Libération de Rennes
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Libération de Rennes
Patton a donné ses ordres à Middelton, commandant du 8e corps: il faut foncer sans se retourner. La 6e DB doit prendre Brest avant le repli allemand et la 4e DB doit s’assurer des plages en pente douce et abritées de Quiberon, où l’on a prévu d’installer un complexe portuaire. Vingt mille FFI, commandés par le colonel Albert Eon, sont placés aux ordres de la 3e armée. L’avis de guérilla a été relancé le 3 août 44.
La 4e DB, sur la route du Morbihan, doit libérer Rennes, carrefour des communications bretonnes, défendue par deux compagnies de la Luftwaffe, quelques marins, des fantassins venus en renfort du Mans, un Kampfgruppe de la 91e division. Les faubourgs nord-ouest sont atteints dès le 1er août mais les premiers combats, autour de l’aéroport, tempèrent l’optimisme américain. Le général Wood préfère attendre des renforts et un soutien aérien, et fait contourner Rennes par l’ouest.
Le général allemand Koenig a compris le danger et, dans la nuit du 3 au 4, il ordonne le repli vers Saint-Nazaire. Le 13e régiment, accompagné par des FFI, entre dans une ville en liesse, qui redécouvre le goût, l’éclat, et les exigences de la liberté.
LE JOURNAL
« J’avais été fait prisonnier le 17 juin 1940, alors que j’étais lieutenant artilleur à la 4e division cuirassée de De Gaule. J’ai été libéré l’année d’après, et je suis rentré à Rennes où je suis allé voir Paul Hutin, le secrétaire général de l’Ouest-Eclair, pour savoir quoi faire.
Il m’a exposé sa foi en la victoire finale contre l’Allemagne et m’a expliqué qu’il avait choisi de se retirer du journal. Ceux qui avaient choisi de continuer la parution sous Vichy disaient qu’il fallait nourrir les familles et sauvegarder l’imprimerie. Il ne pouvait admettre ce choix.
Se soucier d’abord des moyens, c’était sacrifier la finalité: un journal indépendant et républicain. Quand aux familles, il comprenait leur angoisse. Il ne voulait rien imposer, sinon aux responsables. Il m’a dit de reprendre mon travail et d’attendre. Je suis donc allé à Nantes, où il est venu me voir régulièrement.
Le vrai patron de l’Ouest-Eclair, le président du Comité de surveillance, un homme pourtant brillant et cultivé, a écrit quelques articles collaborationnistes. Les éditoriaux ont été confiés à des personnes extérieures au journal. Le domaine des journalistes s’est limité à l’information locale la plus brève, mais j’ai su que la photogravure réussissait à fabriquer de fausses cartes d’identité.
J’ai appris que Rennes était libérée le 3 août au soir, et j’y suis parti le lendemain matin, à vélo. Je suis arrivé au Pré-Botté, le siège du journal, dans la matinée du 5 août.
Il y régnait une atmosphère guerrière. Des exaltés parlaient de châtiments exemplaires. Paul Hutin était là et m’a expliqué la situation. Il avait rejoint les américains à Maison-Blanche, dans la nuit du 3 au 4, en compagnie d’Hettier de Boislambert, était arrivé au journal le matin du 4 et avait annoncé qu’il prenait la direction du journal, qu’il voulait appeler Ouest-France.
« Nous n’allons pas reparaître tout de suite, m’a-t-il dit. Retourne à Nantes et prépare le lancement de notre nouveau journal avec la rédaction et le comité de libération ». Ce que j’ai fait.
On a imprimé le journal de l’armée américaine, Stars and Stripes, puis un bulletin quotidien, enfin Ouest-France. Il n’y a pas eu de règlements de comptes. Le président du comité de surveillance a assumé sa responsabilité et a été condamné à l’indignité nationale.
Les éditorialistes ont disparu dans la nature. Un seul employé, un sténo, avait été ouvertement pétainiste. Il a quitté le journal.
