Bretagne : Occupation - Libération
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Combats pour Brest - Keriolet

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Message  jeremiah29 Mar 16 Sep 2014, 17:26

Bonjour !

Ci dessous-ci une petite traduction d'un extrait de l'ouvrage "From Beachhead to Brittany" de J. Balkoski concernant la batterie de Keriolet, à l'ouest du bois de Keroual.

Attaque suicide
Si Gerhardt souhaitait refermer la porte sur la garnison allemande de Brest, il visualisait le 115th Infantry comme la charnière tandis que les deux autres piliers de la 29th Division, les 116th et 175th Infantry, représentaient la porte battante. Ces deux régiments devaient donc pousser vers le sud le 26 août et, éventuellement, effectuer un virage difficile et risqué vers leur gauche (ou l’est) - un changement de direction exécuté en grande partie au contact avec l'ennemi. Le 116th, sous le commandement du Col.Philip Dwyer, pousserait dans et à travers la ville de Guilers, balayant vers l’avant le long de l'étroit arc intérieur en s'accrochant à la charnière représentée par le 115th sur la cote 81 et à Bohars. Pendant ce temps, le 175th, mené par Lt.Col.William Purnell, sortirait de Saint-Renan et de suivrait l'arc extérieur bien plus long vers une autre de ces séduisantes séries de cercles concentriques sur les cartes de la 29th Division qui retenaient l'attention de Gerhardt. Celle-ci, la cote 103, est située près du village de Plouzané - et dans quelques jours, elle entrerait dans l'histoire du 175th Infantry comme l'une des plus difficiles batailles de la Seconde Guerre mondiale.
C'était un bon plan, mais comme d'habitude, l'ennemi avait une réponse appropriée. Par conséquent, au lieu du mouvement claquant vers l'avant que Gerhardt avait envisagé, la porte battante d’Oncle Charlie s'écraserait contre d’imprévisibles et obstinés robustes points d’appui ennemis et finirait par s‘arrêter. Il faudrait plus d'une semaine pour que la porte battante de Gerhardt ne fasse à nouveau mouvement, et d'ici là, la seule façon de faire était de mettre tout le poids de la 29th Division derrière elle et de pousser en avant constamment face à la résistance imprévue et inflexible de l'ennemi. En fin de journée le 26 août, les 29ers en difficulté savaient qu'ils ne pourraient jamais obtenir un triomphe rapide et décisif à Brest. Pire encore, la victoire finale - si tant est qu'elle pourrait être atteinte - allait coûter beaucoup d'hommes. Malheureusement, le temps était venu pour le service d'enregistrement des sépultures de la 29th Division de désigner un endroit convenable pour un autre cimetière divisionnaire temporaire.
Le 116th Infantry avait pris part, plus souvent qu’à son tour, à d’épuisants combats jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, alors rien de ce que l'ennemi lui opposerait lors de sa progression en août 1944 ne pourrait surprendre ses vétérans davantage. Néanmoins, la bataille qui allait éclater dans un hameau apparemment sans importance avec un nom typiquement breton, Keriolet, compterait parmi les combats les plus intenses de la Stonewall Brigade durant la guerre. Le plus difficile fut son côté si inattendu. Lorsque le Major James Morris, commandant du 1st Battalion, reçut ses ordres de Dwyer dans la matinée du 26 août, il la qualifia plus tard comme "une mission de routine." Avec le 3rd Battalion sur la gauche et le 2nd en réserve, l’équipe de Morris aurait à pousser vers l’avant pour s’emparer de son objectif initial, le hameau de Lezvingant, puis elle se déplacerait vers Keriolet, un carrefour sur un des terrains les plus élevés de cette localité, où six routes importantes se rencontraient à moins d'un mile au sud de Guilers.
Peu d'Allemands se trouvaient sur le chemin de Morris à Lezvingant, mais au-delà de ce petit hameau, la résistance ennemie devint de plus en plus tenace. Le soir, les patrouilles du 1st Battalion avaient avancé jusqu’à 500 mètres au sud-est de Lezvingant, s’arrêtant pour la nuit à égale distance à l'ouest de Keriolet. Jusque là, tout allait bien, mais ce soir-là, les hommes de Morris soupçonnèrent que le jour suivant, le 27 août, serait loin d’être de la routine. La raison de cette déduction fut évidente pour tous, quand à la tombée de la nuit, la cacophonie du feu de l'ennemi, principalement anti-aérien, éclata au-delà de la haie de ligne de front des 29ers depuis les hauteurs autour de Keriolet, et que les GI se rendirent compte qu'ils étaient tombés dans un nid de guêpes. Quelque chose d’important se trouvait juste devant le 1st Battalion, et il était certain que l'ennemi allait se battre durement pour le conserver.
