Les S.A.S. en Bretagne
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Les S.A.S. en Bretagne
Opérations S.A.S. après le 6 juin 1944
Tandis que les premiers parachutistes S.A.S. à toucher le sol de France s'efforcent d'établir les bases Samwest (Duault dans les Côtes du Nord) et Dingson (Saint Marcel dans le Morbihan), d'autres sticks se préparent à l'action. En tout, ils seront 18 et prendront dans le language codé Allié l'appellation : Cooney Parties
Les 18 sticks sont parachutés à J + 1 – J + 2, c'est-à-dire dans la nuit du 7 au 8 juin 1944. Ils ont décollé de la base britannique de Brize-Norton à bord de 9 avions de type Albemarle. Voici la composition des sticks et de leurs objectifs :
Lieutenant Viaud et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Saint Brieux et Guingamp.
Sergent Roquemaure et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Lamballe et Caulnes.
Aspirant Fauquet et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Lamballe et Dinan.
Lieutenant Appriou et 2 hommes : Sabotage devoie ferrée entre La Bohinière et Dinan.
Sergent Carré et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre La Bohinière et Rennes.
Sous-lieutenant Varnier et 4 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Messac et Rennes.
Sous lieutanant de Camaret, sous-lieutenant Cochin et 3 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Messac et Redon.
Sous-lieutenant Tisné et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Châteaubriant.
Sergent-chef Nicol et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Pontchâteau.
Lieutenant Mairet et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Questembert.
Sous-lieutenant de Kerillis et 2 hommes : Sabotage voie ferrée entre Questemberg et Vannes.
Sous lieutenant Brest et 2 hommes : Sabotage de voie fermée entre Ploërmel et Messac.
Sergent-chef Mendes-Caldas et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée Ploërmel - Questembert.
Capitaine Larralde et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Auray et Pontivy.
Sous-lieutenant Corta et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Ploërmel et Saint-Meen.
Sous lieutenant Legrand et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Saint-Meen et Loudéac.
Sous lieutenant Fernandez et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée Loudéac - Saint Brieux.
Capitaine de Mauduit et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Loudéac et Carhaix.
Toutes ces missions de sabotage réussirent parfaitement. Le réseau ferroviaire ainsi désorganisé, les Allemands perdirent beaucoup de temps dans l'acheminement de leurs troupes vers le front de Normandie. D'ailleurs, ils y renoncèrent très vite, car en Bretagne même leur situation allait devenir critique, parachutistes S.A.S. et maquisards faisant peser sur eux une lourde menace.
Cependant une mission finit tragiquement. Après avoir saboté la voie ferrée entre La Bohinière et Rennes, le sergent Carré rejoignait avec ses hommes la base qui lui avait été assignée. C'est alors qu'il fut attaqué par une unité allemande. La lutte étant inégale, Carré donna l'ordre à ses deux hommes de s'échapper. Seul, il fit face à l'ennemi et se battit avec le calme, la précision qu'on lui connaissait. Il mourut criblé de balles, mais son sacrifice ne fut pas vain, ses deux hommes échappèrent à l'ennemi.
Après le combat de Saint Marcel, Allemands et Miliciens redoublent de férocité. Malgré ce climat de terreur et de sang, les parachutistes S.A.S. s'organisent, les sticks se reconstituent. Jusqu'à l'arrivée des troupes de Patton, ils ne laisseront aucun répit à l'ennemi.
Dès le 21 juin 1944. le stick du lieutenant de Kerillis (dit Skinner)
comprenant les caporaux Pams et Croenne, les premières classes Serra et Harbinson, opère dans le secteur Elven - Saint-Nolf - Tréfléan - Vannes. Le stick s'est procuré des explosifs (plastic et Nobel 808) auprès de la compagnie F.F.I. du capitaine Ferrer qui lui fournit à l'occasion quelques hommes, pour assurer la protection lors des opérations de sabotage, et aussi, un guide remarquable et dévoué, Job Guillevic, un employé de l'électricité.
Jusqu'au 8 juillet 1944, les sabotages se succèdent : câbles téléphoniques souterrains et aériens (le second fut de 94 lignes dans la même nuit), pylônes à haute tension alimentant l'aérodrome de Meucon-Vannes et la base sous-marine de Lorient, voies ferrées.
Enfin , avant de rejoindre Toche-Milgourdy près de Plumélec, sur ordre du capitaine Marienne (encore en vie au moment de ces opérations), le lieutenant de Kerillis, sur renseignements sérieux fournis par des employés de la S.N.C.F., décide d'attaquer un train de matériel et de munitions en provenance de l'aérodrome de Meucon et que les Allemands ont décidé d'évacuer vers Rennes.
Le convoi est composé d'une quarantaine de wagons tractés par deux locomotives précédées chacune de deux wagons plate-formes, afin que si la voie est sabotée, ces deux wagons fassent sauter la charge par pression sans entrainer pour cela le déraillement et la destruction du train. Le dernier wagon est un wagon plate-forme armé de mitrailleuses M.G. 42 et d'un canon quadruple de 20 mm pour tir contre avions et troupes terrestres.
Le train doit quitter Vannes vers 22 heures. Une heure plus tôt le stick de Kérillis a quitté son refuge du hameau de Cran, avec quelques F.F.I. de la compagnie Ferrer. Les F.F.I. assurent la protection. Le lieutenant de Kerillis et ses quatre compagnons s'installent près de la voie. Deux bazookas, un fusil mitrailleur Bren, en plus de l'armement individuel constituent l'armement.
Le lieu de l'embuscade se trouve non loin du passage à niveau au lieu dit La-Vraie-Croix, à la sortie d'un déblai, de telle sorte que le déraillement se fasse au moment où le dernier wagon plate-forme équipé de son armement se trouvera dans le déblai. Le fusil mitrailleur Bren, en batterie sur un petit monticule prendra sous son feu, le train immobilisé ou couvrira le reste du stick contre toute arrivée possible d'une patrouille allemande.
La charge de plastic est mise en place sur la voie; de Kerillis a choisi la mise à feu électrique. Ainsi, il fera lui-même exploser la charge au moment propice.
Maintenant, c'est l'attente, la nuit est sombre, silencieuse. Soudain, dans le lointain, le halètement des locomotives annonce l'arrivée du train. Le convoi est à l'heure, il avance lentement; le voici à hauteur des parachutistes; de Kerillis compte : " un wagon, deux wagons, locomotive, tender, contact ! ". Un éclair aveuglant, une déflagration assourdissante qui secoue la campagne endormie. Le train déraille dans un bruit de ferrailles et de bois éclaté. Les S.A.S. aussitôt attaquent; Pams et Serra tirant au bazooka, ouvrant de larges brèches dans les flancs des wagons. Les bombes d'avions apparaissent empilées les unes sur les autres, mais aucune explosion ne se produit. Pals et Serra s'attaquent alors aux locomotives. Des chaudières éventrées s'échappent alors de longs jets de vapeur. De Kerillis et Croenne, pendant ce temps engage une sorte de duel avec des Allemands de la garde du train dont le tir décroit au fil de l'engagement.
Harbinson se dresse, le F.M. Bren à la hanche, et monté sur le ballast, remonte le train vers l'arrière, tout en mitraillant. Lorsqu'il arrive à proximité du wagon armé, les servants des armes ont disparu. Le silence retombe peu à peu. Après environ trente minutes de combat, les munitions presque épuisées, les parachutistes se replient en direction du hameau de Cran.
De leur côté, le capitaine Puech-Samson et le lieutenant Deplante, organisent en liaison étroite, les parachutages d'armes, de munitions, et d'équipement. La tactique des zones de largage disséminées sur une vraie étendue s'avère efficace. La mise sur pied d'unités de maquisards armés et équipés est reprise activement. Les coups de main reprennent. Des combats acharnés à dix contre un ont lieu chaque jour.
Le sous lieutenant avec les S.A.S. Pacifici,, Béguin, Ruttard constitue un bataillon de maquisards dans la région de Josselin, tandis que le sous-lieutenant Corta en organise un autre dans la région de Ploërmel. Les lieutenants Cochin et de Camaret (qui lentement guérit de ses blessures) commande un bataillon dans la région de Rochefort-en-Terre.
Partout la Résistance s'organise. Le lieutenant Lesecq malgré une blessure grave met sur pied une compagnie de maquisards aux environs de Lizio où il est soigné. Miraculeusement, il échappe à une fouille complète du village.
