Bretagne : Occupation - Libération
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Rennes : 17 juin 1940

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Message  jeremiah29 Dim 09 Mai 2010, 17:45

Bonjour !

Ayant découvert il y a déjà pas mal de temps sur Ebay un lot de photos montrant de très nombreux wagons détruits et intitulé "Rennes 1941 - bombardierter Zug", j'ai effectué en vain des recherches concernant ce bombardement de 1941 scratch , avant de tomber sur le site suivant :
http://www.lelancastria.com/17-juin-1940-tragedie-a-Rennes-a.html

Certaines photos étant identiques, le doute n'est pas permis : il s'agit bien du bombardement de la gare de triage de la plaine de Baud à Rennes le 17 juin 1940 (et non pas en 1941... Suspect ).

Le nombre et l'état des wagons détruits sont de bien funestes présages du nombre de victimes... pale

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Cordialement,
Laurent
jeremiah29
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Rennes : 17 juin 1940 Empty Re: Rennes : 17 juin 1940

Message  iwann Lun 10 Mai 2010, 16:30

Merci Laurent pour les photos.

Concernant le 17 juin 1941, un récit du livre "Soldats bleus dans l’ombre" (Le Commandant Guillaudot, alias Yodi, et ses gendarmes dans la résistance).

Le 10 juin 1941à la Préfecture, M. François Ripert, préfet du régime vichyste, a convoqué outre ses proches collaborateurs, dont son secrétaire général Cousin, le commandant Guillaudot et le commissaire principal Nicouleau. M. Château, maire de Rennes, assiste également à la réunion.

Le préfet est inquiet, nerveux. Il sait que les habitants de la ville ont décidé de commémorer l'anniversaire du bombardement de l'année précédente. Son secrétaire général, homme ambitieux et sournois, le pousse à prendre des décisions extrêmes.
-Il faut fermer le cimetière, dit le préfet. Et le plus tôt possible. Je vous demande, Monsieur le Maire, de prendre l'arrêté adéquat.
M. Château le regarde.
-Je ne vois pas pourquoi il est nécessaire de fermer le cimetière. Les gens vont venir, c'est certain, mais pas pour manifester. Ils fleuriront les tombes et c'est tout.
-Vous ne voulez pas prendre cet arrêté ?
-Non !
-Très bien, reprend le préfet, alors c'est moi qui vais fermer le cimetière et le faire protéger par la police et la gendarmerie.
Maurice Guillaudot se lève, droit, sévère dans son uniforme bleu sombre.
-Monsieur le Préfet, ne faites pas ça ! Vous allez déclencher une mauvaise affaire.
Ripert frappe sur la table.
-Vous garderez le cimetière. C'est un ordre, vous l'exécuterez !
Le commandant ne bouge pas.
-Je ferai mon devoir, un point c'est tout, dit-il, mais je ne réponds de rien.

Quatre jours plus tard, le journal « Ouest-Eclair » publie un « Appel du préfet d'Ille-et-Vilaine à la population » :

« Des agitateurs étrangers cherchent à troubler l'ordre public dans le département en suscitant des rassemblements et des actes de rébellion contre l'occupation.
« Suivre les exhortations de ces provocateurs, c'est diviser et affaiblir notre pays; c'est aussi exposer à des mesures de sévérité et de représailles la population tout entière; c'est risquer de faire retomber de très graves sanctions sur une masse de Français innocents qui réprouvent cette attitude indigne, et, en particulier, sur la jeunesse universitaire, qui désire poursuivre sans interruption ses études dans le calme pour se mettre rapidement au service du Pays.
« En cet anniversaire, la population, tout spécialement à Rennes, doit se recueillir et honorer ses morts dans le silence et la dignité; elle doit aussi se souvenir des engagements qu'a souscrits en son nom le Maréchal Pétain vis-à-vis de l'armée d'occupation et les exécuter loyalement; elle doit encore garder la discipline que lui demande le Maréchal, son chef, qui l'a sauvée du désastre.
« Pour éviter que tous les habitants du département n'aient à souffrir de l'imprudence et de l'irréflexion de quelques exaltés, j'ai arrêté les mesures suivantes :
« I. — Tout rassemblement ou toute tentative de rassemblement, tout défilé est interdit sur la voie publique ou dans les lieux publics, et sera dispersé.
« II. — Le cimetière de l'Est, où une manifestation collective de protestation a été organisée, à la suite d'un mot d'ordre venu de l'étranger, sera fermé pendant les journées des 15 et 17 juin, et l'accès de ses abords est interdit ces mêmes jours.
« Un hommage officiel sera rendu aux victimes des bombardements du 17 juin, par les notabilités civiles et religieuses de la ville de Rennes et du département, au nom de toute la population.
« III. — Toute personne qui enfreindrait ces interdictions s'exposera à des poursuites et aux peines les plus graves.
« Avant qu'il ne soit trop tard, j'invite avec insistance et de la façon la plus pressante tous les Français d'Ille-et-Vilaine, en particulier à Rennes, à se sou¬mettre dans le calme à ces prescriptions et à ne pas commettre d'actes d'indiscipline ou de désordre dont les conséquences seraient extrêmement graves.