Les événements du 27 août prouveraient que cette hypothèse était correcte. Morris donna l’ordre à son équipe de s’élancer à 9 heures avec la compagnie A sur la gauche, la B sur la droite, et la C en réserve. Au début la progression fut régulière, mais comme l’avance poussait plus à l'est vers Keriolet, elle se ralentit. Un officier de l’historique de l'armée des États-Unis qui interrogea Morris trois semaines plus tard nota dans son rapport : "Les tirailleurs prirent la formation habituelle. L'ennemi résistait avec une mitrailleuse et cinq ou six fusiliers couvrant chaque haie. Le bataillon avança en ouvrant le feu et en faisant mouvement - principalement le long des fossés parallèles aux haies perpendiculaire. De cette façon, le bataillon se retrouva sur le bord extérieur des défenses préparées de Keriolet, perdant assez peu d'hommes lors de la progression."
Peu après midi, Morris sauta jusqu’à la haie de première ligne de la compagnie A, et ce qu'il vit le secoua. Les Allemands avaient dégagé de vastes champs de tir d'au moins 100 mètres de profondeur en face des Américains, parsemés ici et là par des piquets de bois destinés à empêcher l'atterrissage de planeurs alliés. L'ennemi avait également pratiqué de longues brèches dans les omniprésentes haies près de Keriolet de telle sorte que les 29ers ne pouvaient pas se réfugier derrière elles. Au-delà des haies défoncées et des pâturages dégagés se trouvait un formidable fossé antichars renforcé par d’abondants rouleaux de fils de fer barbelés. Toutes ces défenses impressionnantes entouraient plusieurs positions de canons lourds anti-aériens et quelques casemates en béton et abris souterrains. Il s’agissait incontestablement des plus puissantes défenses allemandes que le 116th Infantry avait rencontré depuis Omaha Beach, un endroit que Morris avait lui-même vu de ses yeux le jour J.
Morris fit tout ce qu’il pouvait pour éviter une attaque frontale meurtrière en essayant de manœuvrer son bataillon autour de Keriolet, mais l'ennemi rusé s'attendait à cette tactique et était prêt à cela. Morris engagea sa réserve, la compagnie C, à sa gauche et essaya de flanquer le point fortifié allemand par le nord, mais le dédale de haies trompeur et les nids de résistance ennemis bien cachés contrarièrent ce plan et, finalement, cela n'aboutit à rien. La compagnie B eut plus de chance sur la droite et parvint à pivoter autour du côté sud du point fortifié avant de s’élancer sous un déclenchement de feu ennemi et de finir sur un brusque arrêt. En quelques instants, cette fusillade infligea plusieurs pertes, dont celle d’un hardi chef de groupe de la compagnie B, blessé par un éclat alors qu'il tentait de s'approcher secrètement d’un nid de mitrailleuse allemand. Il est déplorable que le nom de ce 29er soit passé inaperçu par l'histoire et même maintenant, il ne peut être identifié, mais ce que l'histoire a en fait retenue est la façon dont il a été secouru grâce à la vaillance de son adjoint, le Sgt.Samuel Baker. Baker était décrit par un collègue d'équipe comme "un meneur d'hommes de la Caroline du Sud" et "un grand soldat," qui s’employait à amuser ses camarades au bivouac en chantonnant tranquillement l'ancien air de 1922 de Gus Kahn, rendu célèbre par Al Jolson, "Carolina in the Morning".
Selon un témoin, le chef de groupe gisait désespérément dans un pâturage dégagé, "saignant des jambes, le visage blême, les yeux vitreux, en criant : "Aidez-moi ! Quelqu'un, s'il vous plaît ! Aidez-moi ! Je suis aveugle ! .." Le sergent Baker sauta et avança dans le champ, rampant sous les yeux de l'ennemi en direction de lui. Il enleva sa cartouchière et l’utilisa comme un garrot sur la jambe du chef de groupe. Il eut ensuite du mal à le ramener vers la lisière, où nous fûmes en mesure d’aider les deux hommes à se replier en sécurité."
De façon remarquable, Baker retourna dans le champ pour ramasser le casque éjecté du chef de groupe, et cette fois, il ne fut pas aussi chanceux. Comme rappelé par ce même témoin, "Un coup de feu retentit. Baker sembla rebondir sur le sol. Une simple balle avait ricoché sur sa jambe, son bras et son visage, mais il continua à ramper avec le casque. Quand il fut en sécurité, il examina calmement ses blessures miraculeusement superficielles, se donna les premiers soins, et se déclara lui-même apte au combat."