Le sous-lieutenant de Carville et le parachutiste Miodon ont groupé environ 450 maquisards. Lorsque l'unité est prête, ils attaquent, interviennent partout où cela est possible. Ils commencent quelques embuscades aux environs de Guiscriff (Morbihan) en collaboration avec le lieutenant Leborgne des "Spécial Forces"
Le 13 juillet, de Carville détruit un camion plein d'allemands au Faouët. Le 14, il fait sauter le train d'Hennebont –Lorient. Le lendemain, il se trouve à Quimperlé. Au petit jour 600 Allemands encerclent la propriété de Rosegrand où ils se cachent avec le Major Britannique O. Smith de l'état-major de la brigade S.A.S., un sergent radio britannique, le parachutiste Le Guyader et le lieutenant Le Borgne. Il faut sortir du piège, les S.A.S. tentent une sortie mais se heurtent à des groupes allemands qui avancent. Ils réussissent cependant à trouver un passage mal gardé. Le lendemain, la petite équipe est de nouveau cernée. Une fois encore, les parachutistes engagent le combat, tentent de briser l'encerclement. Le major britannique O. Smith, en franchissant un talus est mortellement atteint d'une rafale de mitrailleuse en pleine poitrine. Le parachutiste S.A.S. Miodon est blessé. Ils sont sur un petit glacis qu'il faut absolument franchir. Miodon jette grenade après grenade sur les allemands qui déferlent. Il est une nouvelle blessé, le bras cassé. Malgré ce lourd handicap, il tire maintenant de sa main valide avec son pistolet mitrailleur, vidant tous ses chargeurs. De nombreux Allemands s'écroulent. Miodon meurt, criblé de balles.
En Grande Bretagne avant de partir pour le camp secret de Fairford, Miodon avait écrit cette lettre à sa marraine de guerre britannique :
" J'ai de bonnes raisons de penser que ce court griffonnage sera ma dernière lettre que vous recevrez de moi pour bien longtemps… Si je dois mourir, ma mort prouvera combien j'ai
aimé la France. Ce sera la confirmation de mon amour spirituel et intellectuel; par conséquent, elle ne sera pas vaine. Quoiqu'il arrive, je ne pense pas qu'on puisse regretter d'avoir aimé (quelqu'un ou un idéal) car souvenez vous d'Aragon : "Un homme n'a rien de plus beau, de plus pur, de plus digne d'être glorifié que son amour."
Tandis que le S.A.S. Miodon meurt glorieusement, le sergent-radio britannique réussit à échapper aux recherches allemandes. Le parachutiste Le Guyader, blessé, tombe évanoui dans un ruisseau. Quelques heures plus tard il sort de son évanouissement, les Allemands sont près de la ferme qu'ils incendient après avoir fusillé le fermier Mr Fiche. Le lieutenant Leborgne a foncé dans une direction. Il se trouve soudain face à l'officier allemand qui commande l'opération. Il l'abat de son pistolet Colt et vide son chargeur sur quelques allemands qui s'enfuient. Il peut alors s'échapper.
De Carville a réussi lui aussi à sortir de l'encerclement. Le lendemain il retrouve Leborgne.
Les blindés de Patton progressent en Bretagne. Le 3 août, Guiscriff est libre. Rosporden est tenu par les F.F.I. Mais ils ne peuvent résister à une contre-attaque allemande. De Carville, à la tête d'une centaine de maquisards arrive en trombe sur les allemands et les bouscule : la ville sera libérée. Le lendemain, nouvelle attaque, mais de Carville l'avait prévue et attend l'ennemi à un kilomètre de la ville et le rejette à nouveau. Les Allemands poursuivent leurs attaques avec acharnement.
Le sous lieutenant de Carville, blessé par trois fois, refuse d'être évacué. Il mourra quelques jours plus tard après avoir vu Quimperlé libéré.
Dans le secteur d'Auray-Hennebont-Baden, début août 1944, opère un stick de trois parachutistes S.A.S.l'adjudant Duseval, le sergent-chef Nicol et le caporal Richert. Duseval est un as du volant et un passionné de mécanique.
Il remet en état une traction avant Citroën, mais les portières, pare-brises et lunette arrière sont enlevés afin de permettre le pointage des fusils mitrailleurs Bren que servent Nicol et Richert. La première rencontre importante avec l'ennemi a lieu au carrefour sur la route d'Auray. Un convoi d'une dizaine de camions s'y trouve. La traction le remonte. Nicol et Richert vident chargeurs sur chargeurs. Duseval fait demi-tour, revient sur le convoi où la surprise a été totale. Quelques Allemands réagissent mais Duseval fonce et ses deux parachutistes passagers, mitraillent et lancent des grenades. Plusieurs camions flambent, une cinquantaine d'Allemands sont tués ou blessés.
Deux jours plus tard, un guetteur civil que Duseval a placé dans le clocher de l'église de Baden signale un convoi allemand. Les trois parachutistes bondissent dans leur traction et roulent à fond pour rattraper l'ennemi. Camouflée par la poussière de la route, la traction arrive à faible distance du dernier camion. Les fusils mitrailleurs de Nicol et Richert tirent en rafales courtes et précises, semant la mort ^parmi les Allemands.
Le lendemain le guetteur signale un convoi ennemi, mais se dirigeant cette fois vers le village. Rapidement une embuscade est tendue à l'entrée du village, le long d'une rue pentue et étroite par laquelle doivent arriver les véhicules ennemis. Les trois parachutistes laissent s'engager le convoi. Au moment propice, ils font feu de toutes leurs armes, lancent des grenades. Là encore l'ennemi est totalement surpris et réagit mollement. Le véhicule de tête flambe, les autres derrières sont bloqués. Les fusils mitrailleurs Bren tirent à cadence soutenue. Deux habitants de Baden Collias et Peronneau servent de pourvoyeurs aux parachutistes. Sous un déluge de feu, le moral certainement atteint, les Allemands fuient. Ils laissent derrière eux cent cinquante des leurs, morts ou blessés, 6 véhicules dont 2 autocars et 4 canons anti-chars sont récupérés par les S.A.S. Duseval, Nicol et Richert.
Le parachutiste Buchard opère dans les Côtes du Nord. Il est en liaison avec le capitaine Deplante. Au cours du mois de juillet 1944, dans le secteur de Loudéac, il organise et instruit les maquisards. Il mène avec eux quelques opérations qui se soldent pour l'ennemi par des pertes en hommes et en matériel. Le 4 août 1944, le curé du village de Plénet vient lui signaler qu'une unité allemande stationne à deux kilomètres. Buchard se rend à Plénet où il retrouve un autre parachutiste, Boury, qui est blessé au bras. Précédés d'un prisonnier allemand brandissant un tissu blanc au bout d'un bâton, les deux parachutistes se rendent chez l'ennemi avec l'intention d'en obtenir la reddition. Le commandant allemand les reçoit surpris. Il commande une unité de parachutistes appartenant au fameux régiment Krèta. Les S.A.S. à vrai dire n'en mène pas large.
La discussion s'engage. C'est Buchard qui la conduit. Il trouve chez le commandant beaucoup de compréhension. Son état-major est plus réticent préférant voir l'unité poursuivre son chemin plutôt que se rendre. Buchard fait remarquer au commandant, que peut être il pourrait encore faire tuer beaucoup de Français, lui y compris, mais que son unité, compte tenu de l'évolution des opérations en France serait tôt ou tard détruite. L'officier, manifestement est las, son moral est atteint: Buchard profite de la situation et bluffe. Confidentiellement, il dit au commandant avoir signalé sa position à la R.A.F. S'il n'est pas rentré à Plénet à midi, les chasseurs bombardiers passeront à l'attaque.
Le commandant demande à réfléchir et de lui faire confiance. Il va réunir ses officiers afin d'arrêter une décision. Une nouvelle rencontre est fixée pour 16 heures.
A 16 heures précises, Buchard et Boury sont de retour. Le commandant et ses officiers acceptent la reddition. 247 parachutistes allemands capitulent sans combat.
Un autre stick s'est installé dans les Côtes du Nord. Il comprend les sergents Cordier, Brulon et le première classe Santucci. Ils entraînent et encadrent des unités F.F.I. dans la région de Rostronen – Glomel – Plouguernevel.
Ils mènent aussi des opérations de sabotages contre les communications ennemies, détruisent le câble téléphonique souterrain reliant l'état-major allemand de Brest au quartier-général de Rennes. Début août 1944, sous les ordres du capitaine Mauduit, ils libèrent Paimpol.
