au nord de la 3ème Cie et protège en liaison avec cette dernière le village des Grands-Points
Une compagnie du 9ème bataillon (Cdt Le Gouvello – AS/FTP) couvre le secteur Nord.
Le 18 juin, vers 04h30, des rafales de fusil-mitrailleur, puis de mitraillettes et de fusils alertent le camp. La bataille de Saint-Marcel vient de commencer. Le camp est défendu par 300 parachutistes et 1500 maquisards.
L’attaque majeure commence vers 06h30, lorsque les Allemands attaquent en force au nord du château de Les Hardys, à la jonction entre le 9ème bataillon et la 2ème Cie. Une section de la 3ème Cie (section Morgant) est envoyée en renfort pour colmater la brèche.
Les Allemands sont rejetés vers le nord est à l’issue d’une contre-attaque. Pendant toute la journée, l’ennemi maintient la pression au nord du dispositif, sur la 2ème compagnie qui tient bon, malgré de lourdes pertes. Son chef, le Capt Lemerdy est grièvement blessé au cou et doit être évacué. Blessé également le Lt Marienne, qui, après un passage au PC pour se faire soigner, revient sur la ligne de front.
Vers 07h00, les Allemands porte leurs efforts sur la 3ème Cie, où la section Grall, placée au nord reçoit l’assaut de deux sections de part et d’autre de la route conduisant à Saint-Marcel. Grall réussit à tenir sa position.
Vers 09h00, de nouvelles troupes allemandes du 7/ Fallschirmjäger Ersatz und Aubildung Rgt 2 arrivent et s’approchent du château vers le secteur de la section Le Gall. L’attaque débute aussitôt et dure toute la journée. La section Rio, à l’ouest du dispositif de la 3ème compagnie est également attaquée. La 1ère compagnie tient grâce aux tirs de flanquement de la section Rio.
Tout au long de la journée, des groupes de combat du bataillon, à peine armés, sont envoyés en renfort sur les points menacés. Les Allemands ne cessent d’envoyer des renforts. Des hommes de la 275e I.D. avec des Géorgiens du 798e Ostbattalion viennent appuyer les Fallschirmjäger.
Des résistants signalent au chef des SAS, le Cdt Bourgoin, l’arrivé de chars et d’artillerie. Celui-ci demande l’intervention de l’aviation anglaise qui intervient vers 15h30 avec les 506e, 507e et 508e squadron, équipés de P-47 Thunderbolt. Les avions alliés mitraillent les positions allemandes pendant une heure. Les Allemands, durement éprouvés se mettent en position défensive, ce qui permet aux défenseurs de réorganiser leurs positions.
Vers 18h00, de nombreux groupes ennemis (une compagnie de la 275e I.D.) venant de la route nationale attaquent la 3ème compagnie. Le Capt Cosquer maintient avec l’aide de SAS la liaison entre ses différentes sections. Les Allemands accentuent la pression également sur le secteur de Ste Geneviéve mais là aussi la 2ème Cie tient bon.
Un violente contre-attaque menée par les SAS et le FFI dans le secteur de Ste Geneviève oblige les Allemands à reculer, mais cette accalmie n’est que temporaire, car vers 19h00, l’ennemi attaque en force vers le château de Les Hardys et l’Abbaye. Les Allemands incendient les bois derrière les compagnies rendant les liaisons avec le reste du camp difficiles. Les fusils mitrailleurs et les voltigeurs fauchent des groupes de soldats. Les soldats ennemis, un instant décontenancés se regroupent et tentent de s’infiltrer entre les FFI. Là encore, les FM les repoussent et dégagent les groupes encerclés. Il est 19h30.
Par contre, au sud du dispositif, la situation est plus grave. Des groupes ennemis ont réussi à déborder les positions des FFI. Le Lt Rio repousse les assaillants à coups de grenade, mais il est tué par les Allemands.
Une attaque allemande sur le PC de La Nouée est repoussée par les Corps Francs du Lt Guillas.
Tous ces exploits n’empêchent malheureusement pas les Allemands de progresser. À la tombée de la nuit, l’ennemi déploie maintenant plus de 1 000 hommes en arc de cercle, du château de Sainte-Geneviève jusqu’à l’ouest du château des Hardys-Béhélec. En prévision de l’assaut final, la 275e division d’infanterie détache vers Saint-Marcel une unité du 298e bataillon géorgien et deux bataillons du 3e régiment d’artillerie.
Au PC de la Nouée, il apparaît évident que l’on ne pourra tenir plus longtemps sans épuiser complètement les munitions. On redoute, non sans raison, que le lendemain l’attaque reprenne avec les troupes fraîches appuyées par de l’artillerie. Le commandant Bourgoin et le colonel Morice décident la dispersion de la base tant qu’il est encore possible de décrocher dans de bonnes conditions, celle-ci n’ayant pas encore été encerclée. Tous les survivants doivent évacuer vers l’ouest, en direction des bois de Callac. La 1ère Cie du 2ème bataillon peut décrocher sans problème vers 22h00, mais les 2ème et 3ème Cies, toujours au contact avec l’ennemi doivent attendre 23h0à pour se replier.
Vers 23h15, le 2ème bataillon de Le Garrec, ou du moins, ce qu’il en reste a pu être rassemblé et se met en marche vers Callac.
A 23h30, Le capitaine Puech-Samson commandant la compagnie de protection donne donc l’ordre à deux parachutistes de faire sauter le dépôt d’armes et de munitions, qui représente plusieurs dizaines de tonnes de matériel.
Bilan de la journée : plus de 500 Allemands mis hors de combat (chiffre fourni par le Colonel Morice)
Le 2ème bataillon a perdu dans le combat 24 tués et 22 blessés. Saint-Marcel est la première bataille rangée livrée par les FFI en Bretagne. C’est une victoire et la preuve que, mal équipés, mal instruits, mal vêtus et mal nourris, les résistants avaient malgré tout su prendre l’ascendant sur un ennemi aguerri. Parmi tous ces hommes, un hommage plus particulier doit être rendu à la 3ème cie qui a subi le plus gros effort de la journée du 18. Composée de volontaires disparates, cheminots d’âge mûr et jeunes gens des villes, elle a su sous l’impulsion du capitaine Cosquer, devenir une unité d’élite.
b.L’arrivée des Américains
Suite aux combats de Saint Marcel, les bataillons O.R.A. doivent se réorganiser. Heureusement les parachutages d’armes et de matériel sont nombreux, permettant d’équiper dignement les volontaires FFI.
Mais d’un autre côté, la Gestapo (Gefepo) et le SD allemand ne restent pas inactif et la résistance morbihannaise souffre. Quantité d’arrestations sont faites, dont celles de Robo et de Manceau qui n’échapperont à la mort que de justesse.
Dans la journée du 04 août, les colonnes américaines pénètrent dans le département, en provenance de Rennes. La veille, l’ordre de soulèvement général des maquis bretons a été émis par la BBC (« Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros Guirec ? »).
A cette date, le 2ème bataillon de Le Garrec occupe un vaste secteur autour d’Auray, limité au sud par la mer et passant par Arradon, Locmariaquer, Carnac, Plouharnel, bordé à l'Ouest par la rivière Etel et à l’Est par Plumegat et Baden.
Le 3ème bataillon tient le secteur de Pontivy et le 7ème opère dans le secteur autour de Lorient.
Les journaux de marche des bataillons nous donnent un aperçu des combats :
- 2ème bataillon :
Sitôt reçu l’ordre de soulèvement, les convois ennemis sont attaqués sur les routes. A Baden, appuyés par des parachutistes (SAS ou Jedburghs), la 1ère compagnie disperse un fort convoi et dégage le bourg. A Sainte-Anne-d’Auray, l’hôpital allemand est préservé de la destruction et occupé. Les camps allemands de Kervalh et Py-Park sont pris avec tout le matériel qui s’y trouve.
A partir du 07 août, tout le terrain est nettoyé et de nombreux prisonniers faits, mais les Allemands s’enferment dans la presqu’île de Quiberon et prennent Erdeven-Etel. Le 11 août, la 5ème compagnie attaque et libère Erdeven-Etel, faisant 75 prisonniers. Il n’est pas possible, faute d’artillerie de déloger les Allemands retranchés dans les ouvrages fortifiés du Bégot. Cette batterie, construite en 1943, est, avec ses 4 canons français Schneider de 340 mm, la plus puissante des batteries allemandes. Elle peut prendre sous son feu l’ensemble de la baie de Lorient. Pour protéger les encuvements et la tour de direction de tir, près de 60 bunkers sont construits (abris pour le personnel, soutes à munitions, casemates de défense).