« Au nom du Maréchal, j'adresse avec force ce suprême appel à leur raison et à leur bon sens. Je compte sur le patriotisme de tous.
Le Préfet, François RIPERT. »

Deux jours plus tard, le lundi 16, des autonomistes bretons viennent fleurir les tombes de quelques-uns des leurs, poussant des cris hostiles à de Gaulle, glorifiant l'armée nazie. La foule des visiteurs les prend à partie. Très vite, l'affrontement verbal s'amplifie, gronde, menace de se transformer en bagarre autour des sépultures. Alerté, le commandant Guillaudot et quelques hommes arrivent sur les lieux. Discussion, apaisement. Les autonomistes s'éclipsent.

En rentrant à la gendarmerie, Maurice Guillaudot apprend que le préfet Ripert l'attend sur l'heure. Impossible de refuser d'obéir à cette convocation. Et d'ailleurs, pourquoi Maurice Guillaudot refuserait-il d'affronter l'adversaire, lui qui a toujours su faire face à toutes les épreuves ?
François Ripert marche de long en large dans son bureau quand le Commandant arrive. Garde à vous. Salut. Le préfet va vers lui, la main tendue.
-Bravo ! Vous avez évité la bagarre, c'est très bien !
-Demain, cela risque d'être différent, répond le commandant. Nous n'aurons pas devant nous quelques trublions isolés, mais la population tout entière.

-Bah ! quand les gens verront la grille fermée et les forces de police, ils se retireront.
-Pour marcher sur la préfecture !
Ripert ne répond pas. Un silence, Le commandant a dit ce qu'il avait à dire.
-Faites au mieux, dit enfin le préfet qui transpire.
-Très bien, Monsieur le Préfet, mais je vous rappelle qu'en de telles circonstance, je ne réponds de rien.
Garde à vous. Salut. Demi-tour. Maurice Guillaudot ferme doucement la porte du bureau qui semble maintenant un vaste tombeau.
Mardi 17 juin. 13 heures. Le cimetière de l'Est... Une grande place devant l'entrée principale, un portail de fer enchâssé dans le mur de schiste brun et noir, où le mortier dessine de bizarres arabesques grises. A quelques mètres de l'entrée, un cordon de gendarmes, immobiles, au repos. Le commandant a amené une centaine d'hommes... Un peu plus loin, quelques policiers, en uniforme et en civil, sous les ordres du commissaire Dives. Les deux hommes conversent aimablement. Le commissaire est fils de gendarme et il vient de s'installer à Rennes, il y a à peine quinze jours. Il n'a pas encore eu le temps de prendre le vent, de découvrir les positions politiques des uns et des autres. En quelques mots, le commandant lui retrace les péripéties du bombardement.
-Il y a eu près de 2 000 victimes, dit-il. Hommes, femmes, enfants. Les munitions du convoi ont explosé presque sans arrêt durant vingt-quatre heures, ce qui a évidemment compliqué la tâche des sauveteurs.
-Sale histoire ! fait le commissaire.
-Oui, reprend le commandant, et vous comprenez bien que tous ces gens qui vont venir aujourd'hui fleurir les tombes de leurs disparus ne comprendront pas pourquoi on a jugé nécessaire de faire protéger le cimetière par des forces de police. Il faut vous dire que...