Le 3 août 1944, dans le secteur de Malachappe, son parachutées des Jeeps armées. Le lieutenant Paoli les commande. Font partie des équipages : le sergent-chef Ituria, le caporal-chef Le Goas, les caporaux Maigret et Golder ( un jeune patriote, Charly Romieux leur sert de guide). Sous la protection de ces jeeps, le 6 août 1944, une dizaine de planeurs transportant chacun une jeep armée et son équipage atterrissent dans le secteur d'Erdeven *. Ce semi débarquement aéroporté s'effectue à quelques centaines de mètres des Allemands qui, impressionnés et stupéfaits par cette arrivée pour le moins spectaculaire, n'osent pas attaquer. Cet exploit est cité par le général Eisenhower dans ses mémoires.
Ce nouveau détachement de jeeps armées et commandé par le capitaine Betbèze, avec pour adjoint le sous-lieutenant Sadorge
Sans la presqu'île de Sainte Hélène, à Nostang, à Hennebont, et plus généralement dans la région de Lorient où affluent des milliers d'Allemands, ces jeeps S.A.S. font merveille. Les parachutistes attaquent les blockhauss dans lesquels sont solidement retranchés les Allemands, des colonnes en marche sont dispersées, des villages libérés.
Dans ces attaques, le sergent-chef Ituria, un ancien de Lybie, où il fut de toutes les opérations, joue un rôle déterminant. Suivi de un ou deux ravitailleurs en grenades, il quitte sa jeep et engage l'ennemi. Il est envoyé en reconnaissance dans la région de Nantes.
L'équipage de la jeep Ituria comprend : le caporal-chef Le Goas, les caporaux Maigret et Golder
Le 25 août 1944 au matin Ituria roule dans la forêt du Gavre à quelques kilomètres au nord-ouest de Blain. Les routes et chemins de cette forêt sont utilisés fréquemment par les Allemands cherchant à rejoindre Saint Nazaire*. Soudain au carrefour du Bel-Abord, tenu provisoirement par des éléments de la division S.S. Hermann Goering, c'est le drame. Une mitrailleuse bien camouflée ouvre le feu. Ituria et Maigret, mitrailleur avant, s'écroulent mortellement atteints. La jeep verse dans le fossé. A l'arrière Le Goas et Golder sont grièvement blessés. Tous deux réussissent à sortir de la jeep et à se traîner à travers le bois. Ils seront récupérés plus tard.
Les Allemands sont à la jeep, la tirent du fossé. D'Une rafale ils achèvent Ituria et Maigret; ils déshabillent les corps et nus, les attachent à l'arrière de la jeep, qu'ils mettent en marche, trainant ainsi les deux parachutistes sur la route.
*On voit ici comment se sont formées les poches de Lorient (Erdenen) et de Saint Nazaire
Tandis que les parachutistes S.A.S. du 2° R.C.P. se battent en Ille et Vilaine, dans les côtes du Nord et dans le Morbihan, la 2° compagnie du 3° R.C.P., commandée par le capitaine Sicaud est envoyée en mission dans le Nord du Finistère dans le but de faciliter l'avance de la 3° armée américaine de Saint Malo à Brest.
Durant la nuit du 4 au 5 août au cours de laquelle le lieutenant Thomé et son stick touchèrent la terre de France, près de Plougastel-Daoulas, trois autres sticks sont parachutés dans la région.
Le lieutenant Quelen et son stick sont parachutés entre Carentec et Morlaix avec pour mission d'empêcher les Allemands de faire sauter le viaduc de Morlaix. Aussitôt arrivé le stick Quelen se dirige vers une ferme, où parfaitement accueilli, il entre aussitôt en contact avec un groupe de maquisards qui se joint à lui pour réaliser sa mission.
Dès la première journée, le lieutenant Quelen possédant de bons renseignements, réussit grâce à l'aide de quelques patriotes à supprimer toute possibilité de destruction du viaduc de Morlaix. Après plusieurs attaques de convois, le stick S.A.S. libère le village de Carentec, faisant 32 prisonniers.
L'aspirant Rosset-Gournand et son stick, après un parachutage malheureux ne perd pas de temps et attaque aussitôt. Il réussit quelques embuscades, s'empare d'une attaque nocturne d'une Batterie de D.C.A. Il libère ensuite le village de Plabennec.
Le commandant de la compagnie, le capitaine Sicaud, avec pour adjoint le sous-lieutenant Duno atterrit au Folgoët, à 5 kilomètres environ de Lesneven. Ils ont eu beaucoup de chance car leur avion a été pris à partie par la Flak allemande.
Lesneven est un nœud routier sur la route Morlaix-Brest, la ville est tenue par environ 300 Allemands. La 4ème division blindée américaine venant du nord approche de Lesneven. Le capitaine Sicaud décide d'attaquer la ville par le sud. Le 7 août 1944 à 23 heures, débouchant de Plou-Daniel-Folgoët, Sicaud et 12 parachutistes S.A.S. passent à l'action. Ils sont arrêtés par un fossé antichar truffé de mines et défendu par un réseau serré de barbelés. Les parachutistes cherchent une ouverture, les Allemands les laissent approcher puis brutalement lâchent de feu roulant de mitrailleuses et de mortiers. Leur infanterie appuyée par deux chars Shermann pris aux Américains se lance à la contre-attaque, amorce une manœuvre de débordement. Les parachutistes se sont repliés à temps. Ils attendent l'ennemi de part et d'autre de la route, les deux chars ex-américains s'approchent et arrivent tout à proximité. Alors les S.A.S. lancent leur gammon-bombs; les chars sont détruits, l'attaque est arrêtée.
Cependant les Américains ayant commencé l'attaque de la ville par le nord, n'insistent pas devant la résistance allemande et poursuivent leur avance vers Brest. Le lendemain, le capitaine Sicaud attaquent de nouveau la ville. Ils prennent pied dans les premières maisons, mais la puissance de feu des allemands les empêchent de s'y maintenir. Nouveau repli.
Les Allemands tentent une sortide, appuyés par deux automitrailleuses. La première automitrailleuse réussit à passer, mais elle sera détruite par le stick Rosset-Gournand à une vingtaine de kilomètres de là. La deuxième est détruite par le stick Sicaud.
Devant l'acharnement des parachutistes S.A.S., le moral des Allemands faiblit, leurs pertes sont sérieuses. Dans la soirée, ils décident de se rendre; les S.A.S. dénombrent 150 prisonniers dont un colonel.
Le capitaine Sicaud réussit enfin à rassembler sa compagnie qu'il motorise avec du matériel allemand récupéré en excellent état. Le général Wood commandant la 4ème division blindée américaine, accueille avec joie la proposition du capitaine qui se met à sa disposition.
Au cœur de cette longue et dure campagne de Bretagne, plus que dans toute autre opération S.A.S. entreprise par la suite, la radio joua un rôle essentiel.
C'est au milieu de 1943 que fut constituée en Grande Bretagne une section radio sous le commandement de l'adjudant-chef Hoffmann. Dans la proportion de 8 sur 10, les hommes dont il dispose n'ont de radio que le titre de volontaire. Encore heureux d'ailleurs qu'on ai pu trouver des S.A.S. désireux d'apprendre les secrets de transmissions. Lancer des messages du creux d'un buisson, d'une grange ou d'un grenier, semble à priori moins glorieux et enthousiasmant que de faire sauter un train, attaquer un convoi.
Cependant Hoffmann qui, en matière de transmissions est un technicien accompli, est doué en plus des qualités humaines qui font des chefs. En quelques mois, entraînement parachutiste S.A.S. compris, il constitue son unité. Les spécialistes britanniques des transmissions sont stupéfaits des résultats obtenus en si peu de temps. Ils considèrent les opérateurs-radios S.A.S. comme une élite.
En Bretagne l'adjudant-chef Hoffmann et ses hommes ont accompli un magnifique travail. Sans eux les parachutistes S.A.S. auraient connu des difficultés encore plus grandes: pas de parachutages, pas d'ordres, pas de renseignements sur l'ennemi etc.
Avec pour fond sonore l'indicatif musical français par la B.B.C., Sur le Pont d'Avignon arrangé en swing, les radios S.A.S. resteront en contact permanent avec la base britannique chargée de la réception et des émissions des messages en provenance et pour les S.A.S. Français.
Toutes les demandes de parachutages (matériel, munitions, armements etc) d'intervention aérienne ont été satisfaites en un temps record. Pas un message ne s'est égaré, et pourtant il en fut expédié des centaines.