De retour au poste de commandement du bataillon, Morris réalisa avec écoeurement que la compagnie A devrait attaquer Keriolet par la méthode apparemment impossible d'une attaque frontale. Il s’agissait d’un choix émouvant, la compagnie A ayant été décimée lors des premières minutes de l'invasion du Jour J alors qu’elle exécutait un assaut direct amphibie sur les défenses allemandes en face de la sortie de Vierville à Omaha Beach. Ces défenses n'étaient guère différentes de celles auxquelles la compagnie faisait face maintenant à Keriolet. Mais pour les membres actuels de l’unité, maintenant sous le commandement du 1er Lt.Wilbur McCormack, Omaha Beach était une histoire tout à fait inconnue, car à peine un homme ayant survécu à ce maelström demeurait encore dans l'unité.
Le Major Jim Morris, 36 ans, était un vétéran qui, en tant qu’étudiant à l'Université du Maryland, avait été enrôlé comme simple soldat dans le 1st Maryland (plus tard 115th Infantry) de la Maryland National Guard en 1926. Il avait débarqué le jour J avec le 115th Infantry, mais avait été retiré du front quelques semaines plus tard car il souffrait de douleurs au pied qui le paralysaient pratiquement. Gerhardt respectait ses capacités de commandement, et quand un Morris rétabli revint à la 29th Division fin juillet, le général le transféra au 116th Infantry en tant qu’officier commandant d'un de ses trois bataillons d'infanterie. Une telle mutation était inhabituelle, car le 116th était une unité de la Virginia National Guard alors que Morris avait passé quinze ans de sa carrière dans la Maryland National Guard. Mais, après les terribles pertes de Normandie, de telles distinctions n’avaient désormais plus de sens, et Morris fut accepté dans la Stonewall Brigade indépendamment de ses origines, simplement parce qu'il était un chef militaire compétent. Il l’avait prouvé quand le 3rd Battalion du 116th sous son commandement captura la ville-clé de Vire lors d’un audacieux assaut en soirée, le 6 août 1944.
Ce que Jim Morris allait ordonner à la compagnie A de réaliser fut l'un des ordres les plus difficiles de sa vie. Il n'y avait qu'une seule façon de parvenir jusqu’aux Allemands à l’intérieur du point fortifié de Keriolet - et il s’agissait pour les membres de la compagnie A de charger le plus rapidement possible tout droit à travers le terrain dégagé bordant le fossé antichar. S'ils pouvaient rejoindre le fossé, ils pourraient se mettre à couvert à l’intérieur et progresser à partir de là. Pour supprimer les défenseurs ennemis, Morris s’efforça de négocier un soutien d'artillerie, et même une attaque aérienne par les chasseurs-bombardiers de la 9th Air Force, quelques instants avant que les hommes McCormack ne s‘élancent, mais comme il l’indiqua plus tard à l'officier de l’US Army chargé de l’historique qui l'interrogeait sur cette affaire : "Cela ressemblait à une attaque suicide." Malgré le fait que la compagnie A fusse réduite à environ 60 hommes de son effectif normal de 200, la réponse laconique du Lieutenant McCormack à l'ordre de Morris - "Je vais essayer" - afficha au moins quelque espoir. McCormack était un officier de remplacement récent et un bleu au combat, et il était difficile d'imaginer une plus rude initiation sur la ligne de front.
Bien que la 29th division ait effectué plusieurs démarches depuis la Normandie pour améliorer ses moyens de communication avec l'US Air Force, le processus d'appel pour un raid aérien contre un point fortifié ennemi opiniâtre comme celui de Keriolet n'était pas toujours aisé. Le colonel Dwyer demanda un appui aérien sur Keriolet vers 15h30, mais les hommes de McCormack durent attendre près de trois heures pour le voir se concrétiser pour des raisons que les fusiliers frustrés ne pouvaient pas comprendre. La compagnie A était située à moins de 500 mètres du point fortifié ennemi, mais pour la 9th Air Force, cette distance était trop proche pour être confortable si les 29ers voulaient éviter des pertes amies. Un officier de liaison expérimenté de l'Air Force au quartier général de la 29th Division téléphona au poste de commandement du 116th Infantry : "Je pense que c'est très proche - mais si vous le voulez, c’est OK. Faites déployer par les hommes des panneaux de couleur lorsque les avions arriveront."

