Bretagne : Occupation - Libération
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Message  alain Sam 23 Juin 2012, 18:58

Bonjour à tous
Un récit du séjour de la 14° compagnie antichar du 451° régiment de la 251° division dans le Finistère.

Le récit qui suit a été publié par Karl-Wilhelm Maurer, à partir des notes de son père Rudolf Maurer, pasteur protestant et adjudant de réserve. Ce dernier appartenait à la 14° compagnie antichar du 451° régiment d’infanterie (251° division)
La 251°, en réserve, suivait la 5° division blindée et c’est tout naturellement qu’elle a pris sa place comme division d’occupation dans le Nord-Finistère. La 14° compagnie se retrouve à Plouider. Par le plus grand des hasards, les archives de la mairie de Plouider, déposées aux archives départementales de Brest, ont conservé la liste des cantonnements des 120 hommes de la 14° compagnie.
J’ai traduit le récit du 23 juin 1940 au 1er mai 1941, date du départ de la division pour la Prusse Orientale.

23.6 : Nous bivouaquons sous la tente dans le petit village de la Forêrerie à 2km de Rânes
24.6 : Nous restons ici. C’est un jour de repos. Je dois néanmoins me mettre à la recherche d’armes dans les maisons. Toujours le même service. Je n’ai pas reçu de courrier depuis des jours.
25.6 : Nous sommes toujours à la Forêterie.
26.6 : C’est toujours le même ennui à la Forêterie. Nous avons déménagé dans une grande ferme où vivent une veuve joyeuse et une femme de soldat au caractère enjoué. Cette insouciance est incompréhensible. Je suis Ortskommandant. J’ai enfin reçu du courrier.
27.6 : Cet après-midi, nous sommes transférés à la Sauvagère, à environ 20km plus à l’ouest. Ici je suis l’adjoint du Ortskommandant. J’ai un logement de service dans le café « Chez Jean », une chambre et un séjour soimptueux, si bien que le sous-lieutenant Wobbe vient partager mon logement. Mon activité : j’installe un maire, une police locale et deux institutrices. Je fais appel à la population ; le curé doit apporter son aide. Il y a sans arrêt des solliciteurs ;
28.6 : J’ai merveilleusement bien dormi, j’ai pu enlever mes habits pour la première fois depuis le 10 mai. Le lit est parfait. Ce matin, je retourne à l’école et me fais chanter une chanson par les enfants, « le jeune tambour ». La chanson est typiquement française, mais très jolie.
29.6 : Nous quittons provisoirement le régiment. A 2h de l’après-midi, arrive l’ordre de marche vers Brest. Nous sommes heureux. Départ à 2h1/4. 140km sur des routes surchauffées. C’est une belle région, avec enfin des forêts et un paysage de bocage. C’est ainsi que je me représente l’Angleterre.
La route passe par Domfort, Mortain, Pontaubault, Pontorson, Dol, Dinan. Nous passons la nuit à Dinan. Après avoir rappelé à l’ordre un garnement, nous trouvons des cantonnements dans cette élégante et jolie petite ville, à peine touchée par la guerre. Je suis cantonné chez le directeur d’une école primaire, qui me dit entre autre, que les Français ont mérité de perdre la guerre. C’est une punition due à leur manque de discipline et d’organisation. Il admire les Allemands et espèrent qu’ils deviendront amis aux Français.