"Bretagne et Résistance" a dit Michelet. Les hommes et les femmes de la vieille terre bretonne écrivirent au cours de la Seconde Guerre Mondiale, une des plus belle page de la Résistance Française.
Face à l'impitoyable machine de guerre allemande, avec ses massacres, ses tortures, ses ruines, la population bretonne sut, même aux pires moments accorder aux parachutistes S.A.S. de la France Libre toute l'assistance nécessaire.
Les agents de liaison, les guides, hommes et femmes furent souvent une aide précieuse pour les parachutistes S.A.S. Ils étaient d'autant plus efficaces qu'ils étaient du pays; le connaissaient parfaitement. En plus des missions de liaison et de guidage, ils préparaient l'évacuation des blessés, prenaient en charge les chefs maquisards et les S.A.S. recherchés par l'ennemi, trouvèrent des familles qui acceptèrent ces dangereux hébergements. Ils observaient et rendaient compte des mouvements de l'ennemi, s'efforçaient de découvrir la présence de suspects pouvant être à la solde de l'Allemand.
Après le combat de Saint Marcel, ils eurent pour mission essentielle de rétablir le contact avec les parachutistes S.A.S. et les F.F.I. dispersés se trouvant dans les bois, ou bien encore dans des fermes où ils étaient hébergés et ravitaillés par des fermiers qui, là encore méprisaient le danger pour eux et leur famille.
Citons les agents de liaisons ety guides parmi les plus actifs : Annick Perrotin, Anne Crequer, Anna Geneviève et Marguerite Pondard, Andrée Gillet, Mirez Goya, Madeleine Rolland, Le Bert, Josephine Le Gall, Marie Thereze Jouan, Claudie et Toto Manceau, Maryse Le Garrec, Marie Claire Krebs, Lucie, Marie et Yvonne Mallard, Annick Pezigot (morte à Ravensbruck),Marie Perret, Odette et Andrée Lessoile,. Puis encore Joseph Jego (qui fut le premier à prendre contact avec le capitaine Marienne), Henri Denoual, Auguste Martin, les frères Dano, Gabriel Guimard, Louis Guillaume, Felix Rhomas, Louis Boulvais, Henry Tanguy, Tené Allain, Raymond Guyard, Louis Mahieux, Auguste Gillet, Henri Nicolic.
Bien des curés de campagne se mirent aussi aux service des parachutistes et des maquisards tels l'abbé Guillodeau et l'abbé Jégo au combat de Saint Marcel, ou le curé du village de Tréfléan.
Les sœurs dominicaines de Malestroit soumises à la règle monastique n'hésitèrent pas à enfreindre leurs règles et à cacher dans leurs demeures inviolables des parachutistes et des maquisards blessés.
Dans la population, beaucoup n'appartenant pas à la résistance, parfois des villages entiers comme Saint Marcel et Plumelec (aujourd'hui hauts lieux de la Résistance) aidèrent efficacement les parachutistes et les maquisards. Des médecins comme celui de Tredion et de Loudéac, Le docteur Lecoc de Plumelec, une infirmière de Malestroit Mme Lapierre,, les docteurs Mahéo et Queineck soignèrent les blessés. Combien de fermiers et de fermières hébergèrent les parachutistes S.A.S. ? Ils sont nombreux et beaucoup inconnus. Citons cependant le père Crolas du hameau de Cran qui avait mis sa grange à la disposition d'un stick de Kerillis.
Le lendemain du départ de celui-ci les Allemands firent irruption chez lui, roué de coups, il garda le silence. A la ferme de Cosquer près de Tréfléan, Mme veuve Thomas aidée de ses filles Anette, Léonie et de son fils Léon hébergea et ravitailla aussi pendant un certain temps le stick de Kerillis. Les fermiers de Tréhulan , non loin d'Elven, les Gillet de la Petite Métairie en Saint-Jean-Brevelay ( dont la ferme fut brûlée le 13 juillet 1944 avec les patriotes Dagorne, Le Moing, Le Gall, et Le Calonnec) accueillirent le capitaine Marienne et son stick à leur arrivée en France. Mr Jego de la ferme du Pelhue avec son fils Joseph aidera grandement lui aussi, Marienne et ses hommes. Les fermiers de Kergof, commune de Plumelec ravitaillèrent les pazrachutistes de passage au Dolmen de la Roche-Milgourdy. Les fermiers de la Foliette en Sérent abritèrent le PC du commandant Bourgoin après le combat de Saint Marcel. Mme Duval du manoir de Bohurel-en-Sérent, les familles Morice de la Saudraye, Alain de la Ville-Helec, Merlet du Bezoué, reçurent également de nombreux parachutistes et payèrent ces actes de courage par la déportation, par la torture des leurs et la destruction de leurs biens. Mme Armande Maurizur mourut sous la torture le 28 juin 1944 sans avoir parlé.
Que toutes et tous, connus et inconnus trouvent ici le témoignage d'indéfectible reconnaissance et de respect des parachutistes S.A.S. de le France Libre.
Après quelques journées de repos, surtout employées à la réorganisation de l'unité, les parachutistes S.A.S. du 2° R.C.P. opérèrent dès les premiers jours de septembre 1944 au sud de la Loire. Cette fois, ils sont motorisés comme dans le désert de Lybie, de Cyrénaïque et en Tunisie en 1942-1943. Renforcés par de jeunes maquisards bretons, les survivants du 2° R.C.P. (les pertes ont été lourdes) sont répartis en 4 squadrons de 12 jeeps chacun soit 48 jeeps. Deux camionnettes britanniques de type Pick-Up complètent la formation.
Les squadrons passent la Loire, soit du pont-canal de Briare, soit du pont de Nevers, seuls points de passage. De l'autre côté ils " éclatent" en pelotons de 3 jeeps qui se retrouveront pour agir de concert lors de certaines missions.
La recherche de l'ennemi se fera sur tous les axes routiers, grands et petits.
Tandis que les premiers parachutistes S.A.S. à toucher le sol de France s'efforcent d'établir les bases Samwest (Duault dans les Côtes du Nord) et Dingson (Saint Marcel dans le Morbihan), d'autres sticks se préparent à l'action. En tout, ils seront 18 et prendront dans le language codé Allié l'appellation : Cooney Parties
Les 18 sticks sont parachutés à J + 1 – J + 2, c'est-à-dire dans la nuit du 7 au 8 juin 1944. Ils ont décollé de la base britannique de Brize-Norton à bord de 9 avions de type Albemarle. Voici la composition des sticks et de leurs objectifs :
Lieutenant Viaud et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Saint Brieux et Guingamp.
Sergent Roquemaure et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Lamballe et Caulnes.
Aspirant Fauquet et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Lamballe et Dinan.
Lieutenant Appriou et 2 hommes : Sabotage devoie ferrée entre La Bohinière et Dinan.
Sergent Carré et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre La Bohinière et Rennes.
Sous-lieutenant Varnier et 4 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Messac et Rennes.
Sous lieutanant de Camaret, sous-lieutenant Cochin et 3 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Messac et Redon.
Sous-lieutenant Tisné et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Châteaubriant.
Sergent-chef Nicol et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Pontchâteau.
Lieutenant Mairet et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Redon et Questembert.
Sous-lieutenant de Kerillis et 2 hommes : Sabotage voie ferrée entre Questemberg et Vannes.
Sous lieutenant Brest et 2 hommes : Sabotage de voie fermée entre Ploërmel et Messac.
Sergent-chef Mendes-Caldas et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée Ploërmel - Questembert.
Capitaine Larralde et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Auray et Pontivy.
Sous-lieutenant Corta et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Ploërmel et Saint-Meen.
Sous lieutenant Legrand et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Saint-Meen et Loudéac.
Sous lieutenant Fernandez et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée Loudéac - Saint Brieux.
Capitaine de Mauduit et 2 hommes : Sabotage de voie ferrée entre Loudéac et Carhaix.
Toutes ces missions de sabotage réussirent parfaitement. Le réseau ferroviaire ainsi désorganisé, les Allemands perdirent beaucoup de temps dans l'acheminement de leurs troupes vers le front de Normandie. D'ailleurs, ils y renoncèrent très vite, car en Bretagne même leur situation allait devenir critique, parachutistes S.A.S. et maquisards faisant peser sur eux une lourde menace.