A suivre... Wink
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Message  jeremiah29 Mer 17 Sep 2014, 10:49

Bonjour !

Suite et fin :

Dans le ciel, quatre chasseurs-bombardiers P-47 Thunderbolt tournaient en rond comme des vautours, attendant la bonne mission, mais quand Dwyer découvrit qu'ils étaient armés avec les nouvelles bombes incendiaires l’US Air Force remplies d'essence gélifiée, il fit suspendre la frappe : ces armes, supposait-il à tort, auraient peu d'impact sur les fortifications et les abris en béton de l'ennemi. Toutefois, il affirma sa volonté d'attendre des Thunderbolts armées de munitions conventionnelles, et vers 18h25, son souhait fut exaucé. Quatre P-47 armés de bombes de 500 livres arrivèrent, et quand leurs pilotes repérèrent Keriolet, ils virèrent et plongèrent dans sa direction dans un crissement que les soldats allemands étaient venus à redouter depuis le Jour-J, une manoeuvre qu'ils savaient être suivie par d’importantes ondes de choc de bombes. Du point de vue de l'Air Force, cependant, les résultats furent décevants à Keriolet. Selon l’officier de liaison de la 9th Air Force, "Le pilote (de tête) dit qu'il avait peur qu’il ne puisse faire beaucoup mieux... La plupart des bombes tombèrent hors du périmètre."
Mais les résultats, qui n'avaient pas impressionner les observateurs américains, avaient eu, selon toutes vraisemblances, l'effet inverse sur les Allemands. La preuve de cet état de fait provenait du succès étonnant de McCormack lors du mouvement de la compagnie A dans les champs mortellement dégagés à l'ouest de Keriolet et dans la couverture de protection du fossé antichar, une attaque qui, à première vue, était promise au rang, avec la charge de la brigade légère, des annales de l'inutilité militaire. Les hommes de McCormack se levèrent et avancèrent depuis leurs positions de la ligne de front à 18h30, juste quelques minutes après que les Thunderbolts soient partis, en se précipitant vers ce qui semblait être une mort certaine. Morris indiqua que cela semblait "comme une charge à l'ancienne, les hommes tirant avec leurs fusils de la hanche et de l'épaule à mesure qu'ils avançaient." Étonnamment, ils parvinrent au fossé antichar de l'ennemi - à seulement 25 mètres des défenses allemandes - avec seulement trois pertes : un mort et deux blessés. Cela aurait pu être pire - bien pire - mais selon toutes probabilités, les Allemands avaient été surpris par l'attaque des Thunderbolt et leur attention détournée par la tentative de Morris de flanquer le point fortifié depuis le nord et le sud avec les compagnies B et C. Cependant, la mission était loin d’être terminée car les hommes de McCormack n'avaient pas encore traversé le réseau de barbelés et ne pouvaient donc pas donner l’assaut directement aux casemates de l'ennemi et à ses retranchements.
Arriver à s’approcher davantage face à un ennemi si résolu serait évidemment encore plus difficile que de traverser le terrain dégagé, mais la compagnie A était déjà arrivée tellement loin, et il n’y avait pas de retour en arrière possible. Pour effectuer le travail, l'audace serait nécessaire, et cette qualité fut promptement apportée par le Sergent Daniel Mulligan, qui saisit une paire de pinces coupantes, bondit hors du fossé antichar, se précipita sur une petite bande de terrain découvert, et se laissa tomber à côté des fils. Ses intentions étaient évidentes aux yeux des amis et ennemis, et comme il coupait frénétiquement le fil pour créer une brèche, une rafale de feu ennemie le toucha et lui infligea une blessure mortelle. Ce qu'il avait prévu de faire, cependant, il l’avait accompli - au prix de sa vie. Tant "d'audacieuse détermination, d'agressivité, et de dévouement au devoir désintéressé" rapporteraient finalement au sergent Mulligan la Silver Star à titre posthume.
McCormack eut également la chance que l’actif chef de son 1st Platoon, le Lt.Orman Kimbrough, découvrit une tranchée de communication ennemie sans surveillance menant hors du fossé antichar. Les Allemands payèrent un prix élevé pour cette négligence, car par cette tranchée, Kimbrough parvint à infiltrer une vingtaine d'hommes sous les barbelés et directement dans le réseau principal de défense de l'ennemi. McCormack et le reste de la compagnie A suivirent peu de temps après, empruntant l’itinéraire secret de Kimbrough ou en passant par la brèche ouverte par Mulligan.