Les FFI du 2ème bataillon tentent une nouvelle attaque le 23 août, sans succès. Il faudra le concours des Américains pour que cette place forte tombe enfin, le 16 février 1945
- 3ème bataillon :
Suite à l’arrestation du colonel Robo, c’est le capitaine Mahé, jusque là chef de la 2ème compagnie, qui prend le commandement du bataillon. Les FFI n’attendent pas le 03 août pour harceler l’ennemi. Le 27 juillet, sur tout le secteur, des convois ennemis sont attaqués. La compagnie Massardier, attaquée dans son maquis, réussit à décrocher en infligeant des pertes sévères à l’ennemi.
Le 04 août, les blindés américains pénètrent dans Pontivy (CCA de la Super Sixth). Des éléments FFI participent au défilé. Le colonel Robo ; libéré, reprend les rênes du bataillon, qui poursuit le nettoyage de la région. Une compagnie est envoyée dans la région de Paimpol, deux autres dans le secteur de Lorient où elles participeront à l’investissement de la poche jusqu’au 30 novembre.
- 7ème bataillon :
Le 03 août, les FFI du 3ème bataillon attaquent les Allemands. Lors du 1er engagement, le capitaine de Beaufort (2ème compagnie) est grièvement blessé puis sauvagement achevé. Sur toutes les routes du secteur d’Hennebont, Pont Scorff, Plouay, les colonnes ennemies sont attaquées et dispersées. Les compagnies FFI se rapprochent de Lorient. Le 07 août, les Américains venant d’Auray (CCA de la 4th Armored division) arrivent vers Hennebont où le commandant Muller a établi son PC. Après un court et violent combat, les Allemands évacuent la ville et se replient vers Lorient, non sans avoir fait sauter les ponts derrière eux. La région de Pont Scorff est libérée. Les compagnies s’y installent, organisent la défense et procèdent au nettoyage des derniers éléments allemands.
Le 11 août, les Allemands attaquent vers Hennebont. Cette tentative est stoppée après de sévères combats. Le 12 août, une nouvelle attaque est lancée sur l’autre rive de Blavet. Le château de Kerlois est défendu par des éléments du 2ème bataillon. Les Allemands restent actifs jusqu’au 15 août, date à laquelle le front de Lorient est enfin stabilisé. Le 7ème bataillon restera devant la poche jusqu’à la fin des hostilités.
Le siège de Lorient
Le Morbihan est libéré, mais 26 000 Allemands – pour la moitié des marins, sous les ordres du général Fahrmbacher, s’enferment dans ce qui deviendra la Festung Lorient. L’artillerie des points fortifiés est réorganisée ; les canons tournés vers la terre. La Festung possède près de 500 pièces qui protégent la forteresse, dont les canons de 340 mm de la batterie du Bégot et les 203 mm de la batterie Seydlitz sur l’île de Groix. Les voies d’accès sont bloquées par des obstacles antichars et minées, des zones inondées, les ponts détruits.
En face, les bataillons FFI, appuyés par les forces américaines encerclent la poche. Le front est divisé en quatre secteurs dont trois sont sous la responsabilité de commandants O.R.A. :
- le secteur ouest, 17ème bataillon FFI du Finistère sous les ordres du commandant Loyer, responsable de la région de Quimperlé,
- le secteur centre, trois bataillons de FFI (6, 7 et 9ème) soutenu par un bataillon d’artillerie de 105 mm de la 94ème division d’infanterie américaine, sous le commandement du Cdt Muller,
- le secteur est, 2 bataillons de FFI (2 et 14ème) sous les ordres de Le Garrec.
La jonction ente Muller et Le Garrec est assuré par les troupes FFI du Cdt Le Coutaller, soutenu par un autre bataillon d’artillerie américain et par le 3ème bataillon FFI O.R.A. du colonel Robo.
Les Allemands ne se cantonnent pas à la défensive. Poussés par les nécessités du ravitaillement ils tentent plusieurs incursions, notamment dans le secteur du Cdt Le Coutaller. Le village de Sainte Hélène tombe entre leurs mains fin octobre, mais en contre partie, les hommes du commandant Le Garrec prennent Erdeven fin août et Etel fin septembre. Du côté du secteur du Cdt Muller, les Allemands lancent également des patrouilles offensives dans les régions de Pen-Prat-en-Caudran, Le Cosquer et Kersamdy-en-Pont-Scorff. Toutes sont repoussées et courant novembre les FFI reprennent l’initiative des opérations.
Mi novembre 44, est constituée la 19ème division d’infanterie (Gal Borgnis Desbordes), dans laquelle sont incorporés les bataillons FFI et notamment ceux des 2ème et 7ème bataillons O.R.A.
Ainsi se terminait l’aventure résistante des hommes de l’O.R.A. du Morbihan.
La présence de l’O.R.A.. dans le Morbihan s’est cristallisée autour de quatre hommes : le colonel Robo, le lieutenant-colonel Manceau, le lieutenant-colonel Le Garrec, officiers en retraite, tous les trois sous l’autorité du commandant Muller, officier de réserve.
Officier de réserve dans les chars, le commandant Muller, chef départemental, est entré dans la résistance dès octobre 1940. Il est recruté par le colonel Heurteaux, chef du réseau Hector. Suite à l’arrestation des chefs du mouvement en 1941, Muller continue seul son œuvre de prosélytisme jusqu’à sa rencontre au début de l’année 1943 avec les chefs de l’O.R.A. qui viennent de s’implanter en Bretagne. Il est chargé de recruter des cadres et de prospecter le département.
"Donnez nous des armes" réclament les Bretons, mais pour l’heure il faut surtout former sur le papier des compagnies qui seront prêtes le jour venu. Il existe cependant des groupes de sabotage en activité, tel celui du docteur Thomas, médecin à Hennebont, qui vient se placer sous les ordres du commandant Muller.
Fin 1943, 8 compagnies sont recrutées dans le département.
Autre figure du réseau, le lieutenant-colonel Manceau est chargé de rechercher les terrains de parachutage et tenir la Centrale (P.C.).
Celle-ci est installée à Auray, dans l’hôtel de la Tour d’Auvergne, entièrement réquisitionné par les Allemands. Manceau y joue le rôle de gérant, ce qui lui permet, sans éveiller l’attention de recevoir de nombreux "fournisseurs" et de donner ses directives. Manceau travaille ainsi dans une quiétude toute relative. Il monte sa première équipe de parachutage dans la région de Josselin Ploërmel et fait choix d’un premier terrain aux environs de Plumelec.
Muller (Kerzulec ou Kersulec) prend contact avec les différents mouvements de résistance du département. Au départ, le dialogue a du mal à s’établir car les opinions des uns et des autres divergent. En effet, comme ses chefs, le commandant Muller estime que toute action militaire prématurée peut être fatale à l'ensemble de la résistance morbihannaise en dressant contre elle une partie de la population à la suite des représailles allemandes qu'elle engendrerait. De même, la lutte contre le régime de Vichy ne doit pas constituer une priorité, la défaite de l'Allemagne entraînant automatiquement sa disparition. Néanmoins, il obtient l’adhésion du groupement des volontaires ouvriers et paysans (VOP – organisation de droite anti-gaulliste). Le contact avec l’Armée secrète est plus difficile à réaliser. Le jour où Muller doit rencontrer son chef, le commandant de gendarmerie Guillaudot (Yodi), ce dernier est arrêté (10 décembre 1944) et est remplacé par son adjoint, le lieutenant de réserve Paul Chenailler (colonel Morice) qui prend également au début de l’année 1944 les fonctions de responsable départemental de la résistance intérieure avec pour mission de fédérer tous les mouvements sous la même étiquette de F.F.I. Mais Morice est difficile à joindre. Finalement, grâce à l’entremise de Manceau, Muller et Morice arrivent à se rencontrer et après plusieurs réunions les compagnies O.R.A. sont intégrées au sein des FFI du Morbihan. Elles y forment les 2ème, 3ème et 7ème bataillons.
Le 2ème bataillon est commandé par le lieutenant-colonel Le Garrec (Bénard), fils d’un instituteur de la région de Ploemeur Très populaire, le lieutenant-colonel Le Garrec commence à travailler en indépendant à Larmor Baden. Il a monté, dès septembre 1943, sa propre équipe de saboteurs et s’est spécialisé dans le sabotage ferroviaire, provoquant onze déraillements et coupant les voies vingt et une fois.. En janvier 1944, contacté par Muller, il rejoint les rangs de l’O.R.A.. Il bat le rappel dans toutes les localités situées le long de la "petite mer" depuis Larmor Baden jusqu’à Baud et il possède à la mi-mars un bataillon de six compagnies, fort d’environ 900 hommes.