Cependant une mission finit tragiquement. Après avoir saboté la voie ferrée entre La Bohinière et Rennes, le sergent Carré rejoignait avec ses hommes la base qui lui avait été assignée. C'est alors qu'il fut attaqué par une unité allemande. La lutte étant inégale, Carré donna l'ordre à ses deux hommes de s'échapper. Seul, il fit face à l'ennemi et se battit avec le calme, la précision qu'on lui connaissait. Il mourut criblé de balles, mais son sacrifice ne fut pas vain, ses deux hommes échappèrent à l'ennemi.
Après le combat de Saint Marcel, Allemands et Miliciens redoublent de férocité. Malgré ce climat de terreur et de sang, les parachutistes S.A.S. s'organisent, les sticks se reconstituent. Jusqu'à l'arrivée des troupes de Patton, ils ne laisseront aucun répit à l'ennemi.
Dès le 21 juin 1944. le stick du lieutenant de Kerillis (dit Skinner)
comprenant les caporaux Pams et Croenne, les premières classes Serra et Harbinson, opère dans le secteur Elven - Saint-Nolf - Tréfléan - Vannes. Le stick s'est procuré des explosifs (plastic et Nobel 808) auprès de la compagnie F.F.I. du capitaine Ferrer qui lui fournit à l'occasion quelques hommes, pour assurer la protection lors des opérations de sabotage, et aussi, un guide remarquable et dévoué, Job Guillevic, un employé de l'électricité.
Jusqu'au 8 juillet 1944, les sabotages se succèdent : câbles téléphoniques souterrains et aériens (le second fut de 94 lignes dans la même nuit), pylônes à haute tension alimentant l'aérodrome de Meucon-Vannes et la base sous-marine de Lorient, voies ferrées.
Enfin , avant de rejoindre Toche-Milgourdy près de Plumélec, sur ordre du capitaine Marienne (encore en vie au moment de ces opérations), le lieutenant de Kerillis, sur renseignements sérieux fournis par des employés de la S.N.C.F., décide d'attaquer un train de matériel et de munitions en provenance de l'aérodrome de Meucon et que les Allemands ont décidé d'évacuer vers Rennes.
Le convoi est composé d'une quarantaine de wagons tractés par deux locomotives précédées chacune de deux wagons plate-formes, afin que si la voie est sabotée, ces deux wagons fassent sauter la charge par pression sans entrainer pour cela le déraillement et la destruction du train. Le dernier wagon est un wagon plate-forme armé de mitrailleuses M.G. 42 et d'un canon quadruple de 20 mm pour tir contre avions et troupes terrestres.
Le train doit quitter Vannes vers 22 heures. Une heure plus tôt le stick de Kérillis a quitté son refuge du hameau de Cran, avec quelques F.F.I. de la compagnie Ferrer. Les F.F.I. assurent la protection. Le lieutenant de Kerillis et ses quatre compagnons s'installent près de la voie. Deux bazookas, un fusil mitrailleur Bren, en plus de l'armement individuel constituent l'armement.
Le lieu de l'embuscade se trouve non loin du passage à niveau au lieu dit La-Vraie-Croix, à la sortie d'un déblai, de telle sorte que le déraillement se fasse au moment où le dernier wagon plate-forme équipé de son armement se trouvera dans le déblai. Le fusil mitrailleur Bren, en batterie sur un petit monticule prendra sous son feu, le train immobilisé ou couvrira le reste du stick contre toute arrivée possible d'une patrouille allemande.
La charge de plastic est mise en place sur la voie; de Kerillis a choisi la mise à feu électrique. Ainsi, il fera lui-même exploser la charge au moment propice.
Maintenant, c'est l'attente, la nuit est sombre, silencieuse. Soudain, dans le lointain, le halètement des locomotives annonce l'arrivée du train. Le convoi est à l'heure, il avance lentement; le voici à hauteur des parachutistes; de Kerillis compte : " un wagon, deux wagons, locomotive, tender, contact ! ". Un éclair aveuglant, une déflagration assourdissante qui secoue la campagne endormie. Le train déraille dans un bruit de ferrailles et de bois éclaté. Les S.A.S. aussitôt attaquent; Pams et Serra tirant au bazooka, ouvrant de larges brèches dans les flancs des wagons. Les bombes d'avions apparaissent empilées les unes sur les autres, mais aucune explosion ne se produit. Pals et Serra s'attaquent alors aux locomotives. Des chaudières éventrées s'échappent alors de longs jets de vapeur. De Kerillis et Croenne, pendant ce temps engage une sorte de duel avec des Allemands de la garde du train dont le tir décroit au fil de l'engagement.
Harbinson se dresse, le F.M. Bren à la hanche, et monté sur le ballast, remonte le train vers l'arrière, tout en mitraillant. Lorsqu'il arrive à proximité du wagon armé, les servants des armes ont disparu. Le silence retombe peu à peu. Après environ trente minutes de combat, les munitions presque épuisées, les parachutistes se replient en direction du hameau de Cran.
De leur côté, le capitaine Puech-Samson et le lieutenant Deplante, organisent en liaison étroite, les parachutages d'armes, de munitions, et d'équipement. La tactique des zones de largage disséminées sur une vraie étendue s'avère efficace. La mise sur pied d'unités de maquisards armés et équipés est reprise activement. Les coups de main reprennent. Des combats acharnés à dix contre un ont lieu chaque jour.
Le sous lieutenant avec les S.A.S. Pacifici,, Béguin, Ruttard constitue un bataillon de maquisards dans la région de Josselin, tandis que le sous-lieutenant Corta en organise un autre dans la région de Ploërmel. Les lieutenants Cochin et de Camaret (qui lentement guérit de ses blessures) commande un bataillon dans la région de Rochefort-en-Terre.
Partout la Résistance s'organise. Le lieutenant Lesecq malgré une blessure grave met sur pied une compagnie de maquisards aux environs de Lizio où il est soigné. Miraculeusement, il échappe à une fouille complète du village.
Le sous-lieutenant de Carville et le parachutiste Miodon ont groupé environ 450 maquisards. Lorsque l'unité est prête, ils attaquent, interviennent partout où cela est possible. Ils commencent quelques embuscades aux environs de Guiscriff (Morbihan) en collaboration avec le lieutenant Leborgne des "Spécial Forces"
Le 13 juillet, de Carville détruit un camion plein d'allemands au Faouët. Le 14, il fait sauter le train d'Hennebont –Lorient. Le lendemain, il se trouve à Quimperlé. Au petit jour 600 Allemands encerclent la propriété de Rosegrand où ils se cachent avec le Major Britannique O. Smith de l'état-major de la brigade S.A.S., un sergent radio britannique, le parachutiste Le Guyader et le lieutenant Le Borgne. Il faut sortir du piège, les S.A.S. tentent une sortie mais se heurtent à des groupes allemands qui avancent. Ils réussissent cependant à trouver un passage mal gardé. Le lendemain, la petite équipe est de nouveau cernée. Une fois encore, les parachutistes engagent le combat, tentent de briser l'encerclement. Le major britannique O. Smith, en franchissant un talus est mortellement atteint d'une rafale de mitrailleuse en pleine poitrine. Le parachutiste S.A.S. Miodon est blessé. Ils sont sur un petit glacis qu'il faut absolument franchir. Miodon jette grenade après grenade sur les allemands qui déferlent. Il est une nouvelle blessé, le bras cassé. Malgré ce lourd handicap, il tire maintenant de sa main valide avec son pistolet mitrailleur, vidant tous ses chargeurs. De nombreux Allemands s'écroulent. Miodon meurt, criblé de balles.
En Grande Bretagne avant de partir pour le camp secret de Fairford, Miodon avait écrit cette lettre à sa marraine de guerre britannique :
" J'ai de bonnes raisons de penser que ce court griffonnage sera ma dernière lettre que vous recevrez de moi pour bien longtemps… Si je dois mourir, ma mort prouvera combien j'ai
aimé la France. Ce sera la confirmation de mon amour spirituel et intellectuel; par conséquent, elle ne sera pas vaine. Quoiqu'il arrive, je ne pense pas qu'on puisse regretter d'avoir aimé (quelqu'un ou un idéal) car souvenez vous d'Aragon : "Un homme n'a rien de plus beau, de plus pur, de plus digne d'être glorifié que son amour."
Tandis que le S.A.S. Miodon meurt glorieusement, le sergent-radio britannique réussit à échapper aux recherches allemandes. Le parachutiste Le Guyader, blessé, tombe évanoui dans un ruisseau. Quelques heures plus tard il sort de son évanouissement, les Allemands sont près de la ferme qu'ils incendient après avoir fusillé le fermier Mr Fiche. Le lieutenant Leborgne a foncé dans une direction. Il se trouve soudain face à l'officier allemand qui commande l'opération. Il l'abat de son pistolet Colt et vide son chargeur sur quelques allemands qui s'enfuient. Il peut alors s'échapper.