Cela paraissait difficilement possible, mais ce petit groupe de 29ers avait pénétré au coeur des défenses allemandes de Keriolet. Pour le tenir, cependant, ils allaient devoir tuer, capturer ou chasser les défenseurs ennemis, dont le nombre était manifestement supérieur au leur et qui ne manifestaient aucune envie de céder ou de s’enfuir. Les Allemands étaient des Fallschirmjägers de la 7./FJR 2 - le même genre de combattants féroces auxquels les 29rs s'étaient heurté à plusieurs reprises à l'extérieur de Saint-Lô et qui ne pouvaient pas être expulsés de leurs positions par quoi que ce soit d’autre qu'un suprême effort.
Selon l'historien de l'US Army qui, plus tard, interrogea les survivants de la bataille de Keriolet de la Compagnie A , "le combat à l'intérieur de la position devint une action personnelle, un mano à mano, livré en grande partie avec les fusils et les grenades à l'intérieur des bâtiments, le long des lignes de tranchées en zig-zag, et dans des abris souterrains. Malgré leur désavantage, les 29ers combattirent férocement, et les hommes de Kimbrough se retrouvèrent bientôt à surveiller quarante-trois prisonniers hébétés.
McCormack, cependant, se trouvait encore dans une situation désespérée. Les Allemands déclenchèrent un barrage d'artillerie meurtrier sur leurs propres positions, alors même qu'ils avaient autant de chances de tuer leurs propres hommes que les Américains. Kimbrough fut blessé - deux fois - et McCormack se luxa le genou si méchamment qu'il fut bientôt obligé de ramper s'il voulait se déplacer. Finalement, comme l'indique un rapport d'action, "ceux des ennemis qui se trouvaient encore sous des couverts vinrent constater qu'ils n’étaient opposés qu’à un très petit nombre... McCormack, regardant autour de lui, ne pouvait compter que douze de ses hommes. Il pensa qu’il était temps de ressortir."
Ressortir, cependant, serait presque aussi difficile que d'y entrer. Les 29ers se battaient par petits groupes, dispersés dans le point fortifié ennemi, et McCormack se trouvait dans l'impossibilité de communiquer avec qui que ce soit, sauf ceux à portée de voix. Il ordonna à son petit groupe d’hommes de repartir par la même tranchée de communication allemande qu'ils avaient utilisé pour pénétrer. En même temps, il pourrait les couvrir depuis l'arrière. L’itinéraire de sortie demeurait ouvert, mais à cause de sa blessure, McCormack se trouvait face à la perspective atroce de ramper sur les mains et les genoux tout le chemin du retour jusqu’aux lignes américaines. Lui et ses hommes le firent, et le Major Morris, indiqua plus tard que la seule raison pour laquelle les 29ers en infériorité numérique l'avaient effectué à Keriolet en premier lieu "fut grâce à l'impétuosité des deux chefs - McCormack et Kimbrough."
Un parachutiste du nom de Rudolf Müller qui participait à la défense de Keriolet résuma la version allemande un peu plus simpliste de la bataille : "La position changea de mains deux ou trois fois. Les Américains, cependant, ne purent pas tenir plus d'une heure dès lors que nos contre-attaques les délogeaient à chaque fois."
En ce qui concerne Kimbrough, lui et sept autres membres de la compagnie A ne purent se replier dans les temps et furent capturés, mais lui et deux camarades s’échappèrent alors que les Allemands les faisaient marcher vers l'arrière. Une famille française compatissante les abrita dans un coin de leur ferme et prit soin d'eux jusqu'à ce que les Américains se soient finalement emparé de Keriolet - presque deux semaines plus tard.
Keriolet caractérisait l'expérience de la 29th Division en Bretagne jusqu'ici, et pronostiquait malheureusement aussi ce que les troupes d'infanterie épuisées de Gerhardt allaient endurer au cours des trois semaines suivantes. Dans l'intervalle, les séquelles épouvantables de la bataille de Keriolet, avec de manifestes restes humains et dégâts environnementaux, laissèrent une empreinte indélébile dans l'esprit des combattants des deux camps, lesquels pouvaient maintenant comprendre les réalités de l'abominable stigmate de la guerre de position que leurs pères avait endurés pendant la dernière guerre. Le Fallschirmjäger Müller se souvenait d'une des plus désagréables de ces réalités : "Une odeur de chair en décomposition se répandait rapidement parce que les journées étaient très chaudes - et nous ne pouvions pas enterrer les morts, le moindre bruit provoquant les tirs des Américains."
Au lieu de la campagne de ratissage que des 29ers optimistes avaient espéré, pour atteindre Brest, la Blue and Gray Division allaient être contrainte de faire face à un terrain aussi éprouvant que la Normandie, une série apparemment interminable de redoutables points fortifiés allemands, et d’abondants combattants ennemis qui étaient parfaitement entraînés à se battre jusqu‘au bout.