Le capitaine Bessières est à la tête de la 1ère compagnie (205 hommes), le lieutenant Cosquéric, chef de la brigade de gendarmerie de Pluvigner mène la 2ème de janvier à mai 1944. L’adjudant-chef de gendarmerie d’Auray, Méen Le Merdy lui succède alors. Le recrutement s’est fait dans le canton de Pluvigner. Les F.T.P. de Brech et de Landaul s’y incorporent en mai 1944.
La 3ème compagnie a pour chef Emile Cosquer (Julien). Elle est composée de cheminots d’Auray rattachés au groupe Libé-Nord fondé en 1943 par le directeur d’école d’Auray Joseph Rollo. Spécialisé dans le sabotage, cette compagnie comprend 180 hommes et incorpore le bataillon Le Garrec en juin 1944.
La 4ème compagnie ne se formera que le 15 juin, la cinquième est constituée à la fin de mars 44 dans la région de Baud et Plumélian par le lieutenant Favreau. Le 1er juin, elle passe sous le commandement du capitaine Charles Jacob (Marco), instituteur, son effectif est alors de 150 hommes.
Le troisième bataillon de FFI puise son origine dans la réunion de plusieurs groupes de résistance. Le point de départ est un petit groupe de Libé-Nord constitué par l’instituteur de Persquen, Le Coutaller, dans le canton de Gueméné-sur Scorff auquel s’adjoignent au printemps 43 un groupe du Service National Maquis (composé de réfractaires du STO) et à l’automne 43 un groupe de l’Armée Secrète. Suite à l’arrestation au mois d’avril 44 de plusieurs responsables, le maquis se disloque et seul subsiste quelques éléments au nord de Pontivy.
Le lieutenant-colonel Robo reçoit au début de mai 44 l’ordre de l’O.R.A. de former un bataillon dans la région de Pontivy. Il parvient à former trois compagnies qui ne recevront leur armement qu’à la fin du mois de juin mais il effectuera les actions qui lui seront demandées.
Après avoir recruté les cadres du mouvement, Muller passe à la formation d’unités de combat et au mois de mai 1944, il dispose de cinq compagnies au sein du 7ème bataillon. La 1ère compagnie, aux ordres du capitaine Georges Hillion formera 2 maquis, à Calan et à Craninen-en-Languidec ; la 2ème compagnie aux ordres du capitaine Jacques de Beaufort établit le sien à Kerascouet en Inguiniel, la 3ème, du capitaine Réglain (La Globule) possède 2 maquis, ceux de Pont-Scorff et de Cléguer, la 4ème commandé par André Munier (Dédé) a le sien à Calan, la 5ème, capitaine (docteur) Ferdinand Thomas (Le Bras) est implantée à Kerascouet, Calan, Nostang et Craninen. L’instruction des hommes, leur armement ainsi que des exercices de sabotages sont menés à bien au mois de juin. L’effectif total est de 1195 hommes provenant des cantons de Lorient, Port Louis, Hennebont, Pont-Scorff et Plouay.
Son bataillon est, en effectif, le plus important des bataillons de FFI du Morbihan
a. la lutte armée
Saint Marcel
Le 5 juin 1944, l'ordre est donné par le colonel Morice (Paul Chenailler), chef départemental F.F.I., à tous les résistants du Morbihan de se rassembler à La Nouette, une ferme près de Saint-Marcel (environ 3 000 hommes).
Dans le cadre de l'opération Overlord et du débarquement allié en Normandie, 18 SAS (Special Air Service) des Forces françaises libres commandés par les lieutenants Marienne et Déplante sont parachutés le 6 juin vers 0H30, près de Plumelec (Morbihan) à 15 km de Saint Marcel.
Le parachutage de 9 SAS est repéré depuis un moulin servant d'observatoire allemand, l'alerte est donnée et le combat s'engage. Le caporal Émile Bouétard, un Breton de 29 ans, blessé, est achevé par les Allemands. Il devient le premier soldat mort des opérations de débarquement.
La participation de l’O.R.A. au combat de Saint Marcel commence par une mésaventure qui aurait pu être lourde de conséquences pour l’existence même du bataillon du Lt- Cl Le Garrec.
Le 11 juin 1944, Le Garrec reçoit de Morice l’ordre de rassembler son bataillon dans le bois de Saint Billy, au nord est de Vannes. Les résistants alertés ne tardent pas à se retrouver au lieu de rendez-vous, mais l’annonce du rassemblement ayant connu une large diffusion, de nombreux volontaires vinrent spontanément ce jour-là s’engager comme recrues.
Le bois de Saint Billy offre le spectacle d’une réunion assez hétéroclite où tous les hommes qui avaient réussi à s’équiper de quelque façon, parfois même d’une arme, attendent le moment de passer à l’action.
De ce méli mélo, il faut faire une troupe et c’est à cette tâche que s’attelle pendant deux jours Le Garrec et ses cadres et le 13 juin, ils étaient encore en train de vérifier les grades et mettre de l’ordre dans les compagnies lorsque l’attaque allemande se produit.
Les Allemands qui avaient eu vent du rassemblement lancent 300 hommes à l’assaut du camp. Ceux-ci, hésitants et craintifs n’osent pas pénétrer dans le bois et les rares combats ne coûtent heureusement que 4 morts et 6 blessés aux résistants. Si les Allemands avaient osé pénétrer plus avant, cela aurait sûrement entraîné la fin du bataillon Le Garrec,, qui ne possédant que peu d’armes, aurait eu de grandes difficultés à résister.
Le Garrec réussit à envoyer 2 messagers à Morice qui envoie des camions de parachutistes pour dégager la position.
Le bataillon de le Garrec (2ème bataillon du Morbihan) gagne par petits groupes isolés le maquis de Saint Marcel. Le soir du 14 juin, les 750 hommes répartis en 6 compagnies se trouvent autour de Le Garrec. Les 14 et 15 juin, deux compagnies, soit 450 hommes, sont armées
Le 16 juin, le 3ème compagnie (Capt. Cosquer) prend position à l’est et au sud du château de Les Hardys, couvrant ainsi la route de Saint-Marcel. La 1ère Cie (Capt. Bessière) prend position à l’ouest de la 3ème couvrant le secteur de l’Abbaye. Enfin, la 2ème Cie s’installe au nord de la 3ème Cie et protège en liaison avec cette dernière le village des Grands-Points
Une compagnie du 9ème bataillon (Cdt Le Gouvello – AS/FTP) couvre le secteur Nord.
Le 18 juin, vers 04h30, des rafales de fusil-mitrailleur, puis de mitraillettes et de fusils alertent le camp. La bataille de Saint-Marcel vient de commencer. Le camp est défendu par 300 parachutistes et 1500 maquisards.
L’attaque majeure commence vers 06h30, lorsque les Allemands attaquent en force au nord du château de Les Hardys, à la jonction entre le 9ème bataillon et la 2ème Cie. Une section de la 3ème Cie (section Morgant) est envoyée en renfort pour colmater la brèche.
Les Allemands sont rejetés vers le nord est à l’issue d’une contre-attaque. Pendant toute la journée, l’ennemi maintient la pression au nord du dispositif, sur la 2ème compagnie qui tient bon, malgré de lourdes pertes. Son chef, le Capt Lemerdy est grièvement blessé au cou et doit être évacué. Blessé également le Lt Marienne, qui, après un passage au PC pour se faire soigner, revient sur la ligne de front.
Vers 07h00, les Allemands porte leurs efforts sur la 3ème Cie, où la section Grall, placée au nord reçoit l’assaut de deux sections de part et d’autre de la route conduisant à Saint-Marcel. Grall réussit à tenir sa position.
Vers 09h00, de nouvelles troupes allemandes du 7/ Fallschirmjäger Ersatz und Aubildung Rgt 2 arrivent et s’approchent du château vers le secteur de la section Le Gall. L’attaque débute aussitôt et dure toute la journée. La section Rio, à l’ouest du dispositif de la 3ème compagnie est également attaquée. La 1ère compagnie tient grâce aux tirs de flanquement de la section Rio.
Tout au long de la journée, des groupes de combat du bataillon, à peine armés, sont envoyés en renfort sur les points menacés. Les Allemands ne cessent d’envoyer des renforts. Des hommes de la 275e I.D. avec des Géorgiens du 798e Ostbattalion viennent appuyer les Fallschirmjäger.
Des résistants signalent au chef des SAS, le Cdt Bourgoin, l’arrivé de chars et d’artillerie. Celui-ci demande l’intervention de l’aviation anglaise qui intervient vers 15h30 avec les 506e, 507e et 508e squadron, équipés de P-47 Thunderbolt. Les avions alliés mitraillent les positions allemandes pendant une heure. Les Allemands, durement éprouvés se mettent en position défensive, ce qui permet aux défenseurs de réorganiser leurs positions.