30.6 : Nous partons à 7h pour St Brieuc, via Lamballe. Une jolie trotte d’environ 60km. Avant St Brieuc, nous passons près de la mer. C’est marée basse. Pour moi, tout est intéressant. Nous faisons halte à 10h dans la caserne du 71° régiment d’infanterie. Il y a un an, j’étais aussi au 71°, toutefois à Erfurt. La caserne est une vieille bâtisse. La ville elle-même est jolie. Je fais ici quelques achats. C’est bien qu’il y ait de l’argent demain. Dans ces circonstances, il ne faut pas songer à envoyer de l’argent à la maison. Nous vivons comme « Dieu en France ». (L’expression « wie Gott in Frankreich », signifie avoir la belle vie).
1.7 : Ce matin, je suis retourné en ville pour dépenser mon dernier argent. Ce n’est pas difficile. Ensuite, j’ai pris un déjeuner. C’est aussi bon qu’un repas de midi, mais plus varié. J’ai payé seulement 1,20 RM, boissons comprises. Lorsque je suis rentré à la caserne, l’ordre de marche était déjà là. Je suis arrivé à temps pour prendre la tête d’un premier détachement pour Landerneau. Cela fait par Guingamp et Morlaix, environ 130km.
Le trajet a dû se faire à toute vitesse, car notre avance sur la compagnie n’était pas énorme.
La région est jolie, en partie boisée. A Landerneau j’au eu pas mal de travail. Le chef est Ortskommandant, et je suis son adjoint.
2 au 4 juillet : Hier après-midi, j’ai pu être relevé de mon travail. J’en ai été très content. Il n’était pas possible dans les conditions que nous connaissons ici, de faire le travail tout seul. (…) C’est quand même une commune de 8000 habitants, avec en plus 400 réfugiés, et encore 500 prisonniers de guerre. J’ai rencontré Hirschmann, un Juif de Nuremberg, qui a émigré à Paris en 1934, avec sa femme aryenne et un petit enfant.
5.7.1940 : Hier soir, je suis sorti avec mon chef. La même chose. Ce matin nous avons fait une petite excursion. Nous sommes allé jusqu’à la limite de Brest et avons pu voir un peu partout les traces de la retraite des Anglais. Il y avait des voitures brûlées et à moitié détruites dans les fossés. J’ai pu voir la grandeur de la mer, Dunkerque n’était qu’un bref intermède. La Bretagne est un pays couvert de vieilles églises, gothiques pour la plupart.
Aujourd’hui, nous sommes transférés à Plounévez-Lochrist. Le village se trouve à environ 20km au nord de Brest. La mer est à 3km, mais j’ai pu la voir pendant le trajet. Notre cantonnement se trouve dans la belle maison d’un avocat de Paris. L’homme est officier de marine de réserve à Rochefort. Sa famille possède ici une villa de vacances fort bien emménagée. Leur jolie fille de 18 ans a été éduquée en Autriche chez les Sœurs dans un couvent de Bregenz et parle bien l’Allemand. Notre chambre est très jolie. Nous avons bien dormi. La famille s’appelle Debled.
7.7 : Je suis à nouveau Ortskommandant adjoint. Mais il n’y a pas grand chose à faire. Je passe ce dimanche avec la famille, c’est très agréable et intéressant pour moi et Hübner. (Un copain sous-lieutenant)
Aujourd’hui, nous avons dû prendre congé de Plounévez-Lochrist. C’était très joli et je penserai souvent au jardin de Mme Debled
Ils me donnent leur adresse, leur fille Françoise, qui parle si bien allemand, en levant ostensiblement les yeux.
Debled, Plounévez-Lochrist, près de Brest (Finistère), et l’adresse parisienne, 27, rue de la Boétie (VIII°).
Le soir nous arrivons à Plouider.
7 au 23 juillet : L’installation à Plouider se passe très vite. Je trouve une jolie chambre bien propre chez Mme Berthou. Pour la première fois depuis Noël, je ne suis pas avec Hübner. Mais nous nous sommes tellement habitués l’un à l’autre, que nous prenons nos repas ensemble et nous allons souvent nous promener ensemble. La compagnie va souvent se baigner dans la mer qui n’est qu’à 3km.