Ci-dessous un autre petit extrait pour clore cet "épisode" :

(p.157)
Le seul succès du colonel Purnell au cours de cette période d’essai était arrivé dans un secteur imprévu. Sur le flanc gauche du régiment, pas grand-chose concernant de significatifs gains de terrain n’était attendu de l'unité couvrant ce secteur, le 3rd Battalion du Lt.Col.William Blandford, lequel s'étendait sur un front de plus de deux miles. Pour un groupe épuisé déplorant une grave pénurie de fusiliers chevronnés, un tel front excluait pratiquement des opérations offensives. Mais le bataillon de Blandford avait rattaché à la droite du 115th Infantry de Smith, et quand ce régiment acheva ses victoires notables à Penfeld et Kerrognant le 8 septembre, les Allemands sur le front de Blandford se retirèrent brusquement vers l'arrière pour éviter un encerclement par le 115th. Grâce à la pratique courante des "patrouilles agressives" de la Blue and Gray Division, le bataillon de Blandford détecta immédiatement le repli de l’ennemi.

Dans la soirée du 8 septembre, les hommes de Blandford se félicitaient collectivement de leur chance incroyable au point fortifié ennemi connu de Keriolet. Les Allemands avaient réussi à déjouer toutes les manœuvres de la 29th Division pour s’emparer de Keriolet depuis plus de deux semaines, et les souvenirs cauchemardesques de l’attaque frontale du 27 août contre ce point fortifié par le 116th Infantry étaient encore frais. Pour les membres de la compagnie L du 175th, aucun paradoxe de la guerre ne pouvait être plus évident que leur entrée prudente dans ce lugubre paysage de cratères de bombes, de cadavres, et d’arbres sans vie, tard le 8 septembre. Il n'y avait pas longtemps, il semblait qu'une division blindée entière était nécessaire pour prendre d'assaut cette position, mais en réalité, elle fut prise par une poignée de fusiliers de Blandford, et l'ennemi ne fit pas même une apparition.

Un problème immédiat, cependant, était la tactique standard sournoise de l'ennemi de laisser derrière lui des centaines de mines et de pièges dissimulés. En vérité, à ce stade de la campagne, les 29ers employaient la ruse de l'armée allemande, et Blandford appela immédiatement les experts de la compagnie C, 121st Engineer Battalion, dirigée par le 1st Lt. Herbert Williams, pour nettoyer et sécuriser ces secteurs encore dangereux.
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Message  WARFUT Jeu 18 Sep 2014, 13:02

Salut,
merci pour la traduction. Site dans lequel j'ai beaucoup joué quand j'était enfant puis fouillé, en tant qu'ado avec beaucoup de trouvaille pour les démineurs...
Y'a t'il un projet, au niveau de la mairie, de mise en valeur du site ?
A+

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Message  Eric29 Lun 22 Sep 2014, 15:28

Salut, notre asso Gerfaut29, a organisé , lors des journées du patrimoine ,une expo sur le site , au pied du PDT.
Sinon, le terrain est toujours terrain militaire, et la marine ne veut pas le céder, à cause des forages en contre-bas.
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