Il va continuer ses explications lorsqu'une traction avant s'arrête près d'eux, dans un horrible grincement de freins. Sec, pâle, le regard fuyant, Cousin, le secrétaire général de la Préfecture en sort, salue sèchement les deux hommes.
-Alors ? demande-t-il.
-Le dispositif est en place, répond Maurice Guillaudot, en montrant ses gendarmes et les quelques policiers en faction devant le mur du cimetière.
-Vous voyez, dit Cousin, jetant un coup d'œil à la place vide, il n'y a personne. Ils n'ont pas osé. Si nous n'avions pas pris cet arrêté...

Une demi-heure plus tard, dans la tiédeur de l'après-midi qui commence, une foule nombreuse a rempli la place. Des hommes portant des gerbes, des femmes en voile noir, des enfants tenant de modestes bouquets, quelques groupes avec des couronnes. Combien sont-ils ? Trois cents, quatre cents peut-être.
Un étrange silence règne maintenant sur la place, s'identifie à celui du cimetière... Les vivants retrouvent les morts dans le calme de la colère contenue. Sans qu'un seul mot ait été prononcé, une femme, maigre silhouette sombre, s'avance vers les gendarmes, pose sa gerbe au pied de l'un d'eux. En voici une autre qui s'avance, accomplit le même geste. Maintenant c'est au tour d'un enfant, d'hommes porteurs de couronnes...

En quelques minutes, un rempart de fleurs multicolores est dressé aux pieds des forces de police. Une voix brisée par l'émotion s'élève, puis une autre, puis des centaines :
« Allons, enfants de la patrie, Le jour de gloire est arrivé... »
Et la Marseillaise monte comme un chant d'espérance au-dessus de la place, comme un hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie.
Cousin trépigne, s'avance vers le commandant Guillaudot ;
-Faites cesser ce chant ! s'exclame-t-il.
-Que voulez-vous que je fasse ? réplique le commandant. Avec toutes les erreurs que vous avez commises, vous avez créé ici un abcès de fixation...
« Entendez-vous dans nos campagnes Mugir ces féroces soldats... »
-On ne pourra pas le débrider, poursuit le commandant, et il faudra...
-Vous avez des ordres, ce n'est pas la peine de discuter. Chargez !
« Aux armes citoyens!... »
Maurice Guillaudot se redresse. Cet homme, droit, sévère dans son uniforme bleu, domine le malingre secrétaire général de la Préfecture.
-Alors, qu'est-ce que vous attendez? glapit Cousin.
-Je vous avais prédit ce qui se passe maintenant...
-Ne discutez pas ! Chargez !
-Non!
Fou de rage, le secrétaire général se tourne vers le commissaire Dives.
-Faites charger vos hommes, crie-t-il.

-Je suis de l'avis du commandant, réplique M,. Dives, qui ne bouge pas.
« Marchons, marchons Qu'un sang impur... »
De plus en plus furieux, Cousin va vers les policiers, les exhorte, réussit à en convaincre quelques-uns qui s'avancent vers la foule.
De nouveau, c'est le silence. Puis, comme un coup de tonnerre, un cri :
-Vive de Gaulle !
Un autre :
-A bas, Pétain !
Et puis, un mot d'ordre :
-A la Préfecture !
Une menace :
-Ripert au mur !

Maurice Guillaudot rassemble ses gendarmes. Il lui faut faire vite, se trouver à la Préfecture avant l'arrivée des manifestants. Précipitamment, les gendarmes mon¬tent dans les trois cars qui les ont amenés... Pas de bousculade. L'ordre comme à une manœuvre.
Devant l'hôtel de la Préfecture, le commandant met en place le dispositif humain qui doit interdire l'accès du bâtiment. De sa fenêtre, le préfet Ripert voit ces préparatifs. Il descend dans la cour, avise Maurice Guillaudot :
-Que se passe-t-il?
-Les gens du cimetière de l'Est...
-Quoi ?
-Ils arrivent. Je vous avais prévenu. Votre Préfecture va être prise d'assaut.
Ripert pâlit, le courage n'est pas sa vertu dominante. En fait, c'est ce que le commandant appelle, dans son for intérieur, une « nouille ». Face au danger, il ne sait quelle attitude adopter.
-Que comptez-vous faire ? demande-t-il au commandant.
-Attendre.
-Mettez donc les pompes en batterie. Méprisant, Maurice Guillaudot le toise.
-Quelles pompes ?
-Les lances à incendie...
Le commandant hausse les épaules.
-Il y a mieux à faire, dit-il. Je ne vous demande qu'une chose : regagnez vos appartements et surtout ne vous montrez pas. Je me charge du reste.
Sans un mot, le préfet s'éloigne. Un quart d'heure plus tard, les manifestants arrivent, encore plus nombreux qu'au cimetière, ayant drame sur leur passage tout ce que Rennes compte de patriotes, d'opposants au régime de Vichy. A aucun moment, les Allemands ne sont intervenus. En fait, ils ignorent presque tout de l'origine de la manifestation. Et le défilé ne comporte aucune banderole, aucun drapeau. Comme on en est encore aux premières heures de la « Collaboration », ils se gardent bien, en gens « corrects », de se mêler d'une affaire purement française.
Etonnés de voir les barrages établis par les gendarmes, les manifestants s'arrêtent. Il n'y a pas de meneurs. La spontanéité du mouvement, c'est aussi sa relative faiblesse. Pendant plusieurs minutes, immobiles, face aux gendarmes, immobiles eux aussi, ces gens vont hurler leur colère, leur patriotisme :
-A bas Ripert !
-Pétain au poteau !
-Vive la France !
-Vive de Gaulle !

