Bretagne : Occupation - Libération
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"BEZEN PERROT"

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Message  Maquisarde1944 Mar 01 Déc 2009, 11:40

En 1936, Célestin Lainé créé le Kadervenn qui comprend alors une douzaine de membres. Dans l'esprit de Lainé, c'est l'embryon d'une future armée bretonne. En 1938, les effectifs ont doublé. En 1938, le Kadervern se dote d'un service de renseignement, le « Service Spécial ». C'est ce dernier qui récupère les armes du Gwalarn en 1939. (voir : Débarquement d'armes de Plestin). C'est une unité paramilitaire conçue sur le modèle de l'IRA, comprenant une douzaine de membres environ engagés dans des manœuvres militaires. Cette organisation instruit les nouvelles recrues et participe à des manœuvres dans les Monts d'Arrée en 1937 puis dans les landes de Lanvaux en 1938.

À l'été 1940, Lainé transforme son Kadervenn en « Lu Brezhon ». Lors de l'établissement du Comité National Breton à Pontivy début juillet 1940. Lainé prend à cette occasion de façon officielle possession du château des Rohan, qu'il transforma en caserne pour héberger les premiers membres de sa future légion bretonne (une quarantaine de personnes). Le 24 juillet 1940, le château de Rohan, quartier général de ce Service Spécial est attaqué par la population de Pontivy. Ils abandonnent par la suite ce casernement pour rejoindre le manoir de Ker Riou en Gouezec, près de Pleyben. Leurs actions et leur présence suscitèrent l'hostilité ouverte de la population du bourg. Lainé fut convoqué par Olier Mordrel, pour lui rappeler que sa formation faisait partie du Parti National Breton, et devait en accepter les directives dont la première était de mettre fin au désordre (comportement en pays occupé) et de ramener le calme à Gouezec. Lainé, refusant d'accepter ce contrôle, Mordrel menaça d'abord de réduire son allocation puis coupa les vivres au Service Spécial. Lainé licencia des hommes de troupe, ne conservant que quelques éléments qui se retirèrent avec lui à la Trinité-sur-Mer, pour entreprendre en décembre 1940, une collecte d'armes dans tous le pays breton (avec Bubriad, l'un des principaux animateurs de cette opération).

Disposant d'un stock d'armes et d'explosifs que ses lieutenants avaient récupérés dans les hameaux et les bourgs, à la fin de 1940, il commença à tisser, dès le début de 1941 la toile de l'organisation de la future Armée de Libération de la Bretagne. Cette armée disposait d'un "pendall" état-major situé à Rennes. Elle était subdivisée en un certain nombre d'unités de base ou "bodoù", composés chacune de cinq hommes placés sous la direction d'un caporal-chef ou "kentour". À leur tour, 4 "bodou" constituaient un "ker" ayant à sa tête un "kerrenour" ou lieutenant. Une quinzaine de centres de recrutement et d'instruction avaient été répartis en Bretagne : Rennes, Nantes, Quimper, Saint-Brieuc, Vannes, Lannion, Guingamp, Ploërmel, Châteauneuf-du-Faou, Landerneau, Plouguerneau, Landivisiau et Paris, placés sous la responsabilité d'un délégué. Complétant cette infrastructure figuraient aussi un "groupe de sécurité" ("Kevrenn ar Surentez", chargé d'assurer la police et la protection de l'Armée secrète et un tribunal militaire siégeant à Saint-Brieuc, sous la présidence d'un éminent professeur de droit, adepte intransigeant du nationalisme breton. Le rôle de Lainé et de ses lieutenants était simple. Il consistait à donner une instruction militaire, dérivée des règlements des manuels de l'infanterie et de la cavalerie françaises, aux volontaires du prochain soulèvement de la Bretagne. L'utilisation précise et ultra-rapide de commandos s'inspirait de l'enseignement des raids de l'IRA. Tout ceci avait été, dit-on mis au point par le général Lainé, qui politiquement étranger au nationalisme breton, était le frère de Célestin Lainé.

Bagadoù Stourm
Au cours de l'année 1941, la direction du Parti National Breton charge Célestin Lainé et ses officiers de la Lu Brezhon d'assurer l'instruction militaire de son service d'ordre, les Bagadou Stourm, placé sous la direction de Yann Goulet. Au cours de l'année 1941, les cadres du Lu Brezhon procédèrent une fois par mois, le samedi et le dimanche, dans la plupart des centres de Bretagne à l'entrainement des jeunes recrues nationalistes : cours théoriques - enseignement du morse, étude de la balistique - connaissance des gaz de combat, cours pratique : répétition d'opérations. L'emprise exercée par les cadres de l'organisation de Lainé sur les effectifs des Bagadou Stourm ne devait pas tarder à créer un malaise proche de la subversion. Chef du service d'ordre, Yann Goulet réagit vigoureusement pour maintenir l'unité du Parti, en rappelant qu'"instruire et diriger sont deux choses différentes", et que dans une école militaire, il n'est pas admissible qu"un maître d'armes s'arroge un pouvoir de commandement". Suivi par Raymond Delaporte, Goulet resta la seule autorité reconnue. À partir de cet instant, les inconditionnels du Lu Brezhon, et les volontaires des Bagadou s'observèrent avec une méfiance évidente (prélude à la scission qui devait aboutir deux ans plus tard à la formation du Bezen Perrot).

En juillet 1941, les Allemands confisquent le stock d'armes récupérées en 1939 et 1940, devant la formation de cette Armée Secrète de la Bretagne Libre.

En 1943, hostile à la politique temporisatrice du PNB de Raymond Delaporte, Célestin Lainé constitue une légion de volontaires séparatistes en uniforme allemand, prête à combattre non seulement les Français, mais aussi les ennemis du Reich, quelques jeunes garçons du Bagadou Stourm s'enrôlèrent spontanément dans les rangs du Bezen Kadoudal en demeurant persuadés qu'ils étaient en accord avec leur chef, Yann Goulet, un certain nombre d'autres membres rejoignit la Résistance, en créant notamment le groupe Liberté ou timoléon dans la région de Saint Nazaire. Cette armée ne fut pas reconnue par Raymond Delaporte, qui déclara que "cette armée bretonne" ne pouvait avoir aucune réalité légale étant donné qu'elle n'était composée que de volontaires sans uniforme national et directement engagés dans les forces allemandes.


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Message  Invité Mer 02 Déc 2009, 10:49

Salut,
tres interessant , merci,
yves

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Message  Heydebrand Lun 07 Déc 2009, 17:57

Bonsoir,
merci pour cet exposé très clair! Pour le non-spécialiste c'est assez difficile de suivre les voies des formations tels Lu Brezhon, Bagadou Stourm, Strolladou Stourm, Bezen Cadoudal jusqu' à Bezen Perrot. Mes orientations étaient tirées de "Les nationalistes bretons de 1939 à 1945" par Frelaut et, en partie, "Histoire de Bretagne" par Chardronnet. Je n'avais aucune idée sur la structure interne de Lu Brezhon. J'espère qu'il va y avoir une continuation de l'exposé à partir du temps où le nom "Bezen Perrot" apparait pour la premère fois, avec, entre autres, des explications sur le destin de Lu Brezhon et Bagadou Stourm après cette date.
Merci encore, j'ai appris beaucoup.
Heydebrand


Dernière édition par Heydebrand le Mar 08 Déc 2009, 12:24, édité 1 fois (Raison : Orthographie)

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Message  Maquisarde1944 Mar 08 Déc 2009, 09:45

J'essayerai de vous mettre la suite, avec grand plaisir:)
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