De Carville a réussi lui aussi à sortir de l'encerclement. Le lendemain il retrouve Leborgne.
Les blindés de Patton progressent en Bretagne. Le 3 août, Guiscriff est libre. Rosporden est tenu par les F.F.I. Mais ils ne peuvent résister à une contre-attaque allemande. De Carville, à la tête d'une centaine de maquisards arrive en trombe sur les allemands et les bouscule : la ville sera libérée. Le lendemain, nouvelle attaque, mais de Carville l'avait prévue et attend l'ennemi à un kilomètre de la ville et le rejette à nouveau. Les Allemands poursuivent leurs attaques avec acharnement.
Le sous lieutenant de Carville, blessé par trois fois, refuse d'être évacué. Il mourra quelques jours plus tard après avoir vu Quimperlé libéré.
Dans le secteur d'Auray-Hennebont-Baden, début août 1944, opère un stick de trois parachutistes S.A.S.l'adjudant Duseval, le sergent-chef Nicol et le caporal Richert. Duseval est un as du volant et un passionné de mécanique.
Il remet en état une traction avant Citroën, mais les portières, pare-brises et lunette arrière sont enlevés afin de permettre le pointage des fusils mitrailleurs Bren que servent Nicol et Richert. La première rencontre importante avec l'ennemi a lieu au carrefour sur la route d'Auray. Un convoi d'une dizaine de camions s'y trouve. La traction le remonte. Nicol et Richert vident chargeurs sur chargeurs. Duseval fait demi-tour, revient sur le convoi où la surprise a été totale. Quelques Allemands réagissent mais Duseval fonce et ses deux parachutistes passagers, mitraillent et lancent des grenades. Plusieurs camions flambent, une cinquantaine d'Allemands sont tués ou blessés.
Deux jours plus tard, un guetteur civil que Duseval a placé dans le clocher de l'église de Baden signale un convoi allemand. Les trois parachutistes bondissent dans leur traction et roulent à fond pour rattraper l'ennemi. Camouflée par la poussière de la route, la traction arrive à faible distance du dernier camion. Les fusils mitrailleurs de Nicol et Richert tirent en rafales courtes et précises, semant la mort ^parmi les Allemands.
Le lendemain le guetteur signale un convoi ennemi, mais se dirigeant cette fois vers le village. Rapidement une embuscade est tendue à l'entrée du village, le long d'une rue pentue et étroite par laquelle doivent arriver les véhicules ennemis. Les trois parachutistes laissent s'engager le convoi. Au moment propice, ils font feu de toutes leurs armes, lancent des grenades. Là encore l'ennemi est totalement surpris et réagit mollement. Le véhicule de tête flambe, les autres derrières sont bloqués. Les fusils mitrailleurs Bren tirent à cadence soutenue. Deux habitants de Baden Collias et Peronneau servent de pourvoyeurs aux parachutistes. Sous un déluge de feu, le moral certainement atteint, les Allemands fuient. Ils laissent derrière eux cent cinquante des leurs, morts ou blessés, 6 véhicules dont 2 autocars et 4 canons anti-chars sont récupérés par les S.A.S. Duseval, Nicol et Richert.
Le parachutiste Buchard opère dans les Côtes du Nord. Il est en liaison avec le capitaine Deplante. Au cours du mois de juillet 1944, dans le secteur de Loudéac, il organise et instruit les maquisards. Il mène avec eux quelques opérations qui se soldent pour l'ennemi par des pertes en hommes et en matériel. Le 4 août 1944, le curé du village de Plénet vient lui signaler qu'une unité allemande stationne à deux kilomètres. Buchard se rend à Plénet où il retrouve un autre parachutiste, Boury, qui est blessé au bras. Précédés d'un prisonnier allemand brandissant un tissu blanc au bout d'un bâton, les deux parachutistes se rendent chez l'ennemi avec l'intention d'en obtenir la reddition. Le commandant allemand les reçoit surpris. Il commande une unité de parachutistes appartenant au fameux régiment Krèta. Les S.A.S. à vrai dire n'en mène pas large.
La discussion s'engage. C'est Buchard qui la conduit. Il trouve chez le commandant beaucoup de compréhension. Son état-major est plus réticent préférant voir l'unité poursuivre son chemin plutôt que se rendre. Buchard fait remarquer au commandant, que peut être il pourrait encore faire tuer beaucoup de Français, lui y compris, mais que son unité, compte tenu de l'évolution des opérations en France serait tôt ou tard détruite. L'officier, manifestement est las, son moral est atteint: Buchard profite de la situation et bluffe. Confidentiellement, il dit au commandant avoir signalé sa position à la R.A.F. S'il n'est pas rentré à Plénet à midi, les chasseurs bombardiers passeront à l'attaque.
Le commandant demande à réfléchir et de lui faire confiance. Il va réunir ses officiers afin d'arrêter une décision. Une nouvelle rencontre est fixée pour 16 heures.
A 16 heures précises, Buchard et Boury sont de retour. Le commandant et ses officiers acceptent la reddition. 247 parachutistes allemands capitulent sans combat.
Un autre stick s'est installé dans les Côtes du Nord. Il comprend les sergents Cordier, Brulon et le première classe Santucci. Ils entraînent et encadrent des unités F.F.I. dans la région de Rostronen – Glomel – Plouguernevel.
Ils mènent aussi des opérations de sabotages contre les communications ennemies, détruisent le câble téléphonique souterrain reliant l'état-major allemand de Brest au quartier-général de Rennes. Début août 1944, sous les ordres du capitaine Mauduit, ils libèrent Paimpol.
Le 3 août 1944, dans le secteur de Malachappe, son parachutées des Jeeps armées. Le lieutenant Paoli les commande. Font partie des équipages : le sergent-chef Ituria, le caporal-chef Le Goas, les caporaux Maigret et Golder ( un jeune patriote, Charly Romieux leur sert de guide). Sous la protection de ces jeeps, le 6 août 1944, une dizaine de planeurs transportant chacun une jeep armée et son équipage atterrissent dans le secteur d'Erdeven *. Ce semi débarquement aéroporté s'effectue à quelques centaines de mètres des Allemands qui, impressionnés et stupéfaits par cette arrivée pour le moins spectaculaire, n'osent pas attaquer. Cet exploit est cité par le général Eisenhower dans ses mémoires.
Ce nouveau détachement de jeeps armées et commandé par le capitaine Betbèze, avec pour adjoint le sous-lieutenant Sadorge
Sans la presqu'île de Sainte Hélène, à Nostang, à Hennebont, et plus généralement dans la région de Lorient où affluent des milliers d'Allemands, ces jeeps S.A.S. font merveille. Les parachutistes attaquent les blockhauss dans lesquels sont solidement retranchés les Allemands, des colonnes en marche sont dispersées, des villages libérés.
Dans ces attaques, le sergent-chef Ituria, un ancien de Lybie, où il fut de toutes les opérations, joue un rôle déterminant. Suivi de un ou deux ravitailleurs en grenades, il quitte sa jeep et engage l'ennemi. Il est envoyé en reconnaissance dans la région de Nantes.
L'équipage de la jeep Ituria comprend : le caporal-chef Le Goas, les caporaux Maigret et Golder
Le 25 août 1944 au matin Ituria roule dans la forêt du Gavre à quelques kilomètres au nord-ouest de Blain. Les routes et chemins de cette forêt sont utilisés fréquemment par les Allemands cherchant à rejoindre Saint Nazaire*. Soudain au carrefour du Bel-Abord, tenu provisoirement par des éléments de la division S.S. Hermann Goering, c'est le drame. Une mitrailleuse bien camouflée ouvre le feu. Ituria et Maigret, mitrailleur avant, s'écroulent mortellement atteints. La jeep verse dans le fossé. A l'arrière Le Goas et Golder sont grièvement blessés. Tous deux réussissent à sortir de la jeep et à se traîner à travers le bois. Ils seront récupérés plus tard.
Les Allemands sont à la jeep, la tirent du fossé. D'Une rafale ils achèvent Ituria et Maigret; ils déshabillent les corps et nus, les attachent à l'arrière de la jeep, qu'ils mettent en marche, trainant ainsi les deux parachutistes sur la route.