Puis lentement, presque insensiblement, comme la mer qui se retire pour la marée basse, la foule reflue, finit par se résoudre en gouttelettes humaines qui vont s'évaporer par les rues adjacentes. La place est maintenant déserte. Maurice Guillaudot donne l'ordre de repli. Tandis que ses gendarmes regagnent les autocars, un huissier de la Préfecture s'approche :
-Mon Commandant, Monsieur le Préfet veut vous voir.
-Quand?
-Tout de suite.
L'orage étant passé, François Ripert, excité par Cousin, tremble de colère lorsque Maurice Guillaudot pénètre dans son bureau.
-Vous avez désobéi. Vous avez trahi la confiance que j'avais placée en vous, lui dit aussitôt le préfet.
-Non.
-Il fallait charger.
-Pas contre des Français.
-Des juifs, des communistes, des agents de l'étranger ! intervient Cousin.
Que répondre à de telles inepties ? Le commandant se tait, mais la colère du préfet ne se calme pas pour autant.
-Vous aviez ordre de disperser ces gens, reprend-t-il. A tout prix ! Même en tirant. Vous trahissez le Maréchal, vous, un ancien de la Grande Guerre. Je vais demander votre révocation.
Le commandant le regarde et d'une voix cinglante :
-Monsieur le Préfet, dans l'armée, on ne révoque pas. On juge et on est jugé par ses pairs.
Sans saluer les deux hommes interloqués, il fait demi-tour et sort en claquant violemment la porte.

Le soir même, le préfet suspend le commissaire central et fait effectuer des rafles dans la ville. Plusieurs dizaines de jeunes gens sont appréhendés. On les expédiera le lendemain au camp de concentration de Châteaubriant.
Dans le même temps, Ripert et son secrétaire cherchent le moyen de se débarrasser du commandant Guillaudot. Cousin est le plus acharné. Sa fourberie n'a d'égale que sa méchanceté. Il en a maintes fois donné la preuve. Ainsi, lors d'une conférence ayant pour but de déterminer et de décider des mesures à prendre pour lutter contre le marché noir, il a, quelques semaines auparavant, donné l'ordre au commissaire central de choisir, parmi son personnel, deux inspecteurs particulièrement maigres.
-Pourquoi ? a demandé le commissaire.
-Eh bien ! nous les enverrons dans les restaurants. Ils laisseront entendre qu'ils sont des prisonniers évadés, réclameront des repas substantiels. Cela incitera peut-être les restaurateurs à sortir leurs réserves et à transgresser les arrêtés sur le ravitaillement.
-Le procédé n'est pas très élégant, a objecté le commissaire.
Cousin a alors sèchement conclu :
-Quand on entre dans la police, ce n'est pas pour faire des choses propres.
M. Nicouleau vient donc de payer le prix de son honnêteté.
Reste le commandant. Un militaire, guère attaquable par des civils. Malgré toute leur imagination, Ripert et Cousin doivent se résigner à téléphoner à Vichy.

Le 19 juin, Maurice Guillaudot trouve dans son courrier sa mutation : il doit rejoindre Vannes sans délai.
Informant ses subordonnés de son départ, il apprend que le commissaire Dives est rétrogradé et qu'il est lui aussi muté dans un autre département.

iwann

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