Vers 18h00, de nombreux groupes ennemis (une compagnie de la 275e I.D.) venant de la route nationale attaquent la 3ème compagnie. Le Capt Cosquer maintient avec l’aide de SAS la liaison entre ses différentes sections. Les Allemands accentuent la pression également sur le secteur de Ste Geneviéve mais là aussi la 2ème Cie tient bon.
Un violente contre-attaque menée par les SAS et le FFI dans le secteur de Ste Geneviève oblige les Allemands à reculer, mais cette accalmie n’est que temporaire, car vers 19h00, l’ennemi attaque en force vers le château de Les Hardys et l’Abbaye. Les Allemands incendient les bois derrière les compagnies rendant les liaisons avec le reste du camp difficiles. Les fusils mitrailleurs et les voltigeurs fauchent des groupes de soldats. Les soldats ennemis, un instant décontenancés se regroupent et tentent de s’infiltrer entre les FFI. Là encore, les FM les repoussent et dégagent les groupes encerclés. Il est 19h30.
Par contre, au sud du dispositif, la situation est plus grave. Des groupes ennemis ont réussi à déborder les positions des FFI. Le Lt Rio repousse les assaillants à coups de grenade, mais il est tué par les Allemands.
Une attaque allemande sur le PC de La Nouée est repoussée par les Corps Francs du Lt Guillas.
Tous ces exploits n’empêchent malheureusement pas les Allemands de progresser. À la tombée de la nuit, l’ennemi déploie maintenant plus de 1 000 hommes en arc de cercle, du château de Sainte-Geneviève jusqu’à l’ouest du château des Hardys-Béhélec. En prévision de l’assaut final, la 275e division d’infanterie détache vers Saint-Marcel une unité du 298e bataillon géorgien et deux bataillons du 3e régiment d’artillerie.
Au PC de la Nouée, il apparaît évident que l’on ne pourra tenir plus longtemps sans épuiser complètement les munitions. On redoute, non sans raison, que le lendemain l’attaque reprenne avec les troupes fraîches appuyées par de l’artillerie. Le commandant Bourgoin et le colonel Morice décident la dispersion de la base tant qu’il est encore possible de décrocher dans de bonnes conditions, celle-ci n’ayant pas encore été encerclée. Tous les survivants doivent évacuer vers l’ouest, en direction des bois de Callac. La 1ère Cie du 2ème bataillon peut décrocher sans problème vers 22h00, mais les 2ème et 3ème Cies, toujours au contact avec l’ennemi doivent attendre 23h0à pour se replier.
Vers 23h15, le 2ème bataillon de Le Garrec, ou du moins, ce qu’il en reste a pu être rassemblé et se met en marche vers Callac.
A 23h30, Le capitaine Puech-Samson commandant la compagnie de protection donne donc l’ordre à deux parachutistes de faire sauter le dépôt d’armes et de munitions, qui représente plusieurs dizaines de tonnes de matériel.
Bilan de la journée : plus de 500 Allemands mis hors de combat (chiffre fourni par le Colonel Morice)
Le 2ème bataillon a perdu dans le combat 24 tués et 22 blessés. Saint-Marcel est la première bataille rangée livrée par les FFI en Bretagne. C’est une victoire et la preuve que, mal équipés, mal instruits, mal vêtus et mal nourris, les résistants avaient malgré tout su prendre l’ascendant sur un ennemi aguerri. Parmi tous ces hommes, un hommage plus particulier doit être rendu à la 3ème cie qui a subi le plus gros effort de la journée du 18. Composée de volontaires disparates, cheminots d’âge mûr et jeunes gens des villes, elle a su sous l’impulsion du capitaine Cosquer, devenir une unité d’élite.
b.L’arrivée des Américains
Suite aux combats de Saint Marcel, les bataillons O.R.A. doivent se réorganiser. Heureusement les parachutages d’armes et de matériel sont nombreux, permettant d’équiper dignement les volontaires FFI.
Mais d’un autre côté, la Gestapo (Gefepo) et le SD allemand ne restent pas inactif et la résistance morbihannaise souffre. Quantité d’arrestations sont faites, dont celles de Robo et de Manceau qui n’échapperont à la mort que de justesse.
Dans la journée du 04 août, les colonnes américaines pénètrent dans le département, en provenance de Rennes. La veille, l’ordre de soulèvement général des maquis bretons a été émis par la BBC (« Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros Guirec ? »).
A cette date, le 2ème bataillon de Le Garrec occupe un vaste secteur autour d’Auray, limité au sud par la mer et passant par Arradon, Locmariaquer, Carnac, Plouharnel, bordé à l'Ouest par la rivière Etel et à l’Est par Plumegat et Baden.
Le 3ème bataillon tient le secteur de Pontivy et le 7ème opère dans le secteur autour de Lorient.
Les journaux de marche des bataillons nous donnent un aperçu des combats :
- 2ème bataillon :
Sitôt reçu l’ordre de soulèvement, les convois ennemis sont attaqués sur les routes. A Baden, appuyés par des parachutistes (SAS ou Jedburghs), la 1ère compagnie disperse un fort convoi et dégage le bourg. A Sainte-Anne-d’Auray, l’hôpital allemand est préservé de la destruction et occupé. Les camps allemands de Kervalh et Py-Park sont pris avec tout le matériel qui s’y trouve.
A partir du 07 août, tout le terrain est nettoyé et de nombreux prisonniers faits, mais les Allemands s’enferment dans la presqu’île de Quiberon et prennent Erdeven-Etel. Le 11 août, la 5ème compagnie attaque et libère Erdeven-Etel, faisant 75 prisonniers. Il n’est pas possible, faute d’artillerie de déloger les Allemands retranchés dans les ouvrages fortifiés du Bégot. Cette batterie, construite en 1943, est, avec ses 4 canons français Schneider de 340 mm, la plus puissante des batteries allemandes. Elle peut prendre sous son feu l’ensemble de la baie de Lorient. Pour protéger les encuvements et la tour de direction de tir, près de 60 bunkers sont construits (abris pour le personnel, soutes à munitions, casemates de défense).
Les FFI du 2ème bataillon tentent une nouvelle attaque le 23 août, sans succès. Il faudra le concours des Américains pour que cette place forte tombe enfin, le 16 février 1945
- 3ème bataillon :
Suite à l’arrestation du colonel Robo, c’est le capitaine Mahé, jusque là chef de la 2ème compagnie, qui prend le commandement du bataillon. Les FFI n’attendent pas le 03 août pour harceler l’ennemi. Le 27 juillet, sur tout le secteur, des convois ennemis sont attaqués. La compagnie Massardier, attaquée dans son maquis, réussit à décrocher en infligeant des pertes sévères à l’ennemi.
Le 04 août, les blindés américains pénètrent dans Pontivy (CCA de la Super Sixth). Des éléments FFI participent au défilé. Le colonel Robo ; libéré, reprend les rênes du bataillon, qui poursuit le nettoyage de la région. Une compagnie est envoyée dans la région de Paimpol, deux autres dans le secteur de Lorient où elles participeront à l’investissement de la poche jusqu’au 30 novembre.
- 7ème bataillon :
Le 03 août, les FFI du 3ème bataillon attaquent les Allemands. Lors du 1er engagement, le capitaine de Beaufort (2ème compagnie) est grièvement blessé puis sauvagement achevé. Sur toutes les routes du secteur d’Hennebont, Pont Scorff, Plouay, les colonnes ennemies sont attaquées et dispersées. Les compagnies FFI se rapprochent de Lorient. Le 07 août, les Américains venant d’Auray (CCA de la 4th Armored division) arrivent vers Hennebont où le commandant Muller a établi son PC. Après un court et violent combat, les Allemands évacuent la ville et se replient vers Lorient, non sans avoir fait sauter les ponts derrière eux. La région de Pont Scorff est libérée. Les compagnies s’y installent, organisent la défense et procèdent au nettoyage des derniers éléments allemands.
Le 11 août, les Allemands attaquent vers Hennebont. Cette tentative est stoppée après de sévères combats. Le 12 août, une nouvelle attaque est lancée sur l’autre rive de Blavet. Le château de Kerlois est défendu par des éléments du 2ème bataillon. Les Allemands restent actifs jusqu’au 15 août, date à laquelle le front de Lorient est enfin stabilisé. Le 7ème bataillon restera devant la poche jusqu’à la fin des hostilités.
