"Silence, on tourne !"
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"Silence, on tourne !"
En lisant un livre, je découvre ceci :
Avril 1942 en Ille et Vilaine
" Nous sommes au mois d'avril 1942. La Vilaine, la mal nommée, déroule ses méandres dans un décor de collines qu'a choisi l'U.T.A (Universum Film Aktiengessellschaft, la principale société cinématographique d'outre-Rhin).
Pour les besoins de la propagande, il faut cette fois des soldats bien nourris, bien reposés, bien rasés. Il s'agit de montrer aux spectateurs les dernières heures de la guerre fraîche et joyeuse pour la prise de la ville de Moscou. Le symbole est donc d'importance et Goebbels, grand maître de la propagande, toujours intéressé par les problèmes de cinéma a dû donner des ordres pour le film soit une réussite. Pour cela, il n'est pas question de lésiner sur les moyens. Côté figurants, pas de problème; il y a là, à la disposition, les unités d'instruction qui, autant de fois qu'il le faudra, passeront et repasseront devant la caméra. Rappelons que nous sommes au mois d'avril, et qu'en Bretagne à cette date, le blé est encore en herbe. Comme dans les meilleurs conditions, Moscou ne sera pas prise avant l'été, on brûle ce froment au lance-flammes tandis que l'on démolit des meules de paille et l'on vide des sacs de grains pour permettre à des soldats allemands d'effectuer le battage, torse nu, au grand soleil.
Pour les arbres, on massacre un bois tout proche. Soigneusement effeuillés, étêtés, le tronc déchiqueté, ils sont plantés sur la route de Laillé à Guichen. Sur la même route, on renverse, on bascule pêle mêle les véhicules réquisitionnés. Il y a là voitures à chevaux, carrioles, vachères pour essayer de ressembler aux télégas russes (chariots russes à 4 roues).
Champs et prairies sont troués d'entonnoirs, consciensieusement creuser à la pioche. Des artilleurs sont venus vérifier leur bon aspect et leur véracité. Des cordes embrouillées simulent, au pied des poteaux électriques des poteaux télégraphiques abattus à la hache, l'enchevrêtement des fils.
Rien ne paraît laissé au hasard dans ce décor, dont le joyau demeure le pont qui, à l'ouest de Laillé, enjambe la Vilaine. Il s'est agi, sans le démolir, d'en simuler la destruction. Pour cela, la partie du tablier censée être tombée à l'eau est un décor en contreplaqué. Des lézardes aux piles et au parapet sont tracés au goudron.
Toute cette mise en scène pour le seul pont dura deux semaines et, aux dires d'un contremaître chargé de monter le décor, coûta 2 millions aux Allemands.
De 5h00 du matin jusqu'à 14h00, 1500 soldats passent et repassent devant la caméra devant le metteur en scène et opérateurs qui sont installés sur un podium dressé à un tournant de la route de Laillé à Guichen, sur la rive ouest de la Vilaine.
Au loin sur la lande, des batteries de fumigènes vomissent des voluptes noires : c'est Moscou qui brûle ! Au second plan flambent des isbas hâtivement construites tandis que pour la bande sonore, explosent ça et là des charges explosives.
Le film fut une réussite sauf que lors du visionnage dans les salons de Rennes, il fut remarqué car bien visible un panneau indicateur de distances : Moscou 3 kms - Bourg des comptes 6kms 500.... Sabotage involontaire qui eut sans nulle doute certaines répercussions pour les responsables de la propagande !"
Source : "La Bretagne dans la Résistance" de Gérard Le Marec.
Avril 1942 en Ille et Vilaine
" Nous sommes au mois d'avril 1942. La Vilaine, la mal nommée, déroule ses méandres dans un décor de collines qu'a choisi l'U.T.A (Universum Film Aktiengessellschaft, la principale société cinématographique d'outre-Rhin).