Ce fut tout. Paul Hutin ne voulait condamner personne. Il opposait au désir de vengeance une exigence morale capable de pardon. Après être allé voir Pétain avec la commission à l’Ile d’Yeu, il m’avait dit: « Ce qui me déçoit le plus chez cet homme, c’est qu’il n’ait pas mis sa captivité à profit pour s’élever spirituellement ».
La 4e DB, sur la route du Morbihan, doit libérer Rennes, carrefour des communications bretonnes, défendue par deux compagnies de la Luftwaffe, quelques marins, des fantassins venus en renfort du Mans, un Kampfgruppe de la 91e division. Les faubourgs nord-ouest sont atteints dès le 1er août mais les premiers combats, autour de l’aéroport, tempèrent l’optimisme américain. Le général Wood préfère attendre des renforts et un soutien aérien, et fait contourner Rennes par l’ouest.
Le général allemand Koenig a compris le danger et, dans la nuit du 3 au 4, il ordonne le repli vers Saint-Nazaire. Le 13e régiment, accompagné par des FFI, entre dans une ville en liesse, qui redécouvre le goût, l’éclat, et les exigences de la liberté.
LE JOURNAL
« J’avais été fait prisonnier le 17 juin 1940, alors que j’étais lieutenant artilleur à la 4e division cuirassée de De Gaule. J’ai été libéré l’année d’après, et je suis rentré à Rennes où je suis allé voir Paul Hutin, le secrétaire général de l’Ouest-Eclair, pour savoir quoi faire.
Il m’a exposé sa foi en la victoire finale contre l’Allemagne et m’a expliqué qu’il avait choisi de se retirer du journal. Ceux qui avaient choisi de continuer la parution sous Vichy disaient qu’il fallait nourrir les familles et sauvegarder l’imprimerie. Il ne pouvait admettre ce choix.
Se soucier d’abord des moyens, c’était sacrifier la finalité: un journal indépendant et républicain. Quand aux familles, il comprenait leur angoisse. Il ne voulait rien imposer, sinon aux responsables. Il m’a dit de reprendre mon travail et d’attendre. Je suis donc allé à Nantes, où il est venu me voir régulièrement.
Le vrai patron de l’Ouest-Eclair, le président du Comité de surveillance, un homme pourtant brillant et cultivé, a écrit quelques articles collaborationnistes. Les éditoriaux ont été confiés à des personnes extérieures au journal. Le domaine des journalistes s’est limité à l’information locale la plus brève, mais j’ai su que la photogravure réussissait à fabriquer de fausses cartes d’identité.
J’ai appris que Rennes était libérée le 3 août au soir, et j’y suis parti le lendemain matin, à vélo. Je suis arrivé au Pré-Botté, le siège du journal, dans la matinée du 5 août.
Il y régnait une atmosphère guerrière. Des exaltés parlaient de châtiments exemplaires. Paul Hutin était là et m’a expliqué la situation. Il avait rejoint les américains à Maison-Blanche, dans la nuit du 3 au 4, en compagnie d’Hettier de Boislambert, était arrivé au journal le matin du 4 et avait annoncé qu’il prenait la direction du journal, qu’il voulait appeler Ouest-France.
« Nous n’allons pas reparaître tout de suite, m’a-t-il dit. Retourne à Nantes et prépare le lancement de notre nouveau journal avec la rédaction et le comité de libération ». Ce que j’ai fait.
On a imprimé le journal de l’armée américaine, Stars and Stripes, puis un bulletin quotidien, enfin Ouest-France. Il n’y a pas eu de règlements de comptes. Le président du comité de surveillance a assumé sa responsabilité et a été condamné à l’indignité nationale.
Les éditorialistes ont disparu dans la nature. Un seul employé, un sténo, avait été ouvertement pétainiste. Il a quitté le journal.
Ce fut tout. Paul Hutin ne voulait condamner personne. Il opposait au désir de vengeance une exigence morale capable de pardon. Après être allé voir Pétain avec la commission à l’Ile d’Yeu, il m’avait dit: « Ce qui me déçoit le plus chez cet homme, c’est qu’il n’ait pas mis sa captivité à profit pour s’élever spirituellement ».
vajecy- Nombre de messages : 214
Date d'inscription : 24/12/2008
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