Le siège de Lorient
Le Morbihan est libéré, mais 26 000 Allemands – pour la moitié des marins, sous les ordres du général Fahrmbacher, s’enferment dans ce qui deviendra la Festung Lorient. L’artillerie des points fortifiés est réorganisée ; les canons tournés vers la terre. La Festung possède près de 500 pièces qui protégent la forteresse, dont les canons de 340 mm de la batterie du Bégot et les 203 mm de la batterie Seydlitz sur l’île de Groix. Les voies d’accès sont bloquées par des obstacles antichars et minées, des zones inondées, les ponts détruits.
En face, les bataillons FFI, appuyés par les forces américaines encerclent la poche. Le front est divisé en quatre secteurs dont trois sont sous la responsabilité de commandants O.R.A. :
- le secteur ouest, 17ème bataillon FFI du Finistère sous les ordres du commandant Loyer, responsable de la région de Quimperlé,
- le secteur centre, trois bataillons de FFI (6, 7 et 9ème) soutenu par un bataillon d’artillerie de 105 mm de la 94ème division d’infanterie américaine, sous le commandement du Cdt Muller,
- le secteur est, 2 bataillons de FFI (2 et 14ème) sous les ordres de Le Garrec.
La jonction ente Muller et Le Garrec est assuré par les troupes FFI du Cdt Le Coutaller, soutenu par un autre bataillon d’artillerie américain et par le 3ème bataillon FFI O.R.A. du colonel Robo.
Les Allemands ne se cantonnent pas à la défensive. Poussés par les nécessités du ravitaillement ils tentent plusieurs incursions, notamment dans le secteur du Cdt Le Coutaller. Le village de Sainte Hélène tombe entre leurs mains fin octobre, mais en contre partie, les hommes du commandant Le Garrec prennent Erdeven fin août et Etel fin septembre. Du côté du secteur du Cdt Muller, les Allemands lancent également des patrouilles offensives dans les régions de Pen-Prat-en-Caudran, Le Cosquer et Kersamdy-en-Pont-Scorff. Toutes sont repoussées et courant novembre les FFI reprennent l’initiative des opérations.
Mi novembre 44, est constituée la 19ème division d’infanterie (Gal Borgnis Desbordes), dans laquelle sont incorporés les bataillons FFI et notamment ceux des 2ème et 7ème bataillons O.R.A.
Ainsi se terminait l’aventure résistante des hommes de l’O.R.A. du Morbihan.
Re: l'ORA en Bretagne
et pour finir
L’O.R.A. dans le Finistère
Le capitaine Luc Robet reste la personnalité représentative de la résistance O.R.A .dans le Finistère. Dès sa démobilisation en novembre 1940, il devient membre du réseau Hector (crée par le colonel Heurteaux). Profondément attaché à son environnement catholique, il demande aux Camelots de Bretagne de se joindre au mouvement résistant. Après l’arrestation des responsables d’Hector, il devient membre du réseau Eleuthère (Libé- Nord) où sa pratique régulière de l’anglais facilite les contacts avec les S.R. anglais.
En septembre 1943, il prend contact avec le commandement central de l’O.R.A (commandant Ailleret) et est nommé chef départemental. En novembre, un accord est réalisé entre l’O.R.A. et Guy Faucheux (Max), chef du réseau Vengeance. Arrêté à Rennes en compagnie d’ André de Freslon, il est déporté en Allemagne d’où il ne reviendra qu’au mois de mai 1945. Il est remplacé dans l’organisation O.R.A par de Neuville qui confie au lieutenant Chancerelle le recrutement dans la région de Douarnenez où sous l’impulsion de l’abbé Cariou également du réseau Vengeance, la réunion des réseaux de résistance est effective au mois d’avril 1944. Le commandement militaire du canton est donné à l’administrateur de la marine Québriac, Chancerelle conservant le commandement de la 1ère compagnie au Juch,la 4ème compagnie de Tréboul aux ordres de Pierre Berrou, ces deux compagnies intégrées dans les forces FFI qui compteront environ 300 hommes.
Le secteur de Pont Croix est confié au lieutenant-colonel Plouhinec, originaire d’Audierne qui le réorganise au mois de mai 1944. Il crée avec le capitaine Bourdon un réseau de renseignements et de liaisons et organise des exercices nocturnes d’instruction militaire et fait exécuter des sabotages de lignes téléphoniques.
Le secteur de Quimperlé, tourné au départ vers le Morbihan, est confié au capitaine Loyer qui avec l’aide de Neuville qui arrive à rassembler 1000 hommes (O.R.A., Libé-Nord, Vengeance et Armée Secrète)
a. la lutte armée
Secteur de Douarnenez
Le 06 juin, le PC de l’ORA établi au chalet de Kernoalet étend son action sur 4 secteurs, Le Juch (joseph), Ploaré (Pierre), Pouldavid (paul) et Tréboul (théodore).
Les maquis sont sans armes. Rien n’a été parachuté malgré de nombreuses demandes. Cependant, avec les moyens du bord et en attendant de prendre les armes à l’ennemi, les résistants engagent des opérations de sabotage et de guérilla.
Ils harcèlent les Allemands à tel point, que le 31 juillet, 400 Allemands encerclent le PC de Juch et les fermes avoisinantes. Ils perquisitionnent partout sans heureusement rien découvrir.
Le 04 août, c’est l’insurrection à Douarnenez.
Combats de rues à Douarnenez.
Le 04 août, le lieutenant Hernandez se présente devant les locaux de la Gast pour demander leur reddition. Les douaniers acceptent et livrent leurs armes aux FFI. Hernandez tente en suite la même démarche auprès des membres de la Kommandantur de Ploaré, mais il essuie un refus. Dans la soirée, le commandant allemand descend en ville pour faire enlever les drapeaux français et faire rentrer la population chez elle. Le combat est engagé. Des coups de feu éclatent. Deux F.M. posés à La Croix par les FFI prennent la route en enfilade et forcent les Allemands à se replier. Rue Jean Jaurès, 2 voitures allemandes sont attaquées à la grenade. Une mitrailleuse lourde, mise en batterie à Ploaré, tient l’ennemi en respect. Les FFI s’organisent et au cours de diverses patrouilles 120 prisonniers sont faits au Riz, à Tréboul, à l’île Tristan, à Pouldavid et Poullan. Un important stock de matériel, dont 2 camions chargés de dynamite chargés de faire sauter le port, est récupéré.
Une patrouille formée de Chancerelle, Le Doare et A. Le Garrec tend une embuscade sur la route de Locronan. Malgré le dispositif mis en place, l’ennemi arrive à s’infiltrer dans Douarnenez. Une soixantaine d’Allemands armés de 6 FM (MG 34 ?) descend de Ploaré, sept camions pénètrent dans la ville. De durs combats s’engagent dans des conditions très difficiles, l’ennemi possédant une nette supériorité numérique. Des résistants tombent; Eugène Lucas, les gendarmes Riou et Rovel.
Un Lancaster du 617th squadron de la RAF, immatriculé JB319 « Dark Victor », qui participait au raid sur la base sous marine de Brest est touché par la Flak et tombe dans la baie de Douarnenez. Seul le pilote canadien, Don Cheney est recueilli par les pêcheurs et caché chez Aristide Québriac (ORA), commandant des FFI du sud Finistère.
Des négociations s’engagent entre les résistants et les Allemands sur une possible évacuation de la ville. La situation reste tendue jusqu’au 08 août et finalement les Allemands évacuent la ville et se replient sur la presqu’île de Crozon.
Suite à la libération de la cité, les FFI s’organisent et 5 sections sont formées. Celle commandé par le lieutenant Hernandez se charge de maintenir l’ordre dans Douarnenez, les troupes de l’ORA participent ensuite à la bataille de Crozon, sur la gauche du dispositif, jusqu’à la reddition des troupes allemandes de la presqu’île.
Secteur de landerneau
Après plusieurs opérations locales menées par quelques audacieux, le détachement commandé par Radenac, est informé que, dans la nuit du 04 au 05 août, douze Français ont été parachutés avec du matériel. La section du 3ème RCP (mission Derry 3), composée de 12 hommes et dirigée par le lieutenant Edgard Tupët-Thomé et le sous-lieutenant Anspach, est hébergée chez l’amiral Adrien de Boisanger dans le château de Kerdaoulas en Saint-Urbain.
La mission Derry 3
Bellon Louis, Briguet André Jean, Bruand, Dubosc Philippe, Garros Denis Auguste, Guichard Guy, Sgt Klein Lucien, Cpl/C Le Nabour André, Pantalacci André, Paulus Raymond
CPL/C Sabatier Louis, Seruguet Robert, Lt Tupet Edgar
Radenac entre en rapport avec le lieutenant Thomé qui lui demande de servir de guide. Radenac ne garde avec lui que deux adjoints, Georges Le Guyader et Paul Le Hir.