Pour les besoins de la propagande, il faut cette fois des soldats bien nourris, bien reposés, bien rasés. Il s'agit de montrer aux spectateurs les dernières heures de la guerre fraîche et joyeuse pour la prise de la ville de Moscou. Le symbole est donc d'importance et Goebbels, grand maître de la propagande, toujours intéressé par les problèmes de cinéma a dû donner des ordres pour le film soit une réussite. Pour cela, il n'est pas question de lésiner sur les moyens. Côté figurants, pas de problème; il y a là, à la disposition, les unités d'instruction qui, autant de fois qu'il le faudra, passeront et repasseront devant la caméra. Rappelons que nous sommes au mois d'avril, et qu'en Bretagne à cette date, le blé est encore en herbe. Comme dans les meilleurs conditions, Moscou ne sera pas prise avant l'été, on brûle ce froment au lance-flammes tandis que l'on démolit des meules de paille et l'on vide des sacs de grains pour permettre à des soldats allemands d'effectuer le battage, torse nu, au grand soleil.
Pour les arbres, on massacre un bois tout proche. Soigneusement effeuillés, étêtés, le tronc déchiqueté, ils sont plantés sur la route de Laillé à Guichen. Sur la même route, on renverse, on bascule pêle mêle les véhicules réquisitionnés. Il y a là voitures à chevaux, carrioles, vachères pour essayer de ressembler aux télégas russes (chariots russes à 4 roues).
Champs et prairies sont troués d'entonnoirs, consciensieusement creuser à la pioche. Des artilleurs sont venus vérifier leur bon aspect et leur véracité. Des cordes embrouillées simulent, au pied des poteaux électriques des poteaux télégraphiques abattus à la hache, l'enchevrêtement des fils.
Rien ne paraît laissé au hasard dans ce décor, dont le joyau demeure le pont qui, à l'ouest de Laillé, enjambe la Vilaine. Il s'est agi, sans le démolir, d'en simuler la destruction. Pour cela, la partie du tablier censée être tombée à l'eau est un décor en contreplaqué. Des lézardes aux piles et au parapet sont tracés au goudron.
Toute cette mise en scène pour le seul pont dura deux semaines et, aux dires d'un contremaître chargé de monter le décor, coûta 2 millions aux Allemands.
De 5h00 du matin jusqu'à 14h00, 1500 soldats passent et repassent devant la caméra devant le metteur en scène et opérateurs qui sont installés sur un podium dressé à un tournant de la route de Laillé à Guichen, sur la rive ouest de la Vilaine.
Au loin sur la lande, des batteries de fumigènes vomissent des voluptes noires : c'est Moscou qui brûle ! Au second plan flambent des isbas hâtivement construites tandis que pour la bande sonore, explosent ça et là des charges explosives.
Le film fut une réussite sauf que lors du visionnage dans les salons de Rennes, il fut remarqué car bien visible un panneau indicateur de distances : Moscou 3 kms - Bourg des comptes 6kms 500.... Sabotage involontaire qui eut sans nulle doute certaines répercussions pour les responsables de la propagande !"
Source : "La Bretagne dans la Résistance" de Gérard Le Marec.
Yannig du 22- Modo
- Nombre de messages : 2217
Age : 53
Localisation : ST BRIEUC
Date d'inscription : 25/04/2008
Re: "Silence, on tourne !"
Excellent!!
Eric29- Nombre de messages : 672
Age : 60
Date d'inscription : 31/03/2010
Re: "Silence, on tourne !"
Salut !
J'avais déjà lu un article sur le sujet (pas réussi à retrouver où ?), et il existe aussi au moins deux photos (p.158) dans l'ouvrage "La Libération de la Bretagne" de Ph.Camby - Ed. Ouest-France 1980.
J'avais déjà lu un article sur le sujet (pas réussi à retrouver où ?), et il existe aussi au moins deux photos (p.158) dans l'ouvrage "La Libération de la Bretagne" de Ph.Camby - Ed. Ouest-France 1980.
jeremiah29- Nombre de messages : 1952
Age : 55
Localisation : Nord-Finistère
Emploi/loisirs : nombreux
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: "Silence, on tourne !"
Bonsoir,
Sur le film il y a le bourg de Corps Nuds ou du moins son église qui a été filmé car son église Saint-Maximilien Kolbe de Corps-Nuds est avec son clocher à bulbe de type byzantin.
Sur le film il y a le bourg de Corps Nuds ou du moins son église qui a été filmé car son église Saint-Maximilien Kolbe de Corps-Nuds est avec son clocher à bulbe de type byzantin.
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