*On voit ici comment se sont formées les poches de Lorient (Erdenen) et de Saint Nazaire
Tandis que les parachutistes S.A.S. du 2° R.C.P. se battent en Ille et Vilaine, dans les côtes du Nord et dans le Morbihan, la 2° compagnie du 3° R.C.P., commandée par le capitaine Sicaud est envoyée en mission dans le Nord du Finistère dans le but de faciliter l'avance de la 3° armée américaine de Saint Malo à Brest.
Durant la nuit du 4 au 5 août au cours de laquelle le lieutenant Thomé et son stick touchèrent la terre de France, près de Plougastel-Daoulas, trois autres sticks sont parachutés dans la région.
Le lieutenant Quelen et son stick sont parachutés entre Carentec et Morlaix avec pour mission d'empêcher les Allemands de faire sauter le viaduc de Morlaix. Aussitôt arrivé le stick Quelen se dirige vers une ferme, où parfaitement accueilli, il entre aussitôt en contact avec un groupe de maquisards qui se joint à lui pour réaliser sa mission.
Dès la première journée, le lieutenant Quelen possédant de bons renseignements, réussit grâce à l'aide de quelques patriotes à supprimer toute possibilité de destruction du viaduc de Morlaix. Après plusieurs attaques de convois, le stick S.A.S. libère le village de Carentec, faisant 32 prisonniers.
L'aspirant Rosset-Gournand et son stick, après un parachutage malheureux ne perd pas de temps et attaque aussitôt. Il réussit quelques embuscades, s'empare d'une attaque nocturne d'une Batterie de D.C.A. Il libère ensuite le village de Plabennec.
Le commandant de la compagnie, le capitaine Sicaud, avec pour adjoint le sous-lieutenant Duno atterrit au Folgoët, à 5 kilomètres environ de Lesneven. Ils ont eu beaucoup de chance car leur avion a été pris à partie par la Flak allemande.
Lesneven est un nœud routier sur la route Morlaix-Brest, la ville est tenue par environ 300 Allemands. La 4ème division blindée américaine venant du nord approche de Lesneven. Le capitaine Sicaud décide d'attaquer la ville par le sud. Le 7 août 1944 à 23 heures, débouchant de Plou-Daniel-Folgoët, Sicaud et 12 parachutistes S.A.S. passent à l'action. Ils sont arrêtés par un fossé antichar truffé de mines et défendu par un réseau serré de barbelés. Les parachutistes cherchent une ouverture, les Allemands les laissent approcher puis brutalement lâchent de feu roulant de mitrailleuses et de mortiers. Leur infanterie appuyée par deux chars Shermann pris aux Américains se lance à la contre-attaque, amorce une manœuvre de débordement. Les parachutistes se sont repliés à temps. Ils attendent l'ennemi de part et d'autre de la route, les deux chars ex-américains s'approchent et arrivent tout à proximité. Alors les S.A.S. lancent leur gammon-bombs; les chars sont détruits, l'attaque est arrêtée.
Cependant les Américains ayant commencé l'attaque de la ville par le nord, n'insistent pas devant la résistance allemande et poursuivent leur avance vers Brest. Le lendemain, le capitaine Sicaud attaquent de nouveau la ville. Ils prennent pied dans les premières maisons, mais la puissance de feu des allemands les empêchent de s'y maintenir. Nouveau repli.
Les Allemands tentent une sortide, appuyés par deux automitrailleuses. La première automitrailleuse réussit à passer, mais elle sera détruite par le stick Rosset-Gournand à une vingtaine de kilomètres de là. La deuxième est détruite par le stick Sicaud.
Devant l'acharnement des parachutistes S.A.S., le moral des Allemands faiblit, leurs pertes sont sérieuses. Dans la soirée, ils décident de se rendre; les S.A.S. dénombrent 150 prisonniers dont un colonel.
Le capitaine Sicaud réussit enfin à rassembler sa compagnie qu'il motorise avec du matériel allemand récupéré en excellent état. Le général Wood commandant la 4ème division blindée américaine, accueille avec joie la proposition du capitaine qui se met à sa disposition.
Au cœur de cette longue et dure campagne de Bretagne, plus que dans toute autre opération S.A.S. entreprise par la suite, la radio joua un rôle essentiel.
C'est au milieu de 1943 que fut constituée en Grande Bretagne une section radio sous le commandement de l'adjudant-chef Hoffmann. Dans la proportion de 8 sur 10, les hommes dont il dispose n'ont de radio que le titre de volontaire. Encore heureux d'ailleurs qu'on ai pu trouver des S.A.S. désireux d'apprendre les secrets de transmissions. Lancer des messages du creux d'un buisson, d'une grange ou d'un grenier, semble à priori moins glorieux et enthousiasmant que de faire sauter un train, attaquer un convoi.
Cependant Hoffmann qui, en matière de transmissions est un technicien accompli, est doué en plus des qualités humaines qui font des chefs. En quelques mois, entraînement parachutiste S.A.S. compris, il constitue son unité. Les spécialistes britanniques des transmissions sont stupéfaits des résultats obtenus en si peu de temps. Ils considèrent les opérateurs-radios S.A.S. comme une élite.
En Bretagne l'adjudant-chef Hoffmann et ses hommes ont accompli un magnifique travail. Sans eux les parachutistes S.A.S. auraient connu des difficultés encore plus grandes: pas de parachutages, pas d'ordres, pas de renseignements sur l'ennemi etc.
Avec pour fond sonore l'indicatif musical français par la B.B.C., Sur le Pont d'Avignon arrangé en swing, les radios S.A.S. resteront en contact permanent avec la base britannique chargée de la réception et des émissions des messages en provenance et pour les S.A.S. Français.
Toutes les demandes de parachutages (matériel, munitions, armements etc) d'intervention aérienne ont été satisfaites en un temps record. Pas un message ne s'est égaré, et pourtant il en fut expédié des centaines.
"Bretagne et Résistance" a dit Michelet. Les hommes et les femmes de la vieille terre bretonne écrivirent au cours de la Seconde Guerre Mondiale, une des plus belle page de la Résistance Française.
Face à l'impitoyable machine de guerre allemande, avec ses massacres, ses tortures, ses ruines, la population bretonne sut, même aux pires moments accorder aux parachutistes S.A.S. de la France Libre toute l'assistance nécessaire.
Les agents de liaison, les guides, hommes et femmes furent souvent une aide précieuse pour les parachutistes S.A.S. Ils étaient d'autant plus efficaces qu'ils étaient du pays; le connaissaient parfaitement. En plus des missions de liaison et de guidage, ils préparaient l'évacuation des blessés, prenaient en charge les chefs maquisards et les S.A.S. recherchés par l'ennemi, trouvèrent des familles qui acceptèrent ces dangereux hébergements. Ils observaient et rendaient compte des mouvements de l'ennemi, s'efforçaient de découvrir la présence de suspects pouvant être à la solde de l'Allemand.
Après le combat de Saint Marcel, ils eurent pour mission essentielle de rétablir le contact avec les parachutistes S.A.S. et les F.F.I. dispersés se trouvant dans les bois, ou bien encore dans des fermes où ils étaient hébergés et ravitaillés par des fermiers qui, là encore méprisaient le danger pour eux et leur famille.
Citons les agents de liaisons ety guides parmi les plus actifs : Annick Perrotin, Anne Crequer, Anna Geneviève et Marguerite Pondard, Andrée Gillet, Mirez Goya, Madeleine Rolland, Le Bert, Josephine Le Gall, Marie Thereze Jouan, Claudie et Toto Manceau, Maryse Le Garrec, Marie Claire Krebs, Lucie, Marie et Yvonne Mallard, Annick Pezigot (morte à Ravensbruck),Marie Perret, Odette et Andrée Lessoile,. Puis encore Joseph Jego (qui fut le premier à prendre contact avec le capitaine Marienne), Henri Denoual, Auguste Martin, les frères Dano, Gabriel Guimard, Louis Guillaume, Felix Rhomas, Louis Boulvais, Henry Tanguy, Tené Allain, Raymond Guyard, Louis Mahieux, Auguste Gillet, Henri Nicolic.
Bien des curés de campagne se mirent aussi aux service des parachutistes et des maquisards tels l'abbé Guillodeau et l'abbé Jégo au combat de Saint Marcel, ou le curé du village de Tréfléan.
Les sœurs dominicaines de Malestroit soumises à la règle monastique n'hésitèrent pas à enfreindre leurs règles et à cacher dans leurs demeures inviolables des parachutistes et des maquisards blessés.