Ce 05 août, le groupe attaque la Kommandantur locale de Daoulas, installée dans le château de Kérisit. 10 Allemands sont tués et une trentaine faite prisonnier. Un parachutiste A. Briguet est gravement blessé. L’arrivée d’une colonne allemande force les parachutistes à se réfugier dans le village de Guiler en Irvillac.
Le 06 et le 07 août, le groupe prend à l’ennemi 40 fusils et des grenades.
Le 09, c’est l’entré à Landerneau où les Allemands qui y restent sont chassés après un combat de plusieurs heures. Un important butin est saisi. Il va permettre d’armer les 300 hommes de Landerneau.
Par la suite, une partie des FFI va s’occuper des opérations de nettoyage dans la région tandis que l’autre va participer à l’investissement de Brest où, le 19 septembre Georges Guyader pourra hisser le drapeau français sur la préfecture maritime.
(D’autres sources citent Jean Dolou appartenant à un groupe de résistants de Landerneau connu sous le nom de « Section Spéciale Franche Pengam »)
Secteur d’Audierne
Au début de l’année 1944, les groupes de résistance de la région se préparent à la lutte ouverte et un embryon de formation militaire apparaît sous le nom de bataillon de Pont-Croix, à l’origine commandé par le capitaine de réserve Marie, propriétaire de l’hôtel des Voyageurs à Pont-Croix, secondé par le capitaine de réserve Bourdon, instituteur à Audierne.
Début mai, le commandant Plouhinec, rapatrié d’Allemagne comme malade est de retour à son domicile. Les deux responsables du bataillon lui demandent d’en prendre le commandement. Bien que mal remis de sa captivité, ce dernier accepte et prend Marie et Bourdon comme adjoint. Le lieutenant Peron (ORA) commande la compagnie « Cambronne » qui devient au mois d’août le bataillon « D’Estienne d’Orves ». Le manque d’armes récurent parmi les résistants du Finistère fait que les opérations contre l’ennemi restent anecdotiques jusqu’au soulèvement général.
Dans la nuit du 03 au 04, les Allemands évacuent l’île de Sein. Le 04, les Russes installés à Pont-Croix, au manoir de Treflest, manifestent l’intention de se replier vers Douarnenez. Plouhinec envoient deux compagnies, dont celle du Lt Peron leur tendre une embuscade.
Mais dans la soirée, Plouhinec reçoit comme information que les Allemands veulent faire sauter le port d’Audierne. Il bat le rappel de ses 2 compagnies, ordre qui n’empêche pas l’occupant de faire sauter le quai dans le soirée et de se replier en bon ordre sur Lézongar. Hormis quelques escarmouches, la journée du 05 se déroule dans le calme. Par contre le 06, les Allemands manifestent leur intention de déloger les FFI de la ville. Des canons légers appuient leur progression. Ils parviennent grâce à leur supériorité à atteindre le centre ville, subissant toutefois des pertes sensibles. La résistance s’accrochait partout. Le commandant Plouhinec fut légèrement blessé, une balle allemande lui enlevant le bout d’une oreille.
Vers midi, sentant qu’ils n’arriveraient à reconquérir et surtout à conserver le terrain, les Allemands se replient sur Lézongar et dans la soirée leur commandant convoque Plouhinec. Après quelques vifs échanges, une trêve est conclue. Les Allemands restent enfermés derrière leurs barbelés jusqu’à l’arrivée des Américains aux quels ils se rendront.
Plouhinec croit l’affaire réglée, mais dans la soirée du 06, on lui signale l’arrivée de trois colonnes de « Russes blancs ». Cette formation forte d’environ 350 hommes est motorisée et puissamment armée menace de détruire les forces françaises. Plouhinec tente là aussi la négociation, mais ces Russes sont moins conciliants et les FFI sont obligés d’évacuer discrètement la ville. Pendant 2 jours, les « Russes blancs » occupent Audierne, détruisant quelques habitations, tuant également plusieurs civils. Le 08, ils évacuent la ville et se dirigent vers la presqu’île de Crozon.
Le 13 août, le commandant Plouhinec est appelé à Quimper, à l’Etat-major départemental des FFI pour prendre les fonctions d’adjoint du colonel Eon, chef de la mission « Aloes ». le capitaine Marie le remplace.
Le 14 août, un commando de la garnison de Lezongar fort de 60 à 80 soldats mène un raid sur la commune de Plozévet, mitraillant tout sur son passage, avant de retourner sur la position fortifiée.
Le 25 août, en soirée, le lieutenant Lardic dont le PC se trouve au lieudit « Les Quatre-Vents » siganle au PC de Quimper un mouvement insolite du côté de Lézongar. Les Allemands ont réquisitionné 100 charrettes avec conducteur pour conduire un convoi (environ 300 hommes) en direction de Beuzec-Cap Sizun, convoi qui devait transporter les rescapés de la bataille navale qui s’était déroulée devant Audierne 2 à 3 jours auparavant.
Placé sous le commandement du colonel Eon, un détachement FFI composé des hommes du corps franc Marceau, du groupe Dampierre (FTPF) et de la section Tréboul (ORA), soit 92 hommes armés de 76 fusils, 3 F.M., appuyés par l’auto canon du capitaine Dampierre, se poste en embuscade aux environs du bourg de Beuzec, à la hauteur de le ferme de Lesven.
Vers 02 h00 du matin, une rafale de mitraillette partie de la section Tréboul donne l’alerte à l’ennemi qui riposte par un feu nourri de mitrailleuses et de canon de 20 mm de la canonnière prévue pour l’embarquement des Allemands. Les sections sont obligées de se replier, mais elles ont réussi à empêcher l’embarquement. Reste à gérer les 300 Allemands qui, eux, n’ont pas l’intention de se rendre et commencent à encercler les FFI. Le matin du 26, les résistants reçoivent des renforts d’Audierne, Plouhinec, Esquibien. L’administrateur Le Fur rameute les unités locales. Toutes ces troupes réussissent à fixer l’ennemi, qui résiste encore. Seule l’arrivée de l’auto canon, vers 16 heures, réussit à forcer la décision.
Remarque : par le plus grand des hasards, la reddition d’un fort parti allemand se fit juste au moment où l’auto canon tomba en panne.
Les opérations de nettoyage se poursuivent tard dans la soirée. Bilan 228 prisonniers, 20 blessés, 30 morts du côté allemand, de nombreux matériels récupérés (4 canons de 20 mm, des mitrailleuses, plus de 250 fusils) et 11 (14 selon certaines sources) pertes du côté des FFI.
La plus belle victoire des FFI dans la région………
Reste la position de Lezongar, totalement encerclée par 5 à 600 cents soldats FFI.
Le désormais colonel Plouhinec multiplie les démarches auprès de Américains afin d’obtenir leur appui. Il trouve un appui précieux dans la personne d’un jeune américain, nommé Rothschild. Les Américains donnent leur accord, mais il faut attendre le 20 septembre pour voir arriver les éléments de la Task force A du général Earnest. Une première attaque est lancée vers 10 h30. Les blindés US attaquent le bastion sans prévenir, alors que l’artillerie FFI (2 canons de 75, un de 105 et un de 155 mm), efficace, certes, mais avec un système de pointage rudimentaire, tente de les appuyer Les obus tombent sur les chars empêtrés dans les barbelés. Un bref échange verbal entre Earnest et Plouhinec met fin à cette mésaventure. L’attaque reprend vers 14 h00, précédé cette fois par un bombardement. Les tanks suivent épaulés par les FFI.
Vers 15 h30, les Français forcent les portes et hissent un drapeau bleu blanc rouge, les Allemands, par contre, agitent le drapeau blanc. 360 hommes de l’ORA (bataillon de Douarnenez – 1ère Cie : Yvon Chancerelle ; 2ème Cie :Hellas ; 4ème Cie : Berrou et 5ème Cie : Guillou) avaient pris part à l’opération.
Ce 20 septembre 1944, le Finistère était entièrement libéré des Allemands.
pour Audierne: source les cahiers de l'Iroise n°1 année 1962 - Audierne, Pont Croix et tout le Cap-Sizun dans la lutte contre l'occupant (2ème partie) de Alain Le Grand
site http://memoire.audierne.free.fr/photos_liberation/index.html[/u]
L’O.R.A. dans le Finistère
Le capitaine Luc Robet reste la personnalité représentative de la résistance O.R.A .dans le Finistère. Dès sa démobilisation en novembre 1940, il devient membre du réseau Hector (crée par le colonel Heurteaux). Profondément attaché à son environnement catholique, il demande aux Camelots de Bretagne de se joindre au mouvement résistant. Après l’arrestation des responsables d’Hector, il devient membre du réseau Eleuthère (Libé- Nord) où sa pratique régulière de l’anglais facilite les contacts avec les S.R. anglais.
