Bretagne : Occupation - Libération
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L'île de Sein

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L'île de Sein Empty L'île de Sein

Message  vajecy Lun 23 Fév 2009, 11:44

«  Les allemands avaient fait de notre île de Sein leur sentinelle avancée du mur de l’Atlantique. Après le débarquement, on les a sentis fébriles. Ils ont commencé à s’entraîner au combat de rue et à la défense rapprochée dans les matins précoces du mois de juin. Ils ont placardé des affiches en allemand annonçant que tout sabotage serait puni de la peine de mort. Ils ont exigé que tous les bateaux soient mis bout à terre et que le port soit dégagé. Nous les jeunes, ils nous ont réquisitionnés pour couper du goémon destiné à cacher leurs casemates: la Kommandantur avait été mitraillée par deux avions anglais. Nous choisissions le goémon qui puaient plus rapidement
Quatre ans plus tôt, les allemands avaient trouvé une île vidée de la majorité de ses hommes valides, partis spontanément, comme pour un naufrage, rejoindre de Gaulle, qui avait baptisé Sein, « le quart de la France ». Ils avaient feint de ne pas s’en étonner, pas plus que de voir célébrer des messes d’enterrement sans cercueil à chaque fois que la Croix-Rouge nous avait appris la mort des nôtres.
Avec 130 soldats sur notre minuscule langue de terre, avec la très dure douane militaire, la première résistance consistait à partager le poisson avec les familles dont le père avait répondu à l’appel. On vivait dans notre nuit océane sans lumière, sans TSF ( on ne pouvait recharger les accus) et on se chauffait aux algues ou à la bouse séchée.
Un jour, on les a vus faire leurs bagages. Puis placer des explosifs au phare et à la centrale électrique. Le commandant a convoqué le maire, qui a tenté de le convaincre d’épargner cette catastrophe à l’île et à la navigation internationale, donc à l’Allemagne elle-même. « De mon propre chef, répondit-il, je ne l’aurais pas fait, mais j’ai des ordres écrits. »
Les allemands se sont regroupés au port, ils ont réquisitionné le vieux courrier de l’île, Le Zénith et le ravitailleur des phares, Le Malgwen. 
A 18 h 20 ce 4 août 44, la centrale a explosé, le phare de Sein s’est écroulé de ses 46 mètres, ainsi que la partie supérieure de la tourelle de brume du Guéveur. Seul le phare de Men Brial, trop proche des habitations, a été épargné. Les allemands ont récupéré leurs artificiers et sont partis vers Audierne.
L’île a été libérée sans avoir vu de libérateur. Elle a tout de même vu des américains: le 1er mai 1943, l’équipage du Pax Vobis avait ramené quatre survivants d’une forteresse aérienne qui, au retour d’un bombardement de Lorient, s’était abîmée sous ses yeux sur le banc d’Ouessant. Leur débarquement surprise avait sidéré les douaniers allemands. L’un des aviateurs était blessé et le médecin exigea son transfert par avion sur le continent. C’est ainsi qu’incrédules on vit se poser, puis décoller sur 150 mètres un Morane sanitaire, un tout jeune pilote aux commandes. Un avion sur le rocher de Sein, on avait jamais vu ça. Et on ne l’a jamais revu. »

François Hervis, 19 ans
vajecy
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Date d'inscription : 24/12/2008

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