Dans la population, beaucoup n'appartenant pas à la résistance, parfois des villages entiers comme Saint Marcel et Plumelec (aujourd'hui hauts lieux de la Résistance) aidèrent efficacement les parachutistes et les maquisards. Des médecins comme celui de Tredion et de Loudéac, Le docteur Lecoc de Plumelec, une infirmière de Malestroit Mme Lapierre,, les docteurs Mahéo et Queineck soignèrent les blessés. Combien de fermiers et de fermières hébergèrent les parachutistes S.A.S. ? Ils sont nombreux et beaucoup inconnus. Citons cependant le père Crolas du hameau de Cran qui avait mis sa grange à la disposition d'un stick de Kerillis.
Le lendemain du départ de celui-ci les Allemands firent irruption chez lui, roué de coups, il garda le silence. A la ferme de Cosquer près de Tréfléan, Mme veuve Thomas aidée de ses filles Anette, Léonie et de son fils Léon hébergea et ravitailla aussi pendant un certain temps le stick de Kerillis. Les fermiers de Tréhulan , non loin d'Elven, les Gillet de la Petite Métairie en Saint-Jean-Brevelay ( dont la ferme fut brûlée le 13 juillet 1944 avec les patriotes Dagorne, Le Moing, Le Gall, et Le Calonnec) accueillirent le capitaine Marienne et son stick à leur arrivée en France. Mr Jego de la ferme du Pelhue avec son fils Joseph aidera grandement lui aussi, Marienne et ses hommes. Les fermiers de Kergof, commune de Plumelec ravitaillèrent les pazrachutistes de passage au Dolmen de la Roche-Milgourdy. Les fermiers de la Foliette en Sérent abritèrent le PC du commandant Bourgoin après le combat de Saint Marcel. Mme Duval du manoir de Bohurel-en-Sérent, les familles Morice de la Saudraye, Alain de la Ville-Helec, Merlet du Bezoué, reçurent également de nombreux parachutistes et payèrent ces actes de courage par la déportation, par la torture des leurs et la destruction de leurs biens. Mme Armande Maurizur mourut sous la torture le 28 juin 1944 sans avoir parlé.
Que toutes et tous, connus et inconnus trouvent ici le témoignage d'indéfectible reconnaissance et de respect des parachutistes S.A.S. de le France Libre.
Après quelques journées de repos, surtout employées à la réorganisation de l'unité, les parachutistes S.A.S. du 2° R.C.P. opérèrent dès les premiers jours de septembre 1944 au sud de la Loire. Cette fois, ils sont motorisés comme dans le désert de Lybie, de Cyrénaïque et en Tunisie en 1942-1943. Renforcés par de jeunes maquisards bretons, les survivants du 2° R.C.P. (les pertes ont été lourdes) sont répartis en 4 squadrons de 12 jeeps chacun soit 48 jeeps. Deux camionnettes britanniques de type Pick-Up complètent la formation.
Les squadrons passent la Loire, soit du pont-canal de Briare, soit du pont de Nevers, seuls points de passage. De l'autre côté ils " éclatent" en pelotons de 3 jeeps qui se retrouveront pour agir de concert lors de certaines missions.
La recherche de l'ennemi se fera sur tous les axes routiers, grands et petits.
Logico- Membre décédé
- Nombre de messages : 32
Date d'inscription : 03/03/2009
Re: Les S.A.S. en Bretagne
Pour ceux qui s'intéressent aux SAS, il y aura prochainement du nouveau (en anglais dans le texte!). Seront prochainement publiés les carnets d'un SAS restés confidentiels depuis 1945.
Petite mise en bouche sur le lien suivant (texte en anglais)
http://www.bbc.co.uk/news/magazine-14952939
Petite mise en bouche sur le lien suivant (texte en anglais)
http://www.bbc.co.uk/news/magazine-14952939
Escampobar- Nombre de messages : 124
Date d'inscription : 30/03/2010
Re: Les S.A.S. en Bretagne
Surement très intéressant, mais édition limitée et à 975 £ l'exemplaire, si j'ai bien lu !!!!
En espérant que le musée de St Marcel en fasse l’acquisition pour pouvoir le consulter.
En espérant que le musée de St Marcel en fasse l’acquisition pour pouvoir le consulter.
iwann- Nombre de messages : 451
Localisation : 56
Date d'inscription : 12/06/2008
Re: Les S.A.S. en Bretagne
1122.4960€ Hé bin, ils s'embêtent pas trop!!!!!!!!
Eric29- Nombre de messages : 672
Age : 61
Date d'inscription : 31/03/2010
Re: Les S.A.S. en Bretagne
Trouvé sur le net texte et lien suivants:
"Les Parachutistes SAS de la France Libre 1940 - 1945"
Il s'agit d'un véritable recueil au format 22 x 30 (512 pages environ) sur l'histoire des SAS de la création de la 1re CIA en septembre 1940 à la Hollande en avril 45 en passant par la Libye en 42, la Bretagne en 44 et les autres missions au cours desquelles les SAS se sont illustrés, avec plus de 600 photos, des cartes détaillées, de nombreux témoignages établis après 15 ans de recherches. Vous y trouverez également une liste détaillée de la composition théorique des sticks, la répartition du matériel et une partie militaria avec des photos d'insignes, tenues, équipements, matériels...
http://lerot.org/joomla/
"Les Parachutistes SAS de la France Libre 1940 - 1945"
Il s'agit d'un véritable recueil au format 22 x 30 (512 pages environ) sur l'histoire des SAS de la création de la 1re CIA en septembre 1940 à la Hollande en avril 45 en passant par la Libye en 42, la Bretagne en 44 et les autres missions au cours desquelles les SAS se sont illustrés, avec plus de 600 photos, des cartes détaillées, de nombreux témoignages établis après 15 ans de recherches. Vous y trouverez également une liste détaillée de la composition théorique des sticks, la répartition du matériel et une partie militaria avec des photos d'insignes, tenues, équipements, matériels...
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Escampobar- Nombre de messages : 124
Date d'inscription : 30/03/2010
Re: Les S.A.S. en Bretagne
Commentaire de presse (télégramme de brest)
Saint-Marcel dans la tourmente-Juin1944», sJean-Claude Guil, agent d'assurances à la retraite, a grandi au coeur du maquis. Enfant, il a vécu le traumatisme de la mort de son père. «Il a été fusillé le 19juin 1944 aux Hardys-Béhellec. J'avais cinq ans», dit-il. «Durant des années, j'en ai fait des cauchemars. Je revivais les images de la scène du meurtre: j'étais victime du stress post-traumatique. Puis j'ai essayé de vivre ma vie d'adulte. En 1965, la découverte d'une fosse commune a ravivé des souvenirs que je croyais enfouis pour toujours dans le monde de l'oubli». Jean-Claude a collecté pendant des décennies des documents sur les événements qui se sont déroulés le 18juin 1944 à Saint-Marcel. La bataille du maquis a contraint l'occupant allemand à maintenir en Bretagne des dizaines de milliers de soldats et a contribué au succès du débarquement allié en Normandie. Une trentaine de témoignages émouvants et sincères sur les souffrances endurées par la population civile à la suite de la bataille du maquis de Saint-Marcel.
Livre très intéressant est consacré aux témoignages des civils ayant connu cette époque . Tirage a compte d'auteur en vente au musée
Saint-Marcel dans la tourmente-Juin1944», sJean-Claude Guil, agent d'assurances à la retraite, a grandi au coeur du maquis. Enfant, il a vécu le traumatisme de la mort de son père. «Il a été fusillé le 19juin 1944 aux Hardys-Béhellec. J'avais cinq ans», dit-il. «Durant des années, j'en ai fait des cauchemars. Je revivais les images de la scène du meurtre: j'étais victime du stress post-traumatique. Puis j'ai essayé de vivre ma vie d'adulte. En 1965, la découverte d'une fosse commune a ravivé des souvenirs que je croyais enfouis pour toujours dans le monde de l'oubli». Jean-Claude a collecté pendant des décennies des documents sur les événements qui se sont déroulés le 18juin 1944 à Saint-Marcel. La bataille du maquis a contraint l'occupant allemand à maintenir en Bretagne des dizaines de milliers de soldats et a contribué au succès du débarquement allié en Normandie. Une trentaine de témoignages émouvants et sincères sur les souffrances endurées par la population civile à la suite de la bataille du maquis de Saint-Marcel.
Livre très intéressant est consacré aux témoignages des civils ayant connu cette époque . Tirage a compte d'auteur en vente au musée
hilarion- Nombre de messages : 31
Date d'inscription : 23/01/2013
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