En septembre 1943, il prend contact avec le commandement central de l’O.R.A (commandant Ailleret) et est nommé chef départemental. En novembre, un accord est réalisé entre l’O.R.A. et Guy Faucheux (Max), chef du réseau Vengeance. Arrêté à Rennes en compagnie d’ André de Freslon, il est déporté en Allemagne d’où il ne reviendra qu’au mois de mai 1945. Il est remplacé dans l’organisation O.R.A par de Neuville qui confie au lieutenant Chancerelle le recrutement dans la région de Douarnenez où sous l’impulsion de l’abbé Cariou également du réseau Vengeance, la réunion des réseaux de résistance est effective au mois d’avril 1944. Le commandement militaire du canton est donné à l’administrateur de la marine Québriac, Chancerelle conservant le commandement de la 1ère compagnie au Juch,la 4ème compagnie de Tréboul aux ordres de Pierre Berrou, ces deux compagnies intégrées dans les forces FFI qui compteront environ 300 hommes.
Le secteur de Pont Croix est confié au lieutenant-colonel Plouhinec, originaire d’Audierne qui le réorganise au mois de mai 1944. Il crée avec le capitaine Bourdon un réseau de renseignements et de liaisons et organise des exercices nocturnes d’instruction militaire et fait exécuter des sabotages de lignes téléphoniques.
Le secteur de Quimperlé, tourné au départ vers le Morbihan, est confié au capitaine Loyer qui avec l’aide de Neuville qui arrive à rassembler 1000 hommes (O.R.A., Libé-Nord, Vengeance et Armée Secrète)
a. la lutte armée
Secteur de Douarnenez
Le 06 juin, le PC de l’ORA établi au chalet de Kernoalet étend son action sur 4 secteurs, Le Juch (joseph), Ploaré (Pierre), Pouldavid (paul) et Tréboul (théodore).
Les maquis sont sans armes. Rien n’a été parachuté malgré de nombreuses demandes. Cependant, avec les moyens du bord et en attendant de prendre les armes à l’ennemi, les résistants engagent des opérations de sabotage et de guérilla.
Ils harcèlent les Allemands à tel point, que le 31 juillet, 400 Allemands encerclent le PC de Juch et les fermes avoisinantes. Ils perquisitionnent partout sans heureusement rien découvrir.
Le 04 août, c’est l’insurrection à Douarnenez.
Combats de rues à Douarnenez.
Le 04 août, le lieutenant Hernandez se présente devant les locaux de la Gast pour demander leur reddition. Les douaniers acceptent et livrent leurs armes aux FFI. Hernandez tente en suite la même démarche auprès des membres de la Kommandantur de Ploaré, mais il essuie un refus. Dans la soirée, le commandant allemand descend en ville pour faire enlever les drapeaux français et faire rentrer la population chez elle. Le combat est engagé. Des coups de feu éclatent. Deux F.M. posés à La Croix par les FFI prennent la route en enfilade et forcent les Allemands à se replier. Rue Jean Jaurès, 2 voitures allemandes sont attaquées à la grenade. Une mitrailleuse lourde, mise en batterie à Ploaré, tient l’ennemi en respect. Les FFI s’organisent et au cours de diverses patrouilles 120 prisonniers sont faits au Riz, à Tréboul, à l’île Tristan, à Pouldavid et Poullan. Un important stock de matériel, dont 2 camions chargés de dynamite chargés de faire sauter le port, est récupéré.
Une patrouille formée de Chancerelle, Le Doare et A. Le Garrec tend une embuscade sur la route de Locronan. Malgré le dispositif mis en place, l’ennemi arrive à s’infiltrer dans Douarnenez. Une soixantaine d’Allemands armés de 6 FM (MG 34 ?) descend de Ploaré, sept camions pénètrent dans la ville. De durs combats s’engagent dans des conditions très difficiles, l’ennemi possédant une nette supériorité numérique. Des résistants tombent; Eugène Lucas, les gendarmes Riou et Rovel.
Un Lancaster du 617th squadron de la RAF, immatriculé JB319 « Dark Victor », qui participait au raid sur la base sous marine de Brest est touché par la Flak et tombe dans la baie de Douarnenez. Seul le pilote canadien, Don Cheney est recueilli par les pêcheurs et caché chez Aristide Québriac (ORA), commandant des FFI du sud Finistère.
Des négociations s’engagent entre les résistants et les Allemands sur une possible évacuation de la ville. La situation reste tendue jusqu’au 08 août et finalement les Allemands évacuent la ville et se replient sur la presqu’île de Crozon.
Suite à la libération de la cité, les FFI s’organisent et 5 sections sont formées. Celle commandé par le lieutenant Hernandez se charge de maintenir l’ordre dans Douarnenez, les troupes de l’ORA participent ensuite à la bataille de Crozon, sur la gauche du dispositif, jusqu’à la reddition des troupes allemandes de la presqu’île.
Secteur de landerneau
Après plusieurs opérations locales menées par quelques audacieux, le détachement commandé par Radenac, est informé que, dans la nuit du 04 au 05 août, douze Français ont été parachutés avec du matériel. La section du 3ème RCP (mission Derry 3), composée de 12 hommes et dirigée par le lieutenant Edgard Tupët-Thomé et le sous-lieutenant Anspach, est hébergée chez l’amiral Adrien de Boisanger dans le château de Kerdaoulas en Saint-Urbain.
La mission Derry 3
Bellon Louis, Briguet André Jean, Bruand, Dubosc Philippe, Garros Denis Auguste, Guichard Guy, Sgt Klein Lucien, Cpl/C Le Nabour André, Pantalacci André, Paulus Raymond
CPL/C Sabatier Louis, Seruguet Robert, Lt Tupet Edgar
Radenac entre en rapport avec le lieutenant Thomé qui lui demande de servir de guide. Radenac ne garde avec lui que deux adjoints, Georges Le Guyader et Paul Le Hir.
Ce 05 août, le groupe attaque la Kommandantur locale de Daoulas, installée dans le château de Kérisit. 10 Allemands sont tués et une trentaine faite prisonnier. Un parachutiste A. Briguet est gravement blessé. L’arrivée d’une colonne allemande force les parachutistes à se réfugier dans le village de Guiler en Irvillac.
Le 06 et le 07 août, le groupe prend à l’ennemi 40 fusils et des grenades.
Le 09, c’est l’entré à Landerneau où les Allemands qui y restent sont chassés après un combat de plusieurs heures. Un important butin est saisi. Il va permettre d’armer les 300 hommes de Landerneau.
Par la suite, une partie des FFI va s’occuper des opérations de nettoyage dans la région tandis que l’autre va participer à l’investissement de Brest où, le 19 septembre Georges Guyader pourra hisser le drapeau français sur la préfecture maritime.
(D’autres sources citent Jean Dolou appartenant à un groupe de résistants de Landerneau connu sous le nom de « Section Spéciale Franche Pengam »)
Secteur d’Audierne
Au début de l’année 1944, les groupes de résistance de la région se préparent à la lutte ouverte et un embryon de formation militaire apparaît sous le nom de bataillon de Pont-Croix, à l’origine commandé par le capitaine de réserve Marie, propriétaire de l’hôtel des Voyageurs à Pont-Croix, secondé par le capitaine de réserve Bourdon, instituteur à Audierne.
Début mai, le commandant Plouhinec, rapatrié d’Allemagne comme malade est de retour à son domicile. Les deux responsables du bataillon lui demandent d’en prendre le commandement. Bien que mal remis de sa captivité, ce dernier accepte et prend Marie et Bourdon comme adjoint. Le lieutenant Peron (ORA) commande la compagnie « Cambronne » qui devient au mois d’août le bataillon « D’Estienne d’Orves ». Le manque d’armes récurent parmi les résistants du Finistère fait que les opérations contre l’ennemi restent anecdotiques jusqu’au soulèvement général.
Dans la nuit du 03 au 04, les Allemands évacuent l’île de Sein. Le 04, les Russes installés à Pont-Croix, au manoir de Treflest, manifestent l’intention de se replier vers Douarnenez. Plouhinec envoient deux compagnies, dont celle du Lt Peron leur tendre une embuscade.