Puis, le Feldwebel Maurer part en permission jusqu’à la mi-août 1940.

18 août : Nous arrivons à Morlaix à 9h1/2. Un camion est mis à notre disposition et nous sommes à Plouider à 15h10. La compagnie est toujours dans ses cantonnements. Le chef est en permission ; c’est Hübner qui commande la compagnie. Chacun aimerait que cela reste comme çà.
19 août : Aujourd’hui, je vais à Brest avec le sous-lieutenant Wobbe. Je suis étonné que l’on ne puisse presque plus rien acheter, alors que Irène m’avait adressé une liste d’achats.
20 août :Aujourd’hui, c’est mon premier jour de service après ma permission Je commande la II° section avec le sous-lieutenant Wobbe. Nous faisons des exercices de chasseurs alpins sur les falaises escarpées. Va-t-on vraiment aller en Angleterre ?
21 août : Aujourd’hui, exercice tactique à Brignogan, tout comme avant à Kalterherberg (dans l’Eifel)
22 août : Encore un exercice tactique ; ensuite repas avec les officiers et adjudants-chefs du III° bataillon. Le repas était excellent. Pour la première fois, j’ai mangé du homard. La conversation n’était pas aussi bonne que le homard.
24 août : Aujourd’hui, j’étais à Brest pour un enterrement. 3 hommes de la 3° compagnie se sont noyés pendant un exercice en mer. L’un d’entre eux était rentré de permission en même temps que moi et s’était marié pendant sa permission.
25 août (dimanche) : A la plage avec Dargel.
27 août : Le chef est de retour et le service abrutissant a recommencé. On s’exerce, on se baigne, on apprend à nager du matin au soir.
28 août : Hübner part en permission jusqu’au 25 septembre. Dommage, je dois me réhabituer à vivre seul.
1er septembre : C’est dimanche. Le temps est beau en permanence, tous les jours du soleil. En Allemagne, il y a en ce moment, en plus des avions anglais, une période de mauvais temps. L’après-midi je suis allé à la plage et je nage de mieux en mieux. Sur la plage de Goulven, il y avait beaucoup de monde.
4 septembre : Aujourd’hui, j’ai un exercice avec la II° section dans la baie de Camaret, au sud de Brest. Nous sommes allé au Trez-Hir à midi. C’est une magnifique station balnéaire. Nous avons bivouaqué sous la tente. La nuit est fraiche. Nous chargeons nos armes sur une flottille de vedettes à moteur.
5 septembre : Nous prenons la mer à 9h1/2 avec beaucoup de retard. La traversée se fait par une mer d’huile. Il est difficile de tenir le cap à cause de l’épais brouillard, car il nous manque des instruments de navigation et l’expérience de la mer. Nous atteignons l’anse de Camaret vers midi. Le débarquement se passe plus simplement que je l’avais imaginé. (….)
L’exercice semble être une répétition pour le débarquement réel. Il y aura des victimes, plus que nous le pensons.
Le soir, le Führer parle et, c’est un parallèle intéressant à notre exercice, annonce une nouvelle vague d’attaques contre l’Angleterre.
Début novembre : Je suis chef de la II° section, mais l’adjudant Genpel est passé sous-lieutenant et prend en cjarge la II° section. Je me retrouve chef de peloton.
2 au 10 décembre : Je suis à Plouguerneau avec la II° section pour la surveillance côtière. J’ai été proposé au grade de sous-lieutenant.
17 décembre au 12 janvier 1941 : je suis en permission.
13 janvier : Je prend en charge la I° section et part à Goulven.
2 février 1941 : Tout le régiment est transféré au sud, dans le secteur de Quimper. A Goulven, j’habitais à l’école, dans un cantonnement agréable, mais je n’y suis resté que 8 jours.
Ce dimanche matin à 8h, sous une pluie battante, les I° et IV° sections et les fourgons se mettent en marche, tandis que la II° section est déjà partie. Route par Lesneven, Landerneau, Le Faou, Châteaulin, Quimper, Concarneau, Pont-Aven, où la compagnie arrive vers midi ½.
Après une courte pause les compagnies sont réparties comme suit : La III° à Névez, la II° à Pont-Aven, la IV° à Moelan, la I° à Clohars. Nous relevons à Clohars les 10° et 12° compagnies du 176° régiment d’infanterie de la 61° division (une division de Prusse Orientale que nous avons déjà rencontré près de la Manche et à Dunkerque). Nous occupons d’abord le poste de Douelan avec 1 sous-officier et 7 hommes, un canon et une mitrailleuse.
Les cantonnements sont mauvais. Les sous-officiers et les hommes sont entassés dans l’ancien cantonnement de la 12°, une école. Moi et Böttger , nous sommes dans un hôtel, sans aération et sans couvertures. Le poste de garde est mieux situé au bord de la mer. Le soir il y a eu des ennuis avec les sergents et les hommes.
3 février : Le temps est meilleur. Je vais à Pont-Aven. Il n’y a pas de nourriture suffisante et pas de chauffage dans la chambre. Nous restons presque tout le temps au restaurant. Les Prussiens boivent comme des trous.
Cette nuit, il y a eu une attaque aérienne sur Quimperlé, où la compagnie doit embarquer. Heureusement l’ordre de marche a été changé, les deux compagnies restent encore ici.
8 février : La compagnie part dans son nouveau secteur définitif par sections, c’est la baie de La Forêt. (La Forêt-Fouesnant). C’est un camp de baraques. J’habite avec les autres adjudants dans une maison. Le logement est médiocre, la maison moisie.
14 et 15 février : Je dois participer à un cours de sélection qui a lieu à Beg-Meil. Je commence à en avoir assez. D’autant plus que le régiment a déjà fait suivre ma proposition d’avancement.
16 février : Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 s’est produit un raz de marée. Les pièces du bas dans la maison du chef ont été complètement dévastées. Il a fallu évacuer la maison. Les gens d’ici disent qu’ils n’ont pas vu une mer aussi forte depuis 70 ans.
17 février : Ce matin, grosse surprise, je suis muté à la 5° compagnie avec effet du 15 février.
25 février : Les 8 premiers jours dans la compagnie de fantassins sont derrière moi. Le cantonnement à la Forêt est mauvais. Je n’ai encore jamais eu un cantonnement permanent aussi misérable. Je suis content car le séjour sera bref, car selon Paul, je dois connaître l’infanterie de base avant d’être promu.
Les bruits courent que nous rentrons en Allemagne d’ici à 15 jours et que de là nous partons dans les Balkans.
28 mars : Le 24 mars, lundi après le quatrième dimanche du carême, la compagnie part à Rosporden. Beaucoup de choses s’étaient passées depuis le 24 février. Paul s’était fait rattraper par ses histoires de femmes. Il est aux arrêts et attend son jugement. Je suis encore à la 5°, alors que Fischer m’a écrit il y a 4 semaines que ma promotion était imminente. Le service est fatiguant, mes pieds ne tiennent pas le coup. La marche de la Forêt jusqu’ici était la dernière.
6 avril : Dimanche des Rameaux. L’offensive contre la Grèce et la Yougoslavie a commencé.
8 avril : Le commandement du secteur militaire de Marburg / Lahn a annoncé que l’adjudant de réserve Rudolf Maurer a été promu au grade de sous-lieutenant à dater du 1er février 1941.
13 avril : Le premier jour de Pâques, nous faisons un tour à cheval jusqu’à la Forêt. Le soir arrive un télégramme d’Irène, Reinhard est gravement malade. (son fils)
14 avril : J’obtiens une permission le lundi de Pâques. Je pars le cœur soucieux.
26 avril : Reinhard a été opéré le 19 avril. Il va un peu mieux. Comme sous-lieutenant, je ne suis pas sûr d’être réintégré dans la 14° compagnie. J’ai bien peur d’être affecté à la 1° compagnie.
29 avril : J’arrive à Rosporden à 21h. La 5° compagnie est déjà partie. Je vais voir la 14° compagnie où j’apprends avec soulagement que je suis réintégré
30 avril : Encore une belle journée de printemps à la Forêt.
1er mai : Camaret au sud de Brest (c’est certainement une erreur de Maurer)
A 15h35, le train se met en marche. Direction à l’Est. La destination est inconnue. Je suppose la Pologne. Trajet par Vannes, Le Mans où nous arrivons le lendemain matin 2 mai vers 7h. A midi nous sommes à Trappes près de Paris, puis nous continuons par Achères, Creil, Tergnier à 23h30.
3 mai : La nuit a été fraiche, pas de chauffage. Après Paris nous croisons de nombreux transports en direction de la France. Comprenne qui pourra ! Vers midi nous sommes à Löwen et vers 2h à Hasselt, le soir à 20h nous arrivons à la frontière entre la Hollande et l’Allemagne à Dahlheim. Nous repartons à 22h.

La 251° division participe à l’invasion de l’URSS le 22 juin 1941. .Pendant la campagne de Russie, la 14° compagnie aura 36 tués, dont le sous-lieutenant Hübner, le 24 juillet, et 38 blessés. Promu lieutenant, Rudolf Maurer est muté sur le front de l’Ouest le 4 août 1943. Il finira la guerre comme capitaine à Jersey. Fait prisonnier, il connaîtra plusieurs camps en Angleterre, avant d’être libéré et démobilisé à Dachau en septembre 1947.

Alain



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Message  Eric29 Sam 23 Juin 2012, 19:21

Salut Alain, super intéressant, merci!
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Message  Unstrut Sam 23 Juin 2012, 21:49

Salut Very Happy
Merci milles fois pour ce témoignage traitant d'un coin que je connais bien cheers

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