Mais dans la soirée, Plouhinec reçoit comme information que les Allemands veulent faire sauter le port d’Audierne. Il bat le rappel de ses 2 compagnies, ordre qui n’empêche pas l’occupant de faire sauter le quai dans le soirée et de se replier en bon ordre sur Lézongar. Hormis quelques escarmouches, la journée du 05 se déroule dans le calme. Par contre le 06, les Allemands manifestent leur intention de déloger les FFI de la ville. Des canons légers appuient leur progression. Ils parviennent grâce à leur supériorité à atteindre le centre ville, subissant toutefois des pertes sensibles. La résistance s’accrochait partout. Le commandant Plouhinec fut légèrement blessé, une balle allemande lui enlevant le bout d’une oreille.
Vers midi, sentant qu’ils n’arriveraient à reconquérir et surtout à conserver le terrain, les Allemands se replient sur Lézongar et dans la soirée leur commandant convoque Plouhinec. Après quelques vifs échanges, une trêve est conclue. Les Allemands restent enfermés derrière leurs barbelés jusqu’à l’arrivée des Américains aux quels ils se rendront.
Plouhinec croit l’affaire réglée, mais dans la soirée du 06, on lui signale l’arrivée de trois colonnes de « Russes blancs ». Cette formation forte d’environ 350 hommes est motorisée et puissamment armée menace de détruire les forces françaises. Plouhinec tente là aussi la négociation, mais ces Russes sont moins conciliants et les FFI sont obligés d’évacuer discrètement la ville. Pendant 2 jours, les « Russes blancs » occupent Audierne, détruisant quelques habitations, tuant également plusieurs civils. Le 08, ils évacuent la ville et se dirigent vers la presqu’île de Crozon.
Le 13 août, le commandant Plouhinec est appelé à Quimper, à l’Etat-major départemental des FFI pour prendre les fonctions d’adjoint du colonel Eon, chef de la mission « Aloes ». le capitaine Marie le remplace.
Le 14 août, un commando de la garnison de Lezongar fort de 60 à 80 soldats mène un raid sur la commune de Plozévet, mitraillant tout sur son passage, avant de retourner sur la position fortifiée.
Le 25 août, en soirée, le lieutenant Lardic dont le PC se trouve au lieudit « Les Quatre-Vents » siganle au PC de Quimper un mouvement insolite du côté de Lézongar. Les Allemands ont réquisitionné 100 charrettes avec conducteur pour conduire un convoi (environ 300 hommes) en direction de Beuzec-Cap Sizun, convoi qui devait transporter les rescapés de la bataille navale qui s’était déroulée devant Audierne 2 à 3 jours auparavant.
Placé sous le commandement du colonel Eon, un détachement FFI composé des hommes du corps franc Marceau, du groupe Dampierre (FTPF) et de la section Tréboul (ORA), soit 92 hommes armés de 76 fusils, 3 F.M., appuyés par l’auto canon du capitaine Dampierre, se poste en embuscade aux environs du bourg de Beuzec, à la hauteur de le ferme de Lesven.
Vers 02 h00 du matin, une rafale de mitraillette partie de la section Tréboul donne l’alerte à l’ennemi qui riposte par un feu nourri de mitrailleuses et de canon de 20 mm de la canonnière prévue pour l’embarquement des Allemands. Les sections sont obligées de se replier, mais elles ont réussi à empêcher l’embarquement. Reste à gérer les 300 Allemands qui, eux, n’ont pas l’intention de se rendre et commencent à encercler les FFI. Le matin du 26, les résistants reçoivent des renforts d’Audierne, Plouhinec, Esquibien. L’administrateur Le Fur rameute les unités locales. Toutes ces troupes réussissent à fixer l’ennemi, qui résiste encore. Seule l’arrivée de l’auto canon, vers 16 heures, réussit à forcer la décision.
Remarque : par le plus grand des hasards, la reddition d’un fort parti allemand se fit juste au moment où l’auto canon tomba en panne.
Les opérations de nettoyage se poursuivent tard dans la soirée. Bilan 228 prisonniers, 20 blessés, 30 morts du côté allemand, de nombreux matériels récupérés (4 canons de 20 mm, des mitrailleuses, plus de 250 fusils) et 11 (14 selon certaines sources) pertes du côté des FFI.
La plus belle victoire des FFI dans la région………
Reste la position de Lezongar, totalement encerclée par 5 à 600 cents soldats FFI.
Le désormais colonel Plouhinec multiplie les démarches auprès de Américains afin d’obtenir leur appui. Il trouve un appui précieux dans la personne d’un jeune américain, nommé Rothschild. Les Américains donnent leur accord, mais il faut attendre le 20 septembre pour voir arriver les éléments de la Task force A du général Earnest. Une première attaque est lancée vers 10 h30. Les blindés US attaquent le bastion sans prévenir, alors que l’artillerie FFI (2 canons de 75, un de 105 et un de 155 mm), efficace, certes, mais avec un système de pointage rudimentaire, tente de les appuyer Les obus tombent sur les chars empêtrés dans les barbelés. Un bref échange verbal entre Earnest et Plouhinec met fin à cette mésaventure. L’attaque reprend vers 14 h00, précédé cette fois par un bombardement. Les tanks suivent épaulés par les FFI.
Vers 15 h30, les Français forcent les portes et hissent un drapeau bleu blanc rouge, les Allemands, par contre, agitent le drapeau blanc. 360 hommes de l’ORA (bataillon de Douarnenez – 1ère Cie : Yvon Chancerelle ; 2ème Cie :Hellas ; 4ème Cie : Berrou et 5ème Cie : Guillou) avaient pris part à l’opération.
Ce 20 septembre 1944, le Finistère était entièrement libéré des Allemands.
pour Audierne: source les cahiers de l'Iroise n°1 année 1962 - Audierne, Pont Croix et tout le Cap-Sizun dans la lutte contre l'occupant (2ème partie) de Alain Le Grand
site http://memoire.audierne.free.fr/photos_liberation/index.html[/u]
Complément sur le secteur de Landerneau et Daoulas
Juste pour compléter et apporter quelques précisions, A. Briguet est tué lors de l'attaque de Daoulas (ref. Edgar Thome - Special Air Service, Paul Bonnecarrère - les parachutistes de la France Libre ...)
Lors de leur replis après l'attaque, Paul Le Hir conduit le groupe de parachutistes à la ferme du Cleguer (commune Le Trehou), chez la famille Bouguennec. Ils y seront hébergés la durée des combats qui suivent, jusqu'à la libération de Landerneau (ref. livres précédents + différents témoignages de reconnaissance : Edgar Thomé, Paulus, témoignage de reconnaissance des FFI daté d'aout 1945 ...).
Lors de leur replis après l'attaque, Paul Le Hir conduit le groupe de parachutistes à la ferme du Cleguer (commune Le Trehou), chez la famille Bouguennec. Ils y seront hébergés la durée des combats qui suivent, jusqu'à la libération de Landerneau (ref. livres précédents + différents témoignages de reconnaissance : Edgar Thomé, Paulus, témoignage de reconnaissance des FFI daté d'aout 1945 ...).
Denis Lcyr- Nombre de messages : 2
Date d'inscription : 27/07/2016
Re: l'ORA en Bretagne
Bonjour
"La 1ère compagnie, aux ordres du capitaine Georges Hillion formera 2 maquis, à Calan et à Craninen-en-Languidec"
C'est à Calan et à Kerallan en Languidic. Craninen en Languidic : c'est le lieu de réception d'un parachutage fin juillet 44.
La 1ère Cie a été crée à partir du groupe de résistants du Service National Maquis de l'Hennebontais Pierre Ferrand qui a créé le 1er maquis du Morbihan à Poulmein à Baud. https://bretagne-39-45.forums-actifs.com/t40-liste-des-maquis-bretons.
Yves
"La 1ère compagnie, aux ordres du capitaine Georges Hillion formera 2 maquis, à Calan et à Craninen-en-Languidec"
C'est à Calan et à Kerallan en Languidic. Craninen en Languidic : c'est le lieu de réception d'un parachutage fin juillet 44.
La 1ère Cie a été crée à partir du groupe de résistants du Service National Maquis de l'Hennebontais Pierre Ferrand qui a créé le 1er maquis du Morbihan à Poulmein à Baud. https://bretagne-39-45.forums-actifs.com/t40-liste-des-maquis-bretons.
Yves
iwann- Nombre de messages : 451
Localisation : 56
Date d'inscription : 12/06/2008
Re: l'ORA en Bretagne
Brest où, le 19 septembre Georges Guyader pourra hisser le drapeau français sur la préfecture maritime.
(D’autres sources citent Jean Dolou appartenant à un groupe de résistants de Landerneau connu sous le nom de « Section Spéciale Franche Pengam »)
Salut, voici Jean Dolou à la PREMAR (rue de Siam) en train d'hisser le drapeau en question.
Priol- Nombre de messages : 157
Date d'inscription : 